Après le troisième Examen périodique universel du Bénin par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies (Onu) en novembre 2017, 198 recommandations ont été formulées dans le but de garantir les droits fondamentaux de la personne humaine dans notre pays. Chose curieuse, lundi 19 mars 2018, lors de l’adoption finale des recommandations, le Bénin, représenté par le Garde des sceaux et ministre de la justice, Joseph Djogbénou a rejeté à la grande surprise de tous, sept (07) recommandations capitales…
« Ce qui inquiète, c’est que les sept recommandations que le Bénin a rejetées sont des recommandations capitales. Parce que ce sont des recommandations liées à la liberté de la presse, le retrait des enfants exploités dans les couvents, des exécutions extra-judiciaires qui ont toujours lieu dans notre pays. Mais à la face du monde, le ministre de la justice a estimé que ces pratiques n’existent plus au Bénin. Le Bénin dit ne pas se reconnaitre à travers ces recommandations alors que les chaines de télévision et radios ont connu récemment des brouillages de fréquences en pleine émission, des chaines de télévisions sont fermées pendant des mois. Il y a même des chaines qui n’émettent même plus actuellement. Malgré ce contexte, le Bénin se permet de rejeter les sept recommandations et surtout les questions de liberté d’expression, des médias, etc. », a déploré le juriste Cyriaque GloryHoussou. Face au fait, il importe de se demander si le Bénin milite vraiment pour la promotion des droits de l’homme et surtout quelle est la finalité du tapage médiatique autour des 191 recommandations acceptées par le Bénin. C’est d’autant plus inquiétant lorsqu’on sait que plusieurs presses qui ont critiqué le pouvoir en place en ont eu pour leur compte. C’est déplorable lorsqu’on sait que des enfants continuent non seulement d’être exploités dans les couvents mais ils sont menacés de sacrifices humains ces derniers mois avec cette affaire des cybercriminels et du fétiche “Kinninsi“. La liberté de presse est-elle déjà garantie au Bénin ? La protection des enfants dans les couvents est-elle un acquis à l’actif du gouvernement béninois ? Il y a lieu de tirer la sonnette d’alarme et les organisations de la société civile spécialisées dans la défense des droits de l’homme doivent lever le ton…
Code pénal : le Bénin n’en dispose toujours pas, un engagement déjà à l’eau !
Des 191 recommandations acceptées par notre pays, le gouvernement a pris l’engagement devant le Conseil des droits de l’homme de l’Onu de doter le Bénin, d’un Code pénal avant la fin du premier trimestre de l’année 2018. Le comble est qu’à moins de dix jours de l’échéance, le Code pénal n’a même pas encore été évoqué dans les débats. L’un des rares pays à ne pas disposer de Code pénal dans la sous-région, le Bénin traine toujours le code pénal de 1956 qui ne serait plus adaptée aux réalités actuelles et aux nouvelles infractions réprimées. Quelle crédibilité alors pour le Bénin si les engagements pris à la face du monde sont souvent demeurés non respectés ? « Dans le code pénal, celui de 1956 que nous trainons toujours, il y a des infractions réprimées mais qui ne sont pas prises en compte par ledit code pénal. Aujourd’hui, il y a des dispositions très éparses. Pour condamner aujourd’hui, il faut aller piocher dans telle ou telle loi alors que toutes ces infractions auraient pu être concentrées dans le code pénal et avoir un bloc que les avocats auraient plus d’aisance à évoquer dans les plaidoiries », souligne le juriste Cyriaque Houssou. Pour lui, c’est inadmissible que les pays comme le Togo, le Niger, le Sénégal disposent déjà d’un code pénal alors que le Bénin est à la traine. C’est une avancée d’avoir aboli la peine de mort et ratifié des instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme ainsi que la modernisation de l’administration pénitentiaire mais la protection des droits humains doit être renforcée davantage au Bénin. Le Code pénal a un rôle prépondérant à y jouer…
Aziz BADAROU