De Paris, il est de retour. 200 millions d’Euros en poche pour relever le défi du développement de son pays, Patrice Talon peut pousser un ouf de soulagement. Macron n’a pas été avare et les fruits ont tenu la promesse des fleurs. Mais, au-delà de la finalisation de certains accords et projets, le chantre du Nouveau départ a surtout gagné la confiance et l’appui de la partie française. Soutien pour les réformes et caution à une gouvernance irréprochable.
Sinon, par ces temps de récession économique, aller au secours d’un pays partenaire, ce n’est pas de gaieté de cœur. Pour le Bénin, la France, en dépit de ses nombreuses difficultés, tant sur le plan économique que social, l’a fait. Seulement, n’oublions pas que si le contribuable français excellait dans les mouvements de débrayages, il ne pourrait jamais dégager 200 millions d’Euros pour nous venir en aide. Et s’il en est capable aujourd’hui, c’est forcément parce que sur des générations, il a travaillé et s’est sacrifié.
D’une visite de son président en France, voilà la grande leçon qu’il me plait que le contribuable béninois tire. Au lieu de nous contenter d’être l’éternel assisté, travaillons. Et s’il le faut, sacrifions-nous pour que demain, le développement de la patrie soit au rendez-vous. La France, l’Allemagne, la Chine, le Japon sont partis de quelque part. Aujourd’hui, ils font la fierté du monde.
Pourtant, des réformes et des sacrifices pour être tout en haut de la liste des pays développés, leurs travailleurs en subissent encore et s’en plaignent à peine. Ici au Bénin, il est carrément interdit à un président d’avoir une telle ambition. La preuve, avec le dictat des centrales et confédérations syndicales, ce serait même un miracle qu’il en reste assez dans les caisses de l’Etat, pour construire de nouvelles écoles.
Bref, champions de la fronde sociale, toutes catégories confondues, que nous sommes, dans cinquante ans, ce ne serait pas une surprise qu’on en soit encore à tendre la main à la France. Evidemment, contrairement à ici au Bénin, chez Macron, c’est la France d’abord. Et cela signifie, tant sur le plan politique que syndical, pragmatisme et objectivité.
Alors, si ce n’est pas trop demandé à notre classe politique et à nos syndicalistes, c’est à cette école qu’ils doivent aller. D’ailleurs, le Bénin nous appartient à tous. Mais, quand de pauvres misérables, juste parce qu’ils ne sont pas aux affaires ou que leurs intérêts égoïstes ne sont pas satisfaits, se réjouissent du malheur qui frappe le pays, je m’interroge.
A ce rythme, j’ai bien peur que l’idéal commun ne soit pas l’émergence du Bénin. Mais plutôt, une dégueulasse obsession. Elle s’entend par : ‘‘échoue et pousse-toi pour que je m’y mette’’. Si les acteurs sociopolitiques des pays développés et notamment de la France avaient toujours eu de tels comportements, ils seraient, sans doute, aujourd’hui comme le Bénin, au bas de l’échelle des pays pauvres. Raison de plus, pour qu’au miroir du colon français, nous nous mirions. Et qu’enfin, nous prenions conscience de notre laideur. Rêvons d’être à l’image de la France. Mais sachons qu’avec des logiques nuisibles au développement, demain n’est pas la veille de nos cauchemars !
Angelo DOSSOUMOU