La ville de Cotonou produit plus d’un million de tonnes de déchets par jour. Sa gestion nécessite toute une logistique et beaucoup de moyens financiers. Lambert Ayitchéhou, directeur des services techniques de la mairie de Cotonou, explique dans cette interview, les dispositions prises par la ville pour gérer les déchets produits au niveau des marchés secondaires et la partition qui doit être celle de tout habitant de la cité dans l’œuvre de salubrité publique.
La Nation : Comment se fait la gestion des déchets au niveau des marchés secondaires de Cotonou ?
Lambert Ayitchéhou : Au niveau des marchés secondaires, la gestion des déchets suit normalement le même itinéraire que la gestion des déchets au niveau des ménages. C’est dire qu’on considère le marché comme un grand ménage avec un responsable qui s’abonne à l’Ong de pré collecte ou à la Pme qui s’occupe de la zone.
Le responsable du marché à son tour collecte les cotisations au niveau des usagers pour s’abonner auprès d’une Ong. Un endroit devrait être identifié pour que tous les usagers y déposent leurs ordures. L’Ong ou la Pme chargée de collecter les ordures au niveau du marché vient chercher les déchets à ce niveau. C’est le principe établi.
Malheureusement, on se rend compte que beaucoup de responsables de marchés ne souscrivent pas l’abonnement ou même s’ils souscrivent, ils ne sont pas réguliers dans les paiements. Cela fait que l’Ong ou la Pme ne vient plus collecter les ordures régulièrement. Ça crée une défaillance ou une situation de sauve qui peut ; ce qui conduit les femmes ou les usagers à négocier directement pour gérer les ordures à leur manière. Cela amène les gens à jeter les ordures à des endroits interdits.
Que faites-vous pour pallier ces ratés ?
Nous avons mis des bacs à ordures à certains endroits stratégiques. Cumulativement, nous avons mis la police municipale à contribution pour surveiller les femmes et les obliger à y déposer les déchets. Nous disposons d’un prestataire qui se charge chaque fois de venir vider le bac et qui va les déposer au lieu d’enfouissement sanitaire, à la décharge finale de Ouessè.
Quelle est la quantité de déchets produite à Cotonou ?
Les études ont montré que chaque habitant produit un peu plus du demi-kilo d’ordures par jour. Sur cette base, tenant compte de ceux qui séjournent à Cotonou, cela fait 1,2 million de tonnes. Ce qui fait au total donc entre 800 000 et 1 million de tonnes de déchets/jour. Mais les capacités financières et le dispositif mis en branle ne permettent que de ramasser 200 000 tonnes par jour. Il y a une déperdition de 600 à 800 000 tonnes qui vont dans les bas-fonds, les berges lagunaires ou dans la nature. Tout cela sera absorbé par le plan intégré de gestion des déchets que prévoit le Programme d’action du gouvernement (Pag) qui reprendra toute l’activité en y intégrant les filières manquantes à savoir le tri et la valorisation.
Les déchets non enlevés constituent une source de nuisances sanitaires. Quel appel avez-vous à lancer à l’endroit des populations et des Ong ?
Mon appel va d’abord en direction des populations. On ne peut pas concevoir qu’on soit dans une ville et qu’on produise les déchets sans savoir où ils vont. Le principe du pollueur payeur est toujours en vigueur. Celui qui produit un déchet doit payer pour son évacuation. Tous les ménages doivent tout faire pour s’abonner aux Pme/Ong de pré-collecte.
Ces dernières doivent savoir que nous sommes en partenariat avec elles. Sur cette base, quand elles sont défaillantes, on va leur appliquer la sanction. De telle sorte que si quelqu’un n’exécute pas bien son contrat, on va lui retirer l’agrément. Il vaut mieux que les déchets soient sur les lieux prévus que de les laisser voler et causer des nuisances ou des problèmes de santé.
Qu’en est-il du tri des déchets ?
Les Ong/Pme ne font pas le tri de façon formelle pour le moment. Le système de tri/valorisation n’est pas encore fonctionnel. Il est en cours d’organisation avec le centre de transfert récemment construit à Gbégamey, inauguré et mis à notre disposition pour exploitation. Sinon ce sont les expériences individuelles de tri de Dcam Bethesda et d’autres Ong privées dans les 5e, 8e et 12e arrondissements qui ont cours.
Comment se fait le suivi des activités ?
Nous suivons au quotidien sauf que parfois, il y a des aspects qui nous échappent. Certaines Ong n’exécutent pas leur mission dans les règles de l’art. Sinon, tel que c’est fait, il existe des points de regroupement qui reçoivent ce qui est collecté au niveau des marchés et des ménages. Donc, nous suivons au niveau de la pré-collecte et des lieux de regroupement. Et il nous arrive également de suivre le prestataire qui doit enlever les déchets du point de regroupement pour les déposer à Ouessè. Dans tout le système, nous avons des contrôleurs qui suivent.
Quels liens existe-t-il entre les Ong/Pme de pré-collecte et la direction des services techniques ?
Cela va de soi. Pour que vous exerciez l’activité de pré-collecte en tant qu’Ong ou Pme, c’est la mairie qui vous autorise. C’est la Direction des Services techniques (Dst), le bras armé de la mairie qui se charge d’étudier les dossiers à retenir par rapport au cahier des charges, est la structure habilitée à faire le travail. Sur cette base, la Dst propose à l’autorité celle qui doit recevoir l’agrément. Ensuite, il y a des séances de travail de façon périodique ou si le besoin se fait sentir. Par exemple, nous venons d’avoir une séance de travail avec mes collaborateurs et il a été convenu de convoquer Cogeda pour finaliser la nouvelle convention avec ce prestataire et voir les points d’ombre pour nous entendre. C’est une collaboration permanente avec nos partenaires en somme.
Existe-t-il un plan d’action de gestion des déchets ?
Nous pouvons retenir, sur la base de tout ce que je viens de vous expliquer, que c’est un plan d’action qui est ainsi mis en œuvre. La gestion des déchets comporte trois maillons : la pré-collecte, la collecte, le transport et l’enfouissement. Les Ong/Pme ramassent les ordures directement auprès des ménages. Elles les déversent dans les points de regroupement ; puis des points de regroupement, nous avons les prestataires, un entrepreneur qui ramasse les ordures du point de regroupement pour les amener au lieu d’enfouissement sanitaire et là-bas se trouve un opérateur chargé de l’enfouissement. C’est ce plan qui est mis en œuvre. Maintenant, à l’échelle de Cotonou, il y a ce qu’on appelle le plan de zonage. Ce qui fait que Cotonou est divisé en plusieurs secteurs. Et il y les Ong qui ont la charge d’un certain nombre de secteurs. Les ordures d’un secteur doivent aller à un point de regroupement "P".