L’Union fait la nation (Un) affûte ses armes. En dépit de son état moribond, cette alliance politique aspire à la vie. Depuis plusieurs années, elle essaie, vaille que vaille, de tenir la route. Après avoir atteint son apogée lors de la présidentielle et des législatives de 2011, l’Un a montré des signes d’essoufflement qui l’ont poussée au déclin. Optimistes à tout vent, ses dirigeants refusent obstinément de voir s’arrêter la belle aventure qui a timidement pris corps courant 2009. Bruno Amoussou, Antoine Kolawolé Idji, Lazare Sèhouéto et compagnies, jettent toutes leurs forces dans la bataille pour redonner des couleurs à ce bloc politique. Samedi dernier au stade de l’amitié, l’Union fait la nation a tenu son Conseil national. Comme on pouvait s’y attendre, la question de la réforme du système partisan a été le plat de résistance des travaux.
Tout comme les Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe), l’Union fait la nation nourrit l’ambition de se muer en un parti politique. Ce Conseil national est un pas décisif dans l’aboutissement de ce rêve qui a tenu les Béninois en haleine à une certaine époque. Dans un passé récent, l’Un a brillé de tous ses éclats à telle enseigne qu’elle était sur le point de conquérir le pouvoir d’Etat. En 2011, l’Un était en passe d’accomplir l’exploit. Elle a dû se résoudre à accepter la défaite de son candidat unique à la présidentielle. Sitôt après, la Renaissance du Bénin et le Parti du renouveau démocratique ont claqué la porte. Le retrait de ces deux grands partis de ce regroupement fut un choc pour ceux qui croyaient à cette aventure. Comme si le sort s’acharnait sur elle, l’Un est descendue de son piédestal avant de rentrer dans une phase de léthargie. Maintenant, elle se positionne pour écrire à nouveau d’autres belles pages de son histoire.
Soutien inconditionnel des actions du chef de l’Etat, ce bloc croit résolument en la réforme du système partisan et milite pour la création de grands regroupements politiques. A cet effet, les grandes manœuvres sont d’ores et déjà entamées. Après s’être laissée distancer par les Fcbe qui n’ont pas tergiversé avant de se muer en un parti politique, l’Un veut rattraper son retard en taclant ce creuset qui a fait sa déclaration d’appartenance à l’opposition. Antoine Kolawolé Idji ne s’est d’ailleurs pas gêné pour affirmer à qui voulait l’entendre que l’Un est le seul rassemblement politique qui réunit « autant de gens de toutes les régions » du pays. Il est clair que chacun prêche pour sa paroisse. Mais à l’épreuve des faits, les Béninois ont eu le temps de se faire leur opinion sur cette question. Le plus dur à présent pour l’Un, au-delà de sa mutation en un parti politique, ce sera ses scores électoraux et sa capacité à rester véritablement une union.
Transformer une alliance en un parti politique, c’est bien. Mais réussir l’exploit de taire les divergences et de parler d’une même voix, c’est encore mieux. Le mérite est encore plus grand lorsqu’à travers les urnes, les électeurs suivent le mouvement, non pas sur une portion du territoire, mais un peu partout dans le pays. Antoine Kolawolé Idji a semblé dire que l’Un a déjà réussi le pari de faire adhérer les Béninois du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest à ses idéaux. Pourvu que dans quelques mois, à l’occasion des législatives de 2019 et des municipales, communales et locales de 2020, cette assertion soit prouvée. Ce serait la plus belle manière pour l’Union fait la nation d’effectuer son come-back politique après la traversée du désert. Mais, si déjà ce parti tant attendu voit réellement le jour d’ici quelques semaines, Bruno Amoussou et sa troupe auraient démontré aux Béninois qu’ils ne sont pas des vendeurs d’illusions.
Moïse DOSSOUMOU