La sentence est tombée. Comme un couperet, elle s’est abattue sur les têtes des accusés. Désormais condamnés, ils devront purger leurs peines. Les pharmaciens grossistes impliqués dans le trafic de médicaments grâce à un réseau d’approvisionnement pas très orthodoxe paient le prix de leur laxisme. Comparaissant hier en flagrant délit au tribunal de première instance de première classe de Cotonou, ils ont écopé d’une peine d’emprisonnement de 48 mois fermes assortie d’une amende de cent millions à payer collectivement. Pris dans la nasse de la justice, convoqués, auditionnés, placés en garde à vue, puis en détention préventive, ils prolongent malgré eux leur séjour à la prison civile de Cotonou. Ils en auront encore pour un bout de temps. A moins qu’ils obtiennent gain de cause en appel. Mais ça, c’est une autre affaire.
Tout a commencé par des perquisitions au domicile du député Atao Hinnouho, réputé comme un acteur majeur de la commercialisation de médicaments. A cette occasion, des tonnes de produits pharmaceutiques ont été découvertes et saisies. Suivant son cours, l’enquête a étendu ses tentacules au niveau de certains pharmaciens grossistes répartiteurs. De fil en aiguille, les responsabilités ont été situées et ce qui apparaît comme l’épilogue de cette affaire a été connu hier. Pour l’instant, la vérité judiciaire fait foi. Même si les condamnés disposent des voies de recours pour réclamer justice au cas où ils contesteraient cette sentence, jusqu’à preuve du contraire, ils seront considérés comme des coupables. Tous des professionnels du secteur, ils sont appelés à répondre de leurs actes et à réparer le tort qu’ils ont commis à l’égard de la société. Perdre la liberté est une réalité pénible pour les intéressés habitués à jouir de leur droit d’aller et de venir.
La sentence du juge est d’autant plus sévère qu’il s’agit de médicaments, c’est-à-dire de substances potentiellement dangereuses. En dépit de leur action bienfaisante sur la santé humaine, tout médicament est un produit délicat à manipuler avec prudence. Le circuit allant de leur production jusqu’au consommateur ne doit en principe souffrir d’aucune négligence ou compromission. Un médicament conservé dans des conditions inappropriées perd ses principes actifs et est susceptible de créer des dommages parfois irréversibles sur la santé des patients. D’où le soin particulier requis quant à sa manipulation. La vie humaine est sacrée et inviolable ainsi que le dispose la Constitution béninoise du 11 décembre 1990. Il s’agit d’un droit absolu qui doit être protégé par tous les moyens légaux. La justice vient d’ailleurs de donner un signal fort aux pharmaciens et aux autres professionnels du secteur en tapant lourdement du poing sur la table.
Le tribunal correctionnel des flagrants délits a rendu son verdict. A ce niveau, le dossier est vidé. Sauf si la Cour d’appel en décide autrement. La grande leçon à retenir est que chacun est appelé à bien accomplir son devoir avec conscience, loyauté, probité et dévouement. Lorsque ces valeurs désertent le forum au profit de la compromission et du vice, des scandales du genre sont très vite arrivés. Dans la vie, il y a de ces événements qui surviennent et qui sont autant de signaux destinés à nous faire prendre conscience des travers dans lesquels nous végétons. Aujourd’hui, ce sont des pharmaciens grossistes répartiteurs qui sont traduits devant le tribunal des hommes. Dans leurs cellules, ils seront face au tribunal de leurs consciences. Si dans le lot figurent des innocents, que le reste de la procédure, si procédure il y aura, les rétablisse dans leur honneur. Dans tous les cas, que ce coup de la vie serve de leçon à tous.
Moïse DOSSOUMOU