Bioversity International et ses partenaires ont procédé mardi dernier à la dissémination des résultats et valorisation des acquis du Projet FoodAfrica. C’était au cours d’un atelier qui a réuni dans l’enceinte de l’IITA, des chercheurs de l’Université d’Abomey-Calavi, des représentants de ministères sectoriels, des institutions nationales et internationales intervenant dans le domaine de la Nutrition, de la Santé et de l’Agriculture.
La malnutrition chronique affecte environ 34% des enfants au Bénin. Mais il est possible de lutter contre ce problème de santé publique à travers de meilleures pratiques d’alimentation et de nutrition des nourrissons et jeunes enfants et une valorisation des ressources alimentaires endogènes. C’est dans cette logique que Bioversity et ses partenaires que sont la Faculté des Sciences Agronomiques de l’Université d’Abomey-Calavi (FSA/UAC/Bénin), l’Université de Helsinki (Finlande) et l’Ong Enfants Solidaires d’Afrique et du Monde (Esam) mettent en œuvre, depuis 2013, le projet FoodAFrica. Ce programme de recherche-développement est financé par le Gouvernement de la Finlande et comprend sept sous-projets dont le 4e est mis en œuvre au Bénin par Bioversity International dans les communes de Bopa et Houéyogbé dans le département du Mono. En effet, le département du Mono situé au Sud-Ouest du Bénin, présente l’un des taux d’insécurité alimentaire les plus élevés au plan national. Plus de 35% des enfants y souffrent de retard de croissance depuis 2006. Ceci contraste avec la très riche diversité de ressources alimentaires de cette région. Selon Richard China, Représentant de la Directrice Générale de Bioversity International, ce problème est préoccupant : « Des milliards de CFA sont investis chaque année dans les systèmes alimentaires sans des résultats optimaux. Les mauvaises pratiques alimentaires sont la cause des maladies et le système agricole est la cause de la perte de la biodiversité et du changement climatique. Nous travaillons donc sur les solutions pour améliorer la nutrition. Les résultats de ce projet vont pouvoir contribuer à l’amélioration de la nutrition et la conservation de la biodiversité ». Entre autres activités menées dans le cadre du projet FoodAfrica, il y a l’inventaire de tous les végétaux et animaux utilisés à des fins alimentaires par les populations vivant dans les communes de Bopa et Houéyogbé. Il ressort de ces investigations que les deux communes regorgent d’une riche biodiversité locale composée de 146 espèces végétales et 148 espèces animales formellement identifiées. Paradoxalement, l’alimentation des enfants n’est que moyennement diversifiée.
Des acquis importants pour changer la donne
L’atelier a consisté en des communications animées respectivement par Julia Boedecker, Irène Tchodigni, Dr Amoussa Hounkpatin et Sam Bodjrenou suivies d’échanges avec les participants. Il a été l’occasion pour Bioversity de partager avec ses partenaires des outils de communication innovants dont le livret de recettes d’aliments pour les enfants de 6 à 23 mois basées essentiellement sur les ressources disponibles localement. « L’objectif est d’utiliser les ressources alimentaires de chez nous pour aider à améliorer les pratiques alimentaires », a précisé Irène Mitchodigni. Il y a également un calendrier de disponibilité saisonnière des ressources alimentaires issues de la biodiversité locale des communes de Bopa et Houéyogbé présentant les aliments disponibles en fonction du mois de l’année ; des vidéos éducatives abordant différentes thématiques dans le domaine de l’alimentation, la nutrition, les soins et la santé des enfants et de leurs mères et des posters utilisables comme supports pour des séances d’éducation nutritionnelle. Outre les outils de communication, FoodAfrica a également eu des résultats probants dans le domaine scientifique : 3 thèses de doctorat sont actuellement en cours, 5 thèses de master ont été déjà présentées et une est en cours, deux articles scientifiques ont été publiés et trois sont en cours. Le Professeur Roch Mongbo, Secrétaire Permanent du Conseil national pour l’Alimentation s’est dit satisfait de l’approche utilisée par le projet, ses acquis et surtout les outils de sensibilisation élaborés pour faire prendre conscience aux populations et améliorer les habitudes alimentaires dans ces localités. Tous les participants ont exprimé leur satisfaction quant aux efforts fournis par Bioversity.
Fulbert ADJIMEHOSSOU