Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aCotonou.com NEWS
Comment

Accueil
News
Santé
Article
Santé

Guerre contre les faux médicaments au Bénin: le secteur pharmaceutique frappé
Publié le mardi 13 mars 2018  |  AFP
Santé
© Autre presse par DR
Santé : D’importantes quantités de faux médicaments saisies à Dantokpa
D’importantes quantités de produits pharmaceutiques ont été saisies ce vendredi 24 février au marché Adjégounlé de Dantokpa.




Cotonou - Un tribunal de Cotonou a condamné mardi les principaux acteurs du secteur pharmaceutique au Bénin à des peines allant jusqu'à quatre ans de prison ferme, marquant une nouvelle étape dans la guerre menée par le gouvernement contre les faux médicaments.

Condamnés pour "vente de médicaments falsifiés, exposition, détention en vue de vente, mise en vente ou vente de substances médicamenteuses falsifiées", les accusés - dont les cinq principaux distributeurs du pays - ont reçu leur verdict comme un coup de massue.

Le Bénin a la réputation, avec le Nigeria, d'être l'un des hauts lieux du trafic de faux médicaments en Afrique sub-saharienne. C'est par le port de Cotonou que transitent près d'un tiers des produits incriminés, selon l'OMS.

Ils seraient responsables du décès de 100.000 personnes chaque année sur le continent.

Le gouvernement a décidé d'accélérer la lutte: ces douze derniers mois, plusieurs tonnes de médicaments ont été saisies et de nombreux commerçants inculpés.

Avec ce procès, la justice s'attaque à la source d'approvisionnement.

Comme dans l'immense majorité des pays africains, l'industrie pharmaceutique est embryonnaire au Bénin. Le pays dépend des importations, plus spécifiquement d'un importateur: New Cesamex, un laboratoire basé en RD Congo. Son représentant au Bénin est Atao Hinnouho, député de l'opposition, chez qui plusieurs centaines de cartons de médicaments ont été saisis début décembre.

L'homme est introuvable mais deux de ses collaborateurs ont été condamnés mardi à six et dix-huit mois de prison ferme pour "trafic et vente illicite de médicaments".

New Cesamex fournit à la fois certains grossistes de pharmacies et les revendeurs de rue, une confusion qui inquiète les consommateurs.


Pharmacies en crise -

"Je me demande si nous avons encore des garanties à payer les médicaments
aux pharmacies si leurs sources d'approvisionnement sont devenues douteuses",
lance Alfred Aklassato, 60 ans, rencontré une ordonnance à la main et avec son
sachet de médicaments à 28.500 francs CFA (43 euros).

Pour Ernest Gbaguidi, responsable d'une association de consommateurs,
"c'est un procès qui vient à point pour assainir le secteur. Nous craignions
beaucoup pour la santé des populations". Il met en garde contre ce coup de
filet qui englobe la quasi-totalité du secteur. "Les pharmacies qui doivent
nous garantir l'accès aux médicaments de qualité ne devraient pas avoir des
soupçons qui leur pèsent dessus". "Cela ne rassure pas et porte un coup à leur
crédibilité."

Car si tout le monde reconnaît de graves irrégularités, les pharmaciens et
grossistes refusent d'être tous mis dans le même sac.

Sous couvert d'anonymat, un responsable de l'Ordre des pharmaciens exprime
son "incompréhension". Il dénonce une "injustice dans cette affaire" sans
toutefois nier que "deux ou trois grossistes répartiteurs opèrent dans de faux
circuits."

"C'est un procès aux multiples non-dits", confie à l'AFP un pharmacien
révolté, qui soupçonne le gouvernement de vouloir faire la place à de nouveaux
grossistes en fragilisant ceux qui opèrent déjà, en les condamnant à des
peines de prison ferme.

Le secteur informel, lui, a été démantelé depuis plusieurs mois. Du moins,
en apparence.

Le marché d'Adjégounlè, au coeur de Cotonou, ressemblait autrefois à une
immense pharmacie. Cette ancienne plaque tournante du trafic n'a pas survécu à
l'opération de "nettoyage" lancée par le gouvernement il y a tout juste un an.
Depuis février 2017, les étals ne proposent plus de médicaments mais des
pommades et des produits de beauté.

Alima Adédjouma, une commerçante, jure "avoir perdu gros dans cette
affaire" et ne "pense pas refaire le commerce des produits pharmaceutiques".

Pourtant, "les (faux) médicaments sont toujours dans le circuit", "les
ordonnances circulent encore", affirme un témoin. "Sauf que les vendeuses sont
sur le qui-vive et n'exposent plus les produits".

Sébastienne Alavo est l'une d'elles. Elle dit n'avoir aucune autre source
de revenus et continue son commerce mais sans "exposer ses boîtes de
médicaments". "Les quelques rares clients qui (me) restent ne viennent que la
nuit".

A l'époque du démantèlement, le directeur général du Groupement d'achats
des pharmaciens d'officine du Bénin, le Dr Falilou Adebo, avait demandé aux
autorités de couper "les sources d'approvisionnement" du marché.

"Qui sont ceux qui alimentent Adjégounlé? C'est ceux-là qu'il faut traquer
et juger", avait-il lancé sur une télévision locale. C'est désormais chose
faite. Avec le procès express qui a pris fin mardi, tout le secteur a été
frappé.

str-spb/cl/sd/jh
Commentaires