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Le président béninois préfère la Chine à Bolloré et à son concurrent béninois pour son projet ferroviaire
Publié le jeudi 22 mars 2018  |  AFP
S.E.M
© Présidence par DR
S.E.M Patrice Talon assiste à la messe de clôture de la Synode Générale de2017 à l`Eglise Protestante Méthodiste de Béthel à Porto-Novo




Le président béninois Patrice Talon a demandé
au groupe français Bolloré et à son concurrent béninois Pétrolin de se
"retirer" d’un grand projet de chemin de fer: un nouveau rebondissement dans
ce dossier bloqué depuis des années dans un imbroglio judiciaire.
Dans un entretien accordé au magazine français Challenges publié jeudi, le
président Talon demande aux deux opérateurs de se "retirer, à l’amiable, du
projet" ferroviaire qui doit relier le Bénin au Niger, et assure qu’ils seront
"indemnisés de façon équitable".
"Un investisseur privé ne peut pas financer seul le chemin de fer que nous
voulons", a fait savoir le chef d’Etat, qualifiant le projet voulu par le
groupe Bolloré de "bas de gamme".
"La Chine dispose de moyens financiers nécessaires", a souligné M. Talon
pour assurer des travaux estimés à 4 milliards de dollars. "Elle (la Chine) a
démontré son savoir-faire technique" en ce qui concerne les infrastructures en
Afrique, a ajouté le président, qui s’adresse très rarement à la presse.
Contacté par l’AFP, un responsable des cheminots à Cotonou a confié avoir
"de grandes inquiétudes face à l’allure que prend ce projet qui doit redonner
vie à notre activité". Les responsables se sont réunis avec des représentants
des travailleurs jeudi.
En 2008, le Bénin et le Niger avaient lancé un appel d’offre en commun pour
construire et gérer la construction et la gestion d’un réseau ferroviaire de
740 km reliant Cotonou à Niamey.
Il avait été remporté par Petrolin, la société de l’homme d’affaire Samuel
Dossou, avant d’être confié en 2013 au groupe Bolloré, via la société
Bénirail, un partenariat privé-public.
En octobre dernier, la justice béninoise a donné raison au Béninois,
déboutant Bolloré. Après des années d’imbroglio judiciaire, et des mois de
négociations, le projet béninois est toujours au point mort, dans un pays de
10 millions d’habitants, dont l’économie dépend de son port.
Claudine Affiavi Prudencio, porte-parole de Petrolin, a répondu aux
déclarations du président en assurant que "le retrait de Petrolin sera le
résultat d’une négociation entre les Etats du Bénin et du Niger".
Des proches de l’homme d’affaires béninois joints par l’AFP soutiennent que
"cette option (le retrait du projet) n’est pas encore formellement notifiée au
groupe Petrolin" et que "à aucun moment, le groupe n’a été défaillant".
"Les chefs d’Etats (du Bénin et du Niger) ont essayé de les rapprocher
(Pétrolin et Bolloré) sans succès", a confié à l’AFP un proche de la
présidence béninoise. "Ce serait à eux de montrer alors qu’ils peuvent
s’entendre pour porter un projet convaincant".
Le groupe français Bolloré n’a pas souhaité dans l’immédiat commenter ces
déclarations.
str-spb/jh
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