Selon certains spécialistes de l’éducation qui refusent de se prononcer officiellement, l’on ne serait plus loin d’une année blanche dans le secteur de l’enseignement au Bénin. Mais au fur et à mesure que les jours s’égrènent, les mouvements de débrayage déclenchés dans les différents ordres ne faiblissent point. Dans le rang des enseignants, on sent qu’ils sont gonflés à bloc et plus que jamais déterminés. Au niveau des élèves, ce n’est pas la passivité non plus. Bref, depuis lundi 5 mars 2018, la grève a pris une autre tournure. Et, du côté du gouvernement, il semble qu’on continue de mener les réflexions pour prendre le dessus.
Avec les derniers développements de l’actualité nationale au sujet des mouvements de débrayage, le gouvernement de Patrice Talon n’a visiblement pas encore dit son dernier mot dans la recherche de stratégies pour diviser les enseignants grévistes. Dans le laboratoire de l’Exécutif, les réflexions se poursuivent même si les effets escomptés ne sont pas encore obtenus. En effet, de la déclaration du ministre du Plan et Développement qui recevait les manifestants hier mardi, après une longue et gigantesque marche dans les rues de Cotonou, on sent que le gouvernement a intérêt que la grève perdure pour qu’au finish, on livre les enseignants à l’opinion publique nationale et internationale. En invitant les enseignants à aller chercher leurs salaires du mois de février positionnés dans les banques par le Trésor public seulement lundi, tout porte à croire que le gouvernement veut dire que c’est le non-paiement desdits salaires jusqu’à la date du 5 mars dernier, qui constituait le principal point des revendications et qu’une fois ce volet réglé, les enseignants pourront retrouver le chemin des classes. Mais la réaction de ceux-ci ne s’est pas fait attendre. « Remettez-nous notre statut particulier et vous pouvez même garder les salaires », a scandé en réplique, la foule de manifestants. Est-ce exprès que la décision de l’illégalité de la grève a été prononcée par le gouvernement pour en arriver à la défalcation et la confiscation des salaires? C’est une préoccupation qui mérite d’être posée eu égard aux faits.
Les négociations prochaines s’annoncent encore houleuses
Il se susurre que demain jeudi 8 mars, gouvernement et organisations syndicales vont se retrouver à nouveau pour des négociations dans le cadre du dialogue social. Et puisque la fois dernière le point d’achoppement c’était la défalcation des salaires pour les uns et la confiscation pour d’autres, le gouvernement a bien voulu libérer les salaires défalqués, entre temps confisqués, des enseignants avant cette rencontre qu’on peut qualifier de tous les dangers. Il est une évidence que le gouvernement voudra jouer sur cette fibre en servant aux syndicalistes et à l’opinion qu’il est de foi en libérant à tous les travailleurs grévistes les salaires mêmes s’il y a eu des défalcations pour faits de grève. Ce que les partenaires sociaux ne voudront pas entendre de leurs oreilles puisque d’abord, la rétrocession des sous défalqués reste une exigence pour ne pas dire la question préjudicielle à résoudre avant le plat de résistance que constituent les négociations relatives aux statuts particuliers et autres. Les secrétaires généraux des centrales et confédérations syndicales vont-ils à nouveau claquer la porte ? Le gouvernement va-t-il leur demander de reprendre les classes pour espérer la rétrocession sur leurs salaires du mois de mars ? Vont-ils accepter cette proposition quand ils affirment déjà que le plus important n’est pas le salaire ? Demain jeudi n’est pas loin. Mais il faut souligner qu’avant cette astuce de positionnement des salaires qui n’est pas encore une réalité chez beaucoup d’enseignants contactés dans la soirée d’hier, l’Exécutif à travers le Garde des Sceaux et ses collègues en charge des sous-secteurs Enseignements primaire et secondaire avaient agité la menace de radiation en prenant des notes de services allant dans ce sens. Malheureusement ces mesures n’ont fait qu’envenimer la situation puisque les enseignants n’ont pas démordu. Peut-être que les jours à venir, ces différents plans du gouvernement de Patrice Talon produiront leurs effets, qui sait ?
Worou BORO