Dans un entretien au magazine Challenges, et enfin de semaine dernière sur les ondes de la radio Rfi, le président de la République s’est voulu assez clair sur les raisons de son choix quant à la réalisation du projet de boucle ferroviaire Bénin-Niger. Sa préférence pour la Chine ne fait plus l’ombre d’aucun doute et là-dessus, le chef de l’Etat ne manque pas d’arguments pour se défendre.
Ni Aworet, ni Bolloré, mais plutôt l’expertise chinoise pour réaliser le projet de boucle ferroviaire Bénin-Niger. Le choix du président de la République est sans ambages et il ne manque pas d’occasion pour se justifier.
Pour lui, le niveau d’ambition des deux pays aujourd’hui n’est pas compatible avec les réalisations proposées par les deux hommes d’affaires et il faut des infrastructures qui tiennent compte des standards techniques en vogue. « Un investisseur privé ne peut pas financer seul le chemin de fer que nous voulons. Nous avons besoin d'un équipement moderne. Notre chemin de fer ne doit pas nous éloigner de l'avenir », se défend le président Patrice Talon, rapporté par le magazine français Challenges. Pour lui, les deux protagonistes du dossier (Bolloré et Aworet) « doivent sortir du projet, à l’amiable » et ils seraient indemnisés de façon équitable. « Ce qui m’importe, c’est la faisabilité effective, réaliste et satisfaisante de la réhabilitation du réseau ferroviaire Bénin-Niger existant et de son développement jusqu’à la région minière du Niger », précisera-t-il par ailleurs sur les ondes d'une chaîne internationale. Le souci de Patrice Talon comme on le voit, c’est l’érection d’une infrastructure moderne et surtout durable. Et sur ce coup, les deux opérateurs économiques intéressés par le projet ne semblent pas être à la hauteur.
« L’investissement nécessaire est colossal et avoisine 4 milliards de dollars US. Le financement d’un tel investissement ne peut être assuré par un crédit commercial. Un tel investissement dans le contexte africain actuel, adossé au marché bénino-nigérien, n’est pas possible avec un financement privé commercial », soutient Patrice Talon. « Ce n’est possible qu’avec du financement concessionnel et c’est tout simplement pour cette raison que ni le groupe Bolloré, ni la société Petrolin ne sont en mesure de nous accompagner dans ce projet avec une telle ambition, c’est-à-dire des rails, des locomotives compatibles avec les exigences d’aujourd’hui et de demain », insiste-il.
In fine, le chef de l’Etat pense que la Chine qui a déjà « affecté une enveloppe financière de 60 milliards de dollars US au financement de tels projets en Afrique » est le meilleur allié sur ce coup. Ce qui justifie donc le fait que son homologue nigérien et lui aient « souhaité que Bolloré et Petrolin qui sont en conflit sur ce projet devant les tribunaux, se retirent tout simplement parce que le financement nécessaire n’est pas à leur portée, n’est pas de leur domaine ».
Si du coté du géant français Bolloré, le silence est de mise pour le moment, le camp Aworet n’a pas mis du temps à réagir.
A travers une déclaration sur les médias, Claudine Prudencio qu’on pourrait considérer comme le porte-parole du groupe soutenait sans ambages que « le retrait de Petrolin sera le résultat d'une négociation entre les Etats du Bénin et du Niger ». Aussi, rappelle-t-elle que « Les termes des négociations projetées entre les Etats et Petrolin n’ont aucune conséquence sur l’injonction faite à Bolloré de cesser tous les travaux sur le chemin de fer ». Il s’agit, indique celle-ci, « d’une conséquence de l’effet relatif des contrats et donc la négociation entre les Etats et Petrolin n’empêche pas d’opposer la décision de justice à Bolloré ».
Pour ce qui est de la surface financière suffisante de son groupe, jugée par ailleurs insuffisante, Claudine Prudencio laisse entendre que « le groupe Petrolin a fait ses preuves en réalisant sur fonds propres le port sec de Parakou dont l’ampleur des investissements peut être constatée sur place »?