Ils jouent avec nos nerfs. Un jeu machiavélique qui fait irrémédiablement vaciller un développement déjà squelettique. Autour du grand malade Bénin, les partenaires sociaux bandent leurs muscles et défient le gouvernement. Plus d’un mois qu’à une nauséabonde bataille, des innocents et des cœurs sensibles au règne de la pauvreté assistent. Et pendant que le bras de fer s’intensifie, la croissance et la productivité gémissent et coulent toutes les larmes de leurs corps. A la limite, face à ce triste tableau, il y a le jusqu’au-boutisme d’un protagoniste qui frise tout simplement de l’égoïsme.
En vérité, en ce jour anniversaire du décès de Monseigneur Isidore de Souza, le peuple n’a qu’une seule attente : un dialogue franc et les prémices d’un dénouement imminent de la crise sociale. Après plusieurs occasions manquées, l’heure de la vérité a sonné. En tout cas, première bonne nouvelle, à part la Cstb, les syndicalistes ne feraient plus de la rétrocession des défalcations, la condition sine qua non avant la reprise des négociations.
Mais mordicus, du gouvernement, tous et en même temps, exigent des engagements. Et surtout, de l’ultime rencontre qui s’ouvre ce jour, ils n’entendent point sortir bredouille. Sauf qu’à l’impossible nul n’est tenu. Grand dilemme donc pour l’Exécutif, ne pas faire des promesses pour du beurre ou carrément improductives, dans l’optique de l’atteinte des Objectifs de développement durable du Bénin.
Devant un tel casse-tête et l’urgence de trouver une issue à la crise, toutes les parties doivent prendre leurs responsabilités. Dans l’intérêt supérieur de la Nation et pour l’histoire, chacune d’elles doit jouer la carte de la franchise. Elle peut être amère. Mais, c’est certain, elle ne crèvera jamais les yeux. De toute façon, ce n’est pas la peine de rappeler à nos protagonistes que l’heure est grave. Plus d’un mois de grève pour un pays qui manque de tout, l’autre dira : ‘‘Ayez pitié !’’.
Vraiment, ayons pitié de ce pays et des victimes expiatoires d’un bras de fer qui n’a fait que trop durer. Revendications, défalcations, gestion prévisionnelle, restauration de l’autorité de l’Etat…Peu importe qui a tort et qui a raison. Le plus important, c’est le Bénin et particulièrement l’unité des cœurs pour que nos enfants ne vivent pas les mêmes peines que nous.
Jadis, nos parents ont gratuitement étudié. Eu de boulot sans même se gêner. Mais aujourd’hui, c’est une chance d’être engagé par l’Etat. C’est dire qu’entre-temps, les données ont changé et que contre une démographie galopante, la bonne thérapie se fait toujours désirer. Excusez cette digression. Mais, travailleurs, souvenez-vous qu’au-delà de la justesse de vos revendications, il y a un seuil à ne pas franchir : celui de mettre en péril la démocratie et l’intérêt général.
En plus, quand le pays est à terre et que tout est à reconstruire, qu’ils ne s’étonnent pas du réalisme du partenaire d’en face. Aussi, il se trouve que s’opposer à la majorité est une erreur. Alors, soit nos protagonistes, à l’issue de la rencontre de ce jour, et dans l’intérêt de tous, acceptent faire de réelles concessions ou, personne ne le souhaite, attendons-nous à un éternel recommencement. Et là, ce serait vraiment dommage !
Angelo DOSSOUMOU