Profitant de la formation qu’il a organisée à l’intention des escrimeurs et des maîtres d’armes, Jacques Okoumassoun, président de la Fédération béninoise d’escrime est revenu sur les objectifs visés. Il a levé un coin de voile sur les activités à venir avant d’évoquer l’initiative «Escrime pour tous». Lisez-plutôt !!!
Vous avez organisé la semaine écoulée, un recyclage pour les escrimeurs et maitres d’armes. De quoi s’agit-il?
Il s’agit d’une séance du donner et du recevoir. Nous avons invité le grand maître d’escrime de la Fédération française d’escrime et expert de la Fédération internationale d’escrime, Mattieu Labadie, qui a voulu voir un peu les conditions dans quelles les escrimeurs béninois arrivent à appréhender les règles et à comprendre les comportements qu’on peut avoir sur une piste d’escrime. Durant une semaine, il leur a appris les bases de l’escrime : comment faire les touchées, comment chasser les pas, comment reculer, comment anticiper et comment parer les coups. Il l’a fait aussi bien aux apprenants qu’aux maîtres d’armes. C’est une double formation aussi bien pour les apprenants que pour les maîtres d’armes, pour que, tout ce monde arrive à comprendre le bien-fondé de l’escrime. Lorsque vous pratiquez une discipline et que vous n’avez pas un plus fort que vous, vous n’arriverez jamais à apprécier votre niveau de compétence. Labadie a été là pour que tout ce monde sache, dans les échelles de valeur, à quel niveau la Fédération béninoise d’escrime se situe, à quel niveau la Direction technique nationale se trouve afin de savoir s’il faut continuer dans le sens où nous allons ou marquer un break pour revoir la formation des formateurs et des apprenants.
Comment la Fédération a pu faire venir un expert à Cotonou ?
Nous n’avons pas les moyens. Nous sommes une petite Fédération. On a eu 10 millions l’année dernière comme subvention. On a organisé une compétition internationale qui nous a coûté au moins 16 millions. Parce qu’on a mendié auprès des amis, des copains, des copines, des camarades, à droite et à gauche. Certains nous ont donné des sacs de riz, des paquets de coca-cola pour qu’on organise l’Open de Cotonou. On s’est rendu compte qu’on a été bon dernier. On s’est demandé s’il faut continuer par organiser les compétitions pour les autres. Et j’ai dit non ! Nous n’allons plus adhérer à cette célèbre phrase du Baron Pierre de Coubertin qui est que, l’essentiel est de participer. Pour nous, l’essentiel est de gagner des médailles, de toucher des graals. A partir de ce moment, nous avons écrit à la Fédération internationale qui nous a dit de discuter avec le Comité national olympique pour que nous puissions bénéficier de la bourse de la solidarité olympique. Mais, les périodes pour avoir les bourses olympiques étaient dépassées. Nous avons écrit à la Fédération française d’escrime qui nous a donné le nom du grand maître qui a accepté et a posé un certain nombre de conditions auxquelles nous avons souscrites. Il a cassé l’artillerie de sa poche. Il a pris 50% de son séjour en charge. Nous le remercions. Il a compris qu’un petit pays comme le Bénin a organisé une compétition dénommée «Open de Cotonou». Il s’est dit qu’on peut aider ce pays. Avant le prochain Open de Cotonou, nous ferons en sorte que le Comité national olympique puisse nous aider pour qu’il puisse venir pour préparer les athlètes, pour que ces athlètes soient à même d’être compétitifs devant les athlètes de la sous-région.
Après cette formation, quelle est la suite des activités ?
Après cette formation, nous irons au championnat du monde, au championnat d’Afrique senior à Tunis. Nous irons avec une équipe. Après, nous allons organiser le championnat national avant de préparer l’Open de Cotonou. Tous les pays nous ont demandé de ne plus organiser l’Open en décembre mais plutôt pendant la période des vacances afin que nous puissions rallier sur Cotonou, plusieurs pays
Où en sommes-nous avec l’initiative l’escrime dans les écoles ?
Je crois que cette démarche que nous avons dénommée «Escrime pour tous», est appréciée de tout le monde. Malheureusement, les grèves ont plombé un tout petit peu cette initiative que nous avons prise. Nous espérons que les grèves vont bientôt prendre fin et ce que nous avons prévu faire dans les écoles sera fait. Ce sera pour le bien de l’escrime. Mais, j’avoue que nous avons été surpris de constater qu’après cette première tournée, cette première vulgarisation, cette première évangélisation de l’escrime dans les écoles et collèges, plus de 200 élèves sont déjà inscrits pour devenir escrimeurs. Nous sommes très heureux d’avoir touché ce monde et nous pensons continuer tant que nous aurons les moyens. Nous demandons sincèrement au gouvernement de nous aider pour que l’escrime devienne la discipline la plus démocratisée pratiquée au Bénin. C’est vrai que l’escrime n’est pas une discipline comme le football. Quand on vient à l’escrime, ce n’est pas pour devenir milliardaire. On vient à l’escrime pour devenir d’abord un vrai homme. Parce que l’escrime développe en vous les capacités d’homme, à anticiper, et à donner des coups.
Propos recueillis par : Abdul Fataï SANNI