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Art et Culture

Secteur de la mode: Lolo Andoche impose les couleurs d’Afrique
Publié le lundi 2 avril 2018  |  La Nation




Lolo Andoche s’active à célébrer avec la manière ce qui reste pour lui le plus grand évènement d’un parcours. Un rêve auquel il a donné corps il y a 24 ans. Un quart de siècle bientôt qu’il s’est donné comme challenge de révolutionner la mode masculine en lançant à la suite du grand Pathéo en Côte d’Ivoire l’un des tout premiers prêt-à-porter typiquement africains. Un style qui s’est imposé grâce à son sens de la créativité et à la passion d’un public qui a cru en lui.

Plus qu’un label les chemises et robes estampillées « Lolo Andoche » ont gagné le pari de conquérir l’Afrique et l’Occident. Impressionnant mariage de couleurs en tissus, notamment le pagne africain, le GTP, le woodin, les pagnes tissés d’Afrique, le Bazin, le lin et la soie, la marque a investi les cœurs. « Nous avons pu déclencher cette envie de consommer du prêt-à-porter africain. Les habitudes changent », se réjouit Charlemagne Andoche Amoussou, de son vrai nom.

Convaincu que l’Afrique a une inestimable culture à vendre, il s’est tôt donné pour défi de faire porter aux Africains des modèles exclusivement fabriqués à partir de tissus et motifs locaux ou à base de produits ayant des touches africaines.

Un label qui nourrit aujourd’hui un vaste réseau de distribution étendu à Lomé, Accra, Abidjan, Lagos, Brazzaville, Pretoria, Johannesburg et à Paris.

« Les Africains ont une tradition du pagne et l’engouement né autour de ce produit de consommation inspire énormément les créateurs. Le pagne africain reste aujourd’hui une tendance pour la mode », assure-t-il, dans l’une des pièces de son spacieux atelier sis au quartier Vèdoko à Cotonou. Dans cette enceinte où sont pesants les cliquetis des innombrables machines à coudre en marche, le quadragénaire remonte le temps en égrenant les sacrifices consentis pour arriver à son niveau actuel, presque 25 ans après ses débuts, livré seul à son sort mais le moral haut et la détermination sauve. « Nous avons la capacité de produire 80 articles le jour mais l’objectif c’est d’en sortir 300. Je n’ai pas pu atteindre mes objectifs mais je dois reconnaître que je ne suis plus là où j’étais il y a 24 ans. Je me dis que je dois y arriver un jour », lance-t-il, tout optimiste.

Cœur à l’œuvre

Avec une unité de design et fabrication et des show-rooms servant de prêt-à-porter, le styliste-modéliste dit avoir franchi un palier à voir les péripéties vécues dans cette passionnante aventure où l’agréable côtoie le pire. Contraint à se servir d’une béquille à la suite de l’accident qui a failli lui coûter la vie le 13 novembre 2001, le créateur garde de ce malheureux évènement un souvenir amer sans remettre en cause l’esprit divin qui lui a permis d’éviter le pire et garder sa mobilité pour les plus beaux jours de la mode béninoise. Autant s’est-il surpassé pour vaincre la fatalité, autant s’est-il mis à la tâche pour grandir dans l’univers de la mode, multipliant les défilés et les honneurs sur le tapis rouge. La dextérité de l’homme à créer l’installe au pinacle aux côtés d’autres congénères très en verve. Il partage le podium avec de grands créateurs africains au rang du magicien du désert, Alpha Di. Ce qui aurait pu être fatal pour lui a été plutôt un déclic. Aussi bien en Afrique qu’en France, Lolo Andoche fait florès et séduit par ses créations à l’identité certaine : le continent noir. En témoigne le succès franc de sa performance à la soirée de mode ‘’La paix dans le monde’’ organisée par ‘’Mode sans frontière’’ et qui a réuni en 2003 à Paris une quarantaine de couturiers internationaux.

Avec une impressionnante carte de visite, Lolo Andoche surfe sur le succès mais relativise son goût pour les dividendes issus des ventes de ses créations. « Ce n’est pas le fait de vendre un modèle et de gagner de l’argent qui compte mais l’important c’est la satisfaction du client. Qu’il ait aimé ce qu’on a imaginé pour lui est la seule fierté qu’on puisse tirer de ce métier », admet-il.

Une réussite qui ne le limite guère dans son élan à tendre vers la perfection. Face aux moyens rudimentaires dont disposent les couturiers africains il accorde une prime à l’industrialisation, seule alternative pour répondre à n’importe quelle demande, à son avis. « Nous manquons de méthodes modernes d’organisation, de travail ainsi que d’équipements adéquats pour gérer toutes les commandes possibles », constate-t-il.

Passionné de mode dès sa tendre enfance, Charlemagne Andoche Amoussou a cédé à la sirène de la couture en abandonnant les classes suite à une année blanche. Quoique brillant dans les études il opte pour le métier de styliste et prend le chemin de l’apprentissage, sûr de sa voie. Parti d’une seule machine à ses débuts, il finit par bâtir une entreprise semi-industrielle qu’il tente de structurer depuis avril 1995 avec un personnel administratif, des commerciaux et des ouvriers. Avec une cinquantaine de prestataires directs à son service il s’évertue à créer à la guise de la muse des modèles uniques. Une création qu’il estime à la fois une et plurielle. « Elle est métisse, unisexe et libère le corps. Elle défie les barrières des âges. Elle se porte large, relaxe, en ville, au bureau et à la plage », tempère-t-il, sourire aux lèvres.
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