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Paiement des salaires de mars sans défalcation : Vers un dégel de la crise?
Publié le mercredi 28 mars 2018  |  Matin libre




De sources bien renseignées, les salaires des enseignants de la maternelle et du primaire, pour le compte du mois de mars 2018, seraient déjà virés dans les comptes bancaires sans défalcation aucune. En d’autres termes, le gouvernement a décidé de payer l’intégralité des salaires du mois de mars sans opérer des défalcations pour fait de grève et certains enseignants auraient déjà perçu. Si l’acte est perçu comme un pas vers le dégel de la crise sociale, cela prête plutôt à confusion et suscite plusieurs interrogations. Que deviennent les défalcations opérées sur les salaires février 2018 pour fait de grève ?

Qu’est-ce qui explique cette volte-face du gouvernement ? Les grèves sont-elles devenues légales durant le mois de mars 2018 pour que le gouvernement décide de ne pas opérer des défalcations sur les salaires pour fait de grève ? Autant de questions auxquelles, seul le gouvernement peut apporter des éléments de réponse. En effet, en Conseil des ministres du 28 février 2018, le gouvernement a estimé que les grèves en cours comme les précédentes contreviennent à la loi n° 2001-09 du 21 juin 2002 portant exercice du droit de grève en République du Bénin. Se référant à l’article 11 de ladite loi, la grève a été jugée d’illégale car ne respectant pas les procédures à observer avant toute cessation concertée de travail. A en croire le Garde des sceaux, ministre de la justice, Joseph Djogbénou, les travailleurs ne peuvent recourir à la grève pendant que les négociations n’ont pas été bloquées et « en cas d’échec total ou partiel des négociations, la cessation concertée de travail par les personnels visés à l’article 2 doit être précédée d’un préavis dûment transmis aux autorités compétentes ». « En tout état de cause, le Gouvernement considère que tout agent de l’Etat en cessation illégale de travail, se met dans une posture d’abandon de poste » lit-on dans le compte-rendu du Conseil des ministres. Une décision considérée, par les confédérations syndicales, comme un acte de provocation et une fuite en avant du gouvernement. « On ne peut non plus laisser à l'exécutif le droit de qualifier d'illégale une grève et de prendre des sanctions. Ce serait abusif. A la limite, le gouvernement aurait pu en laisser le soin à la justice en la, saisissant. Sinon toute grève serait déclarée illégale par l'exécutif » avait fait savoir Anselme Amoussou de la Csa-Bénin. Ceci, sera d’ailleurs à l’origine du durcissement de ton dans le rang des travailleurs. Par la suite, les centrales syndicales suspendent leur participation aux négociations et font de la rétrocession des défalcations, une question préjudicielle à la sortie de crise. Mais ces menaces furent comme de l’eau versée dans le dos du canard. Le gouvernement n’a pas daigné fléchir et va estimer qu’il ne s’agit pas d’un droit à revendiquer. « …les centrales et confédérations syndicales ont indiqué mercredi, 14 mars que la rétrocession des défalcations opérées sur salaire pour fait de grève est une question préjudicielle à la reprise du travail dans les administrations publiques. Cette position est surprenante car on ne peut faire d’une condition préjudicielle ce qui n’est pas un droit » déclaré le ministre d’Etat, Abdoulaye Bio Tchané. Toute chose qui démontre la détermination du gouvernement à continuer les défalcations sur salaires tant que la reprise ne sera pas constatée. Mais qu’est-ce qui a pu bien se passer ? Le gouvernement s’est-il trouvé coincé face à la détermination des travailleurs de ne point démordre ?

Levée de motion de l’Imp : un lien ? En mars, il y a eu grève !

Pour certains observateurs, cette décision se justifierait par le fait que l’Intersyndicale de la maternelle et du primaire ait suspendu sa motion de grève. Cela ferait bien partie des dernières conclusions des négociations. Mais cela semble ne pas avoir de sens car il y a quelques semaines, dans une correspondance adressée aux directeurs de l’administration et des finances et qui a circulé sur les réseaux sociaux, le ministre des finances a demandé de transmettre à la Direction générale du budget, la liste des agents de l’Etat qui se sont absentés du service pour fait de grève du 16 février au 15 mars 2018. Et ceci, au plus tard le vendredi, 16 mars 2018. Chose curieuse, l’Imp n’a suspendu sa motion de grève que le lundi, 19 mars 2018. Il y a eu donc bel et bien boycott des activités académiques durant le mois de mars 2018. Alors le gouvernement devra brandir de nouveaux textes pour justifier la légalité de la grève étant donné que le paiement intégral des salaires sans défalcation ne laisse personne, indifférente. De plus, il convient de se demander ce que deviennent les défalcations opérées sur les salaires de février. Là encore, le gouvernement a d’importants efforts à consentir pour sonner le dégel de la tension sociale étant donné que les revendications demeurent toujours non satisfaites…

Aziz BADAROU
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