Le préfet du Littoral, Modeste Toboula, a une fois encore provoqué les manifestants en érigeant une « ligne rouge » sur leur itinéraire.Il voulait visiblement semer le chaos imputable à l’opposition à Cotonou. Mais les organisateurs ont fait preuve de retenue et n’ont pas voulu répondre à sa provocation. Ils ont su canaliser les manifestants vers la Bourse du travail pour un meeting, après quelques km de marche pacifique.Dans le cortège à Cotonou, le leader du Plp a promis de « fairereculer » le président de la République, car « ce pays ne veut pas de sa gouvernance affameuse, népotiste, ruineuse, affairiste, mafieuse, autocratique, antisociale et antidémocratique». Cette nouvelle mobilisation de l’opposition béninoise, après celles de décembre et de janvier, "n'est pas un baroud d'honneur", a assuré Léonce Houngbadji à l’Afp. "Ça va continuer", a-t-il promis.«C’est une première qui s’annonce réussie», se félicitait en début d’après-midi le porte-parole du Fsp, Jean-Kokou Zounon, à un média sud-africain.
Message central du FSP aux manifestants et au peuple
Le peuple doit se lever pour arrêter le désastre !
Peuple du Bénin,
Notre pays traverse une crise du fait de la politique de Talon qui nous conduit au désastre. La faim s’étend et s’aggrave dans les foyers. Le chômage s’étend. La mévente s’aggrave dans les marchés. Les entreprises sont en proie à des difficultés accrues, et des licenciements économiques hantent le quotidien des salariés. L’Ecole en ruine est bloquée.
Le pays est gouverné dans une opacité jamais vue, au profit du clan autour du Chef de l’Etat. Ce dernier n’a de souci que de faire prendre des lois scélérates pour une gouvernance de dictature autocratique.
C’est contre tout cela que de partout, les travailleurs, les femmes, la jeunesse studieuse se rebellent. C’est contre ce désastre imminent que tout le peuple crie, dénonce et maudit le gouvernement mafieux et son Chef, Patrice Talon. Mais le pire, c’est que ce Chef estime que tout va bien. Il l’a dit déjà dans son message à la Nation la veille du nouvel an 2018. Il vient de le redire, de l’extérieur, devant un Chef d’Etat étranger, le 05 mars 2018 : « Je vous ai dit qu’il y a quelques tensions, mais c’est bien le signe que ça va bien ».
Autrement dit, "plus les gens de son pays souffrent, crient et protestent, mieux ça va pour lui". Voilà la réponse du Président du Bénin face aux protestations populaires contre la faim qui tenaille les familles, contre la ruine accélérée de l’Ecole et du système de santé, contre les privatisations sauvages au profit de l’empire économique et financier de l’homme d’affaires Patrice Talon, contre le pillage de l’économie, contre les violations répétées des libertés publiques, des droits de grève et de manifestations pacifiques consacrés par la Constitution et enfin le mépris des décisions de la Cour Constitutionnelle et le piétinement répété de la Constitution elle-même.
Pour le Président du Bénin, « c’est le signe que ça va bien » lorsque l’Etat employeur confisque, pendant 15 jours, soit la moitié du mois, les salaires de ses employés, le salaire de l’instituteur ou de l’agent de santé sans égard à la vie, à la santé des femmes et des enfants et aux morts innocentes et anonymes que cela va entraîner, sans parler des propriétaires, des vendeuses qui vivent de loyers et du pouvoir d’achat de ces fonctionnaires, ni du système bancaire déjà mis à mal par le non payement des créances de l’Etat.
Si ce crime de masse est « le signe que ça va bien », alors notre peuple a le droit et le devoir de se défendre contre la déchéance et la mort auxquelles on le destine, contre la soumission et le silence de cimetière qu’on veut lui imposer.
Travailleurs, jeunes, peuple du Bénin,
Doit-on continuer de subir la politique de famine d’un gouvernement qui demande des sacrifices pendant que les dirigeants se servent grassement, alors que le Chef de l’Etat, dès le premier conseil des ministres après son arrivée au pouvoir, s’est payé les dettes litigieuses avec l’Etat ?
Doit-on laisser celui qui a fait l’aveu par deux fois, ici et à l’extérieur du pays, qu’il a participé activement au pillage et à la ruine du pays, continuer dans la même voie avec la volonté affichée d’écraser et de soumettre le peuple ?
Doit-on continuer de croire au mirage des projets-phares, alors que tout le monde voit qu’il s’agit de propagande et que leur réalisation éventuelle, dans l’opacité totale comme dans l’affaire OFMAS, servira encore et toujours de vecteur au siphonage et au pillage des ressources publiques avec des dettes colossales multipliées pour les générations présentes et futures dont l’avenir est ainsi davantage hypothéqué ?
Doit-on continuer de vivre le cauchemar des violations répétées et arrogantes des libertés publiques, des envois de la police et de la troupe contre les manifestations pacifiques des femmes, des scolaires et étudiants, des citoyens ? Le gouvernement actuel, par les violations répétées des libertés consacrées par la Constitution, par le refus d’exécution des décisions de la Cour Constitutionnelle, viole la Constitution elle-même et est dans l’illégalité. Face à cela, le peuple, comme le lui reconnaît la Constitution en son article 19, alinéa 2, est également délié du devoir d’obéissance envers un tel pouvoir et en droit d’observer la désobéissance civile.
Face à la faim, face à la ruine accélérée du pays, face à la dictature, face au parjure répété, le FSP appelle le peuple dans toutes ses composantes à se lever pour arrêter le désastre auquel nous conduit le pouvoir de la ruse et de la rage.
Cotonou, le 09 mars 2018
Pour le Comité de Suivi du FSP,
Le Porte-parole
Jean Kokou ZOUNON
Communiqué de presse du FSP
Ce jour 9 mars 2018, s’est déroulée sur toute l’étendue du territoire national, une grande journée de colère contre le pouvoir mafieux et affameur de Patrice Talon. Il a été donné à tout observateur de constater qu’il s’est agi d’une journée intense et instructive de la réalité sociale et politique au Bénin.
1- Une grande mobilisation de colère dans tout le pays contre le pouvoir de Talon Tôt ce matin, les travailleurs, la jeunesse, les femmes ont pris d’assaut les rues dans toutes les principales villes du Bénin. A Porto-Novo plus de 12.000 manifestants ont sillonné les principales artères de la Capitale, avec des arrêts devant le siège de l’Assemblée nationale pour déboucher sur la place DèToffa en criant tout au long leur rejet de la politique de Talon et de Houngbédji. A la cité historique d’Abomey, près de 10.000 personnes, comme inspirées par le héros national Béhanzin, sont allées dire au préfet du ZOU, le représentant de Talon que trop c’est trop ! A Comè, c’est plus de 5000 travailleurs, femmes et jeunes qui sont sortis et ont convergé sur la mairie pour crier leur colère. A Parakou plus de 7.000 manifestants étaient dans la rue. A Cotonou, plus de 30.000 personnes avaient envahi la place de l’Etoile rouge très tôt le matin
« Talon dégage » ! C’est désormais le cri de ralliement de tous ces manifestants pacifiques à travers tout le pays.
2- Les provocations et troubles à l’ordre public du préfet Toboula à Cotonou Alors que ces manifestations pacifiques se sont déroulées sans incident partout dans le pays, à Cotonou par contre, une fois encore le préfet Toboula s’est illustré par ses provocations et violations des droits de l’homme. Partis de la place de l’Etoile rouge, les milliers de personnes se sont ébranlés en direction de la Bourse du travail en passant par la Marina, la station Lègba, le carrefour St-Michel, et le hall des arts. Arrivé au niveau de la Marina, le cortège a été bloqué par le préfet TOBOULA qui, coiffé d’un casque de combat comme les CRS, a donné l’ordre aux policiers de charger les manifestants en tirant dans la foule. Le préfet, repris de justice, aura encore une fois provoqué des troubles à l’ordre public, des troubles à la paix et la sérénité dans la ville. Résultat, un policier blessé par sa propre arme et de nombreux blessés parmi les manifestants. En réaction à cette provocation, les manifestants ont résisté de mille manières aux provocations du préfet escroc installé à Cotonou.
Repliés en un meeting à la Bourse du Travail, les manifestants ont eu aussi à écouter et ont applaudi le message central du FSP appelant tout le peuple à se lever pour mettre fin au désastre dans lequel Talon conduit le pays.
En conclusion
Le FSP dit bravo à tous les manifestants sur toute l’étendue du territoire national qui ont participé à cette première journée nationale de protestation. Il dit bravo aux jeunes qui à Cotonou avec courage ont riposté à leurs manières aux provocations barbares du chien de garde de Talon.
Encore une fois, le pouvoir de Talon failli et complètement isolé du peuple dont il a peur de la moindre manifestation pouvant s’approcher de son repaire, s’adonne à la barbarie contre des manifestants pacifiques. Il pense, par la barbarie, semer et imposer la terreur au sein de la population. Mais cela ne passera pas. Il se trompe et la riposte courageuse des manifestants ce jour indiquent déjà que jamais notre peuple et le FSP n’accepteront de courber l’échine devant la brutalité d’un pouvoir affameur et pilleur.
Cotonou, le 09 mars 2018
Le Porte-parole
Jean Kokou ZOUNON