La rencontre gouvernement-Centrales syndicales n’a pu se tenir hier. Une correspondance de la ministre de la fonction publique vient reporter la séance à une date ultérieure. Alors que les signaux sont au rouge et que de plus en plus, la probabilité d’une année blanche ou invalidée n’est pas à écarter, le gouvernement de la Rupture n’est pas du tout pressé de trouver des solutions pour une sortie de crise. Qu’est-ce qui urgeait plus que de renouer le dialogue avec les grévistes quand on sait que le pays depuis des mois est paralysé des grèves perlées 5jours sur 5?
L’école béninoise a fermé ses portes depuis de longues semaines alors que les examens de fin d’année scolaire pointent déjà à l’horizon. Les formations sanitaires sont paralysées et le calvaire des patients est loin de connaitre une fin. Les universités sont toujours secouées par des mouvements de grève des enseignants ainsi que des étudiants. Le secteur de la justice n’est pas épargné. Et chose curieuse, même les défalcations opérées sur les salaires pour fait de grève et les menaces de radiation brandies par le gouvernement n’ont pu faire fléchir les travailleurs. Plus que jamais révoltés, ils semblent être prêts à tout pour obtenir la satisfaction de leurs revendications. Et déjà le spectre de l’année blanche plane sur le secteur éducatif. Mais il est quasiment incompréhension qu’avec de telles tensions sociales, le gouvernement de la Rupture se trouve d’excuses pour reporter les négociations censées permettre d’ouvrir la voie à une sortie de crise. Ce qui parait le plus inadmissible est qu’aucune date n’a été notifiée aux secrétaires généraux des centrales et confédérations syndicales pour la reprise effective des négociations. En effet, c’est par lettre n°0211/MTFP/DGT/SP-C en date du 08 mars 2018 que la ministre du travail, de la fonction publique, Adidjatou Mathys a informé les secrétaires généraux des centrales syndicales du report de ladite assise. « j’ai le regret de vous informer que la séance de travail prévue à l’Infosec pour le jeudi, 08 mars 2018 dans le cadre de la poursuite des travaux de la Commission nationale permanente de concertation et de négociations collectives Gouvernement/Centrales et confédérations syndicales est reportée à une date ultérieure » lit-on dans cette correspondance adressée aux secrétaires généraux de la Cstb, Csa-Bénin, Cosi-Bénin, Cgtb, Csub, Cspib, Unstb. Le gouvernement de la Rupture sait-il que depuis des semaines voire des mois, les apprenants béninois errent dans les ruelles ? Sait-il que des patients sont laissés pour compte dans les hôpitaux ? Sait-il que les mouvements de débrayages se radicalisent davantage. Autant de questions qui taraudent les esprits des citoyens béninois face à ce report des négociations à une date ultérieure.
Les défalcations ne bloquent plus…
Les défalcations ne sont pas à l’origine du report de la séance de négociation prévue ce jeudi à l’Infosec à Cotonou entre les secrétaires généraux des confédérations syndicales et le gouvernement. A en croire le secrétaire général de la Cosi-Bénin, Noël Chadaré, les responsables syndicaux étaient prêts à prendre part aux échanges quand il leur a été notifié, le report de la séance. « Aucune raison n’a été évoquée. On nous a dit tout simplement que la rencontre est reportée à une date ultérieure pour des raisons indépendantes de leur volonté » a déclaré le responsable syndical. Quand bien même,les responsables syndicaux avaient claqué la porte jeudi, 22 février 2018 lors des dernières négociations pour exiger le paiement de l’intégralité des salaires aux travailleurs avant toute reprise de dialogue, il faut dire que le gouvernement a fini se plier à cette exigence des partenaires sociaux. Car, dans un communiqué radio N°325/MEF/DC/SGM/DGTCP/SP en date du 05 mars 2018, le ministre des finances a porté à la connaissance des enseignants de la maternelle, du primaire, du secondaire ainsi que de l’enseignement technique et de la formation professionnelle que les salaires de février 2018 seront payés pour compter du lundi, 05 mars 2018. Quand bien même, certains enseignants estiment ne pas toujours rentrer en possession de leurs salaires, il faut souligner que cela pourrait être dû à quelques dysfonctionnements. Cela ne saurait non plus empêcher la tenue des négociations en vue d’une sortie de crise. ” S’il ne tenait qu’à la Cstb, on devait après l’ouverture de la séance, clôturer la séance. Non seulement vous avez violé la loi en défalquant mais les revendications n’ont pas trouvé solution” avait déclaré KassaMampo, secrétaire général de la Confédération syndicale des travailleurs du Bénin (Cstb) pour inciter ses camarades à boycotter les négociations. Ce qui fut fait d’ailleurs. « Vous avez procédé à des défalcations sur salaires pour fait de grève en violation de l’article 25 de la loi loi n°2001-09 du 21 juin 2002 portant exercice du droit de grève en République du Bénin. Vous n’êtes pas en train d’œuvrer pour que nous parvenions à une situation apaisée. Nous ne pouvons pas comprendre que vous qui souhaitez la paix que vous posez des actes de guerre» avait aussi, le secrétaire général de la Cosi-Bénin, Noël Chadaré. Et à Anselme Amoussou d’être plus menaçant « si vous ne voulez pas en rajouter à la tension sociale actuelle, il faut corriger cette erreur dans les meilleurs délais.» Face à la colère qui monte dans le rang des travailleurs, il y a urgence pour le gouvernement d’agir…
Aziz BADAROU