Dans son rapport 2018 sur les perspectives économiques en Afrique, la Banque africaine de développement (Bad) a noté que le taux de croissance du Produit intérieur brut (Pib) réel du Bénin en 2017 est estimé à 5,5 %, et est en progression par rapport aux 4 % de 2016. Les projections pour 2018 et 2019 sont aussi prometteuses avec des taux respectifs de 6,1 % et 6,5 %. Mais, selon le rapport sur les projections de croissance, les effets du climat sur l’agriculture et la dépendance vis-à-vis du Nigeria laissent planer l’incertitude.
En avril 2017, le Fonds monétaire international (Fmi) a approuvé un accord triennal de crédit d’un montant de 151,03 millions de dollars afin d’aider le Bénin à mettre en œuvre les réformes du Pag en soutenant les investissements tout en préservant la soutenabilité de la dette. Ces réformes devraient permettre au Bénin de diversifier son économie par l’amélioration des activités de transformation dans l’agriculture et l’agro-industrie, et en modernisant l’élevage, la pêche et le tourisme. La stabilité politique démontrée par le bon déroulement de l’élection présidentielle de 2016 et le renforcement du partenariat public-privé contribuent à rendre le pays plus attrayant pour les investisseurs.
L’entrée en vigueur en janvier 2015 du Tarif extérieur commun (Tec) de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) est également une occasion pour le Bénin d’élargir sa base de production et de tirer parti du marché ouest-africain. Mais, une incertitude liée aux effets du climat sur l’agriculture et à la dépendance vis-à-vis de l’économie nigériane entoure les projections de croissance.
En effet, durant sa période de récession, le Nigeria a introduit des restrictions commerciales qui ont affecté le Bénin et constitueront une incertitude supplémentaire si elles ne sont pas levées. Malgré les efforts liés aux réformes, le Bénin reste confronté au manque d’infrastructures, aux problèmes de gouvernance économique et financière, aux difficultés du secteur privé. Il figure parmi les dix meilleurs pays réformateurs en 2015 et 2016, mais sa place de 151e sur 190 pays dans le rapport Doing Business 2017 témoigne des efforts à accomplir pour améliorer le climat des affaires.
Avec un taux de pauvreté de 40,1 % en 2015, un chômage persistant, et un indice de développement humain de 0,485, la croissance inclusive reste un défi majeur pour le Bénin, indique le rapport de la Bad.
Performances
En 2016–2017, la performance économique du Bénin était principalement due aux réformes du Programme d’action du gouvernement (Pag) 2016–2021, intitulé « Bénin révélé ». Selon le rapport de la Banque africaine de développement (Bad), sur les perspectives économiques 2018 en Afrique, ce programme vise à augmenter les dépenses publiques d’investissement dans les infrastructures, l’agriculture, le tourisme ou les services de base. Des perspectives positives qui devraient également s’expliquer par la considérable augmentation de la production agricole, notamment du coton, estimée à 450 000 tonnes en 2016 ; l’augmentation des capacités de production de l’électricité ; et la reprise économique au Nigeria, dont l’activité commerciale du Bénin est tributaire.
Selon toujours ce rapport, le déficit budgétaire devrait grimper de 5,6 % du Pib en 2016 à 5,9% en 2017. Les autorités béninoises exprimant la volonté de mieux contrôler leurs dépenses, ce déficit devrait redescendre à 4,8 % en 2018 et 3,1 % en 2019, grâce à une politique fiscale plus restrictive à partir de 2017 visant à atteindre les 3 % fixés par l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa).
En mars 2017, le risque de surendettement est passé de faible à modéré dans une analyse de soutenabilité de la dette du Fonds monétaire international (Fmi). La dette publique est, en effet, passée de 50,3% du Pib en 2016 à 53,4 % en 2017, à cause des dépenses effectuées dans le cadre du Pag. Les efforts de l’Etat pour mobiliser des ressources grâce à l’émission d’obligations et à des partenariats techniques et financiers devraient permettre de réduire la dette à 51,46 % du Pib dès 2019. Grâce à la politique de stabilité des prix de l’Uemoa ainsi qu’à une bonne campagne agricole et aux faibles prix du pétrole, l’inflation devrait rester inférieure aux 3 % définis par l’Uemoa.
Quant au déficit du compte courant, il s’est détérioré entre 2016 (7,3 % du Pib) et 2017 (9,5 %), mais une légère amélioration est prévue en 2018 et 2019.
Bruno SEWADE