A force de trop tirer, la corde syndicale risque de céder. Le danger de la perte de crédibilité guette certains leaders syndicaux avec les actes que posent le gouvernement pour le dégel de la crise. Le gouvernement imperturbable continue de jouer patiemment sa partition. Un à un il épluche sans bruit les points de revendication en exprimant à chaque fois sa bonne foi. Pour le mois de mars, les salaires des travailleurs n’ont souffert d’aucune retenue pour fait de grève.
En terme syndical, on dira qu’aucune défalcation pour fait de grève n’a été opérée sur le salaire du mois de mars. En dépit de leur grève, le gouvernement s’est attelé à respecter son engagement. La volonté de l’Exécutif de contribuer à l’apaisement du climat social s’est une fois encore affirmée avec ce geste qu’on peut saluer sans hésiter. La seule corde sur laquelle beaucoup de leaders syndicaux tiraient ne tient plus. L’argument « gouvernement insensible » tombe et rend difficile la guerre d’usure. Dans un contexte où certains syndicats suspendent un à un leur motion, la tâche d’enlisement devient difficile.
L’Intersyndicale de la maternelle et du primaire (Imp) a été très tôt tournée en dérision, mais beaucoup d’enseignants regagnent déjà les rangs. Au supérieur, c’était Julien Gbaguidi du Snecc (qui pourtant avait posé l’acte qu’il fallait) qui avait été châtié systématiquement. Par la suite, les autres enseignants du supérieur ont fini par suivre. Dans la foulée, les enseignants vacataires ont aussi suspendu leur motion. Tous ceux-là ont compris la nécessité de mettre fin à cette grève désormais sans contenu et de reprendre le travail.
La difficulté est que ces syndicats, pour la plupart, sont affiliés à des centrales et confédérations qui maintiennent toujours la résistance aveugle. Quand la Cour du roi se vide du fait de sa trop grande étroitesse d’esprit, la seule chose qui est demandée, c’est justement sa sagesse. Les Centrales et Confédérations syndicales se doivent de jouer au réalisme et prendre la décision qui restaure leur image. La restitution des défalcations sonne désormais comme une litanie périmée.
La négociation, c’est le consentement de sacrifices réciproques. Avec les efforts consentis, l’opinion constate que le gouvernement a fait ce qu’il peut pour respecter ses engagements. Les centrales et confédérations n’ont jusque-là rien fait pour témoigner, ne serait-ce qu’un minimum, leur bonne foi. A cette allure, et surtout avec la vague de désolidarisation qui s’observe, ils risquent bel et bien de subir le triste sort de la perte de crédibilité. Autant faire le geste qu’il faut avant qu’il ne soit trop tard.
AT