Dans le cadre de la recherche de solutions à la crise sociale que traverse le Bénin, le Médiateur de la république a entrepris depuis hier matin, une démarche a l’endroit des différents acteurs pouvant aider au dégel de la crise. Après les représentants des confessions religieuses, Joseph Gnonlonfoun a échangé dans la matinée de ce jeudi 29 mars, avec les responsables des sept centrales et d’autres acteurs de la Société civile. Au terme de cette audience qui a duré plusieurs heures d’horloge, Joseph Gnonlonfoun croit avoir recueilli les doléances essentielles des travailleurs et n’attend qu’une réponse favorable à sa demande d’échanger avec les membres du Gouvernement concernés afin de leur transmettre les vœux des couches avec lesquelles il a échangé.
Voici en intégralité les impressions de Nagnimi Kassa Mampo, secrétaire général de la CSTB et du Médiateur de la République, Joseph Gnonlonfoun
Nagnimi Kassa Mampo, secrétaire général de la CSTB
« Même le syndicaliste ne peut se développer sans les libertés. »
« J’ai félicité le Médiateur pour son initiative. Il est préoccupé par la crise qui secoue le pays et sa préoccupation, c’est de voir le dégel intervenir. C’est aussi notre préoccupation, tout le monde est préoccupé par la crise. Il a cherché à savoir quelles sont les revendications sur lesquelles nous sommes en grève. Il a cherché à savoir quels sont les efforts que le gouvernement a eu à faire. J’ai rappelé qu’on a des revendications d’ordre général, qui concerne les questions de liberté, sans lesquelles aucun pays ne peut se développer. Même le syndicaliste ne peut se développer sans les libertés. J’ai donné des exemples pour la dénonciation des libertés. Par exemple, la révocation, la radiation de Patrice Trékpo. C’est une violation des libertés et c’est grave. J’ai rappelé la question, par exemple des étudiants, le fait que le gouvernement prenne des décrets pour organiser les associations d’étudiants. Cela ne se fait nulle part. Dans tous les pays du monde, c’est à l’université que les jeunes s’épanouissent, surtout des étudiants d’aujourd’hui, ils n’ont pas de secours, ils n’ont pas de bourses, on leur demande de ne pas parler. J’ai aussi rappelé la question de Laurent Mètongnon, qui est en prison, alors qu’il n’a rien commis comme crime ! Les gens n’ont aucune preuve contre lui et il est là. Il est un prisonnier politique. Le retour des répressions et détentions politiques au Bénin est dangereux. Il faut que le gouvernement règle ça-là. La deuxième, revendication d’ordre général est liée au coût de vie. Vous savez, le SMIG 40.000 au niveau de la revalorisation du point indiciaire. Le dernier salaire à 37.000. Nous avons demandé de revaloriser le point indiciaire, pour permettre aux travailleurs de vivre un peu, surtout en rapport avec les salaires politiques très élevés et avec le coût de vie cher. Nous avons demandé la hiérarchisation des salaires. Cela concerne tous les travailleurs du pays. Cela concerne le public, le privé, les retraités, les hommes en uniforme. Jusqu’ici, aucune solution. Troisième revendication : non à la privatisation. On ne peut pas dans un pays, privatiser. Même aux Etats-Unis, il y a des secteurs qui restent à l’Etat. Ici, on veut privatiser tous les secteurs publics. Notre pays, d’abord, deviendra une propriété des étrangers et deuxièmement, un pays privé. Nous constatons qu’en réalité même, la privatisation, c’est ce qui intéresse le Chef de l’Etat et ses proches… ».
Joseph Gnonlonfoun, Médiateur de la République
« Il faut que nous échangions avec le gouvernement sur ces questions-là »
« Ceux que vous avez vus dans la salle, c’est d’abord les religieux, ensuite la société civile, les personnalités, qui constituent la base du Médiateur de la République. Je les ai invités pour que nous soyons un certain nombre à nous occuper de cette question. Donc, ceux que nous avons reçus ce matin, c’est ceux que nous avons décidé de rencontrer effectivement, parce qu’à notre réunion, le mardi dernier, nous nous sommes dit qu’il faut qu’on aille de l’avant, qu’on rencontre les centrales syndicales. On a eu beaucoup de chances, les sept (07) étaient là. Ils nous ont fait part de leurs préoccupations et de leurs réclamations. Et comme nous avons senti que tous les responsables des centrales syndicales sont préoccupés par la question de l’unité nationale, la question de la paix, nous nous sommes dit qu’il est bon qu’on les écoute. On les a écoutés attentivement. On a recueilli leur doléance, leur préoccupation et nous avons décidé de rencontrer aussi les deux membres du gouvernement, qui constituent leur interlocuteur. Nous avons écrit aux deux membres du gouvernement pour leur demander de nous proposer les dates qui vont leur convenir pour que nous puissions échanger avec eux, leur transmettre les doléances, les réclamations des centrales et des travailleurs. Nous allons le faire le plus rapidement possible, parce qu’il devient urgent qu’on s’en sorte. Pour le moment, nous ne pouvons pas encore vous dire ce que veulent les travailleurs. Ils ont des préoccupations essentielles. Il faut que nous échangions avec le gouvernement sur ces questions-là. Comme on le dit, nous réservons la primeur de ces revendications aux membres du gouvernement ».
Germin DJIMIDO