Suite à l’entretien accordé au magazine Challenges qui a créé une polémique sur la déclaration du président de retirer les deux opérateurs économiques (BOLLORE et DOSSOU AWORET) du projet, Patrice Talon a livré sa vision du projet sur Rfi le vendredi 23 mars 2018. Pour lui, le groupe Bolloré et Pétrolin ne sont pas en mesure de fournir des infrastructures qui tiennent compte des standards techniques en vogue.
Le président Patrice Talon s’est prononcé sur la polémique issue de son entretien avec le Magazine Challenges. La réalisation de la boucle ferroviaire Bénin-Niger, autrefois concéder par la justice au Groupe Pétrolin n’est plus d’actualité. Patrice Talon rêve grand sur ce projet de grande envergure. Pour ce faire, les deux protagonistes du dossier (BOLLORE et DOSSOU AWORET) devront sortir du projet. Et ceci, à l’amiable et seront équitablement indemnisés. La raison évoquée par le Chef de l’Etat béninois est que le niveau d’ambition des deux pays aujourd’hui n’est pas compatible avec les réalisations proposées par les deux hommes d’affaires. Patrice Talon a une vision pragmatiste sur le projet. « Ce qui m’importe, c’est la faisabilité effective, réaliste et satisfaisante de la réhabilitation du réseau ferroviaire Bénin-Niger existant et de son développement jusqu’à la région minière du Niger », a affirmé le président Patrice Talon.
L’investissement nécessaire pour la réalisation de cette infrastructure est colossal et avoisine 4 milliards de dollars américain. Selon le président Patrice Talon, le financement d’un tel investissement ne peut être assuré par un crédit commercial. Il soutient son argument par le fait que, dans le contexte africain actuel, un tel investissement adossé au marché bénino-nigérien n’est pas possible avec un financement privé commercial. « Ce n’est possible qu’avec du financement concessionnel et c’est tout simplement pour cette raison que ni le groupe BOLLORE, ni la société PETROLIN ne sont en mesure de nous accompagner dans ce projet avec une telle ambition, c’est-à-dire des rails, des locomotives compatibles avec les exigences d’aujourd’hui et de demain », a-t-il déclaré.
Pour la réalisation de cette boucle ferroviaire Bénin-Niger, la Chine est le meilleur allié vu sa position en termes d’aide au développement. A cet effet, souligne-t-il, la Chine a affecté une enveloppe financière de 60 milliards de dollars américain au financement de tels projets en Afrique. Une chose qui amène la partie béninoise et nigériane a adopté la Chine, piste plus adéquate qui permet de faire face à cette ambition et à ce type d’investissement. « Ce qui justifie donc que le président du Niger et moi-même avons souhaité que BOLLORE et PETROLIN, qui sont en conflit sur ce projet devant les tribunaux, se retirent tout simplement de ce projet parce que le financement nécessaire n’est pas à leur portée, n’est pas de leur domaine », a-t-il fait savoir.
Dans cet ordre d’idée, les discussions avec les deux protagonistes du projet ne s’est pas fait attendre. En coopération avec le président du Niger, Patrice Talon en a fait part de l’ambition des deux pays à M. BOLLORE et M. DOSSOU AWORET. Ce faisant, les parties prenantes dans la réalisation de la boucle ferroviaire sont tous du même avis : le niveau d’ambition du Bénin et du Niger n’est pas compatible avec le financement commercial. « M. BOLLORE a bien compris que pour ce type d’infrastructures, il faut aller chercher le financement concessionnel, l’aide au développement », a conclu le président Patrice Talon.
Sandric DIKPE