Talon au journal français Challenges a servi l’exclusivité. Avec la Chine, la boucle ferroviaire s’en va être bouclée. Depuis 1905, c’est un rêve qui tourne en rond. Une utopie. Dix ans déjà, qu’entre mauvaise blague, nombrilisme et prétention débordante, des investisseurs nous miroitent leur capacité à réaliser l’un des plus grands projets de l’Afrique de l’ouest.
3000 km pour rallier le Bénin à la Côte d’Ivoire en passant par le Niger et le Burkina-Faso. 1170 Km de voies à construire, le reste à réhabiliter. Le chantier est pharaonique. A la taille de l’ambition de plusieurs Etats, il est titanesque. Pour tout dire, c’est une colossale somme de 3 milliards d’Euros à mobiliser. Je vous laisse à vos calculettes.
Mais hélas ! A attendre indéfiniment la justice et le dynamisme mobilisateur du financement nécessaire par nos investisseurs, il est fort à parier que demain ne sera jamais la veille. Pragmatique et progressiste, le compétiteur né ne veut pas vivre de chimères.
Sorti de sa réserve pour une boucle ferroviaire de qualité, et en un temps record, il montre l’ultime voie à suivre. Ce ne sera ni le groupe Bolloré ni celui de Pétrolin de son compatriote Samuel Dossou.
Pas de surprise. Incontournable aujourd’hui sur tous les plans, la Chine a les faveurs aussi bien du Bénin que du Niger. Et, je ne doute pas que pour une bagatelle de 4 milliards de Dollars demandée par l’expertise chinoise pour les travaux allant de Cotonou à la frontière du Niger, soit 740 Km, ce sera du travail bien et vite fait. Aussi, au lieu d’équipements de Mathusalem proposés par Bolloré, le Chemin de fer made in China nous rapprochera, à coup sûr, de l’avenir. Standards internationaux assurés. Rapport qualité-prix imbattable.
La preuve, en Afrique, depuis quelques années, les exemples de pays ayant recours à l’empire du milieu pour leurs grands travaux sont légion. Le Kenya pour sa ligne ferroviaire Nairobi-Mombassa n’est pas allé chercher loin. Au Nigeria, pour un investissement de 823 millions de Dollars, une entreprise chinoise a traduit le rêve d’un métro à Abuja en réalité.
Des réalisations en Côte d’Ivoire, en Ouganda… presque toute l’Afrique est sous le charme de Pékin. Comparaison n’est pas raison. Mais, devant l’immense Chine, nos privés ne pèsent pas lourd. Tout est dit et que veut le peuple ?
Alors, que Talon, pour l’intérêt de l’Afrique en général et du Bénin en particulier, ne tombe pas dans le panneau d’un chauvinisme inconséquent et l’aplatissement devant le colon, on ne peut qu’être fier de lui. Inébranlable devant l’impopularité ou d’éventuelles représailles du syndicat de la défense des intérêts français, il reste droit dans ses bottes et sort la carte du bâtisseur fougueux.
Rien de plus rassurant. De l’au-delà ou encore en vie, Sankara, Kadhafi, Rawlings, Kagamé et Nana Akufo-Addo peuvent afficher un large sourire. Pour l’intérêt de leur pays, il y a toujours des présidents qui n’iront pas à des compromissions. Pour les préjudices subis, Bolloré et Pétrolin seront dédommagés.
J’espère que Samuel Dossou, câliné avec le projet ‘‘Port en eau profonde de Sèmè-Podji’’ donnera l’occasion à ses compatriotes de louer son patriotisme. Sans doute, il le fera. Avec sa bénédiction, la fin de la récréation sera sifflée. Et avec la nouvelle vision de Talon, la boucle ferroviaire sera bouclée. Et, à nouveau, un train moderne, sur des rails sans polémique, sifflera. Nous autres, pour la grande aventure ferroviaire, on se prépare !
Angelo DOSSOUMOU