Le président Talon a rencontré, le vendredi 30 mars, les deux ailes de l’Ordre des pharmaciens et les pharmaciens grossistes. Le fléau des faux médicaments auquel le gouvernement a déclaré une guerre sans merci, ainsi que l’assainissement du sous-secteur pharmaceutique étaient au nombre des sujets placés au cœur de cette rencontre de vérité tenue au palais de la Marina.
Organisée, quelques jours après le verdict du procès des faux médicaments, et la suspension pour six mois des activités du Conseil national de l’ordre des pharmaciens, cette rencontre a été l’occasion, pour le chef de l’Etat, de présenter aux pharmaciens, le tableau peu reluisant de leur secteur d’activité.D’entrée de jeu, Patrice Talon a partagé avec ses interlocuteurs les résultats issus de l’enquête menée au sujet du laboratoire New Cesamex mis en cause dans le trafic illicite de médicaments au Bénin.« Nous sommes allés chercher la liasse fiscale de New Cesamex aux impôts, au Congo… Jusqu’à l’année dernière, il y a zéro exportation. Il ny’a d’exportation, ni dans la sous-région Afrique centrale, ni hors de la sous-région. Le représentant de New Cesamex à Cotonou a confirmé que tous les grossistes sont des clients de New Cesamex. Il a ajouté que New Cesamex ne fabrique pas les médicaments, mais est lui-même distributeur d’un autre laboratoire qui est en Inde. Ce qui veut dire qu’en définitive, les produits ne viennent pas du Congo. On ne sait pas exactement qui est le fabricant », a détaillé le chef de l’Etat. Soucieux de la santé de ses concitoyens, le président de la République s’est offusqué de la légèreté qui entoure autant la commande des produits pharmaceutiques que les conditions de livraison. Patrice Talon n’a pas porté de gants avant de dire ses vérités à ses interlocuteurs. «L’excuse ne vous honore même pas… Il y a des fautes qui ne sont pas pardonnables quand il s’agit des professionnels », leur a-t-il lancé, « surpris et catastrophé ».
Le mea culpa des pharmaciens
Mis devant leurs responsabilités, les pharmaciens ont fait leur mea culpa.« Nous avons été pris au piège de ce laboratoire. Nous allons faire en sorte que ce genre de choses n’arrive plus. Il faut que nous soyons plus regardants et que nos autorités nous aident également à être plus regardants sur tous les laboratoires qui demandent des AMM (Autorisation de mise sur le marché, NDLR)», a déclaré Irenée Ologoudou. Pharmacienne grossiste s’exprimant à l’occasion au nom des grossistes privés, Irénée Ologoudou en a appelé au secours du chef de l’Etat pour un nouveau départ du sous-secteur. « Vous voudriez bien nous aider pour que le secteur se réorganise pour éviter ces couacs qui nous ont amenés là », a-t-elle dit, soumettant au président un certain nombre de doléances, de même que de suggestions pour améliorer la disponibilité des produits pharmaceutiques aux populations.Le chef de l’Etat a profité de la rencontre du 30 mars pour annoncer l’installation d’un laboratoire moderne. « Nous avons déjà entamé les discussions pour installer au Bénin un laboratoire digne de ce nom. Nous allons faire ces investissements de manière très rapide et vous aurez un laboratoire avec des compétences en la matière », a informé Patrice Talon.
Flore S. NOBIME