La situation est très simple. Vous levez une dette de 100 que vous remboursez. En fait, ce que vous faites, c’est que vous changez de créancier. Pierre vous a prêté de l’argent. Maintenant, c’est Paul qui vous en prête. Paul qui vous prête maintenant vous le prête à une durée cohérente avec la durée d’investissement à des taux plus intéressants. Il ne faut pas faire d’amalgame avec les pays qui sont dans une situation d’endettements pour lesquels vous avez des fonds vautours qui rachètent la dette décotée, et qui vont, après, la vendre et qui mettent des pressions sur le pays. Nous ne sommes pas du tout dans ce schéma. D’ailleurs, pour tout vous dire, l’opération de reprofilage est communiquée au Fmi, à la Banque Mondiale. J’en parle devant le Fonds monétaire International et je dis qu’il ne s’agit pas d’une opération du fonds vautours ou autre chose, mais qu’il s’agit d’une opération de bonne gestion de finances publiques et des dettes qui existaient avant le 6 Avril 2016. Faut-il laisser le portefeuille de dettes à un coût élevé ? Comment vous imaginez vous que nous avons pu financer des routes avec des crédits de 5 ans ? A un moment donné, vous allez avoir de la pression pour le remboursement, alors que l’investissement est à long terme. Si vous avez la possibilité de corriger ce qui a été fait, de lever la dette sur une durée beaucoup plus longue, pour mettre en cohérence l’investissement et le financement, vous le faites. Si vous avez la possibilité, parce que vous avez fait des réformes et que votre pays a gagné en crédit et que vous pouvez lever des crédits à un taux plus intéressant, de refinancer, de gagner des intérêts et économiser de l’argent qui servira aux cantines scolaires, à la fourniture d’électricité et de l’eau potable, vous pouvez reprofiler la dette comme un bon père de famille le ferait. Quand vous reprofilez une dette qui existe avant avril 2016, on revoit d’une part la durée, et d’autre part, les taux d’intérêt. En 2 ans, nous avons réussi à rétablir la crédibilité financière du Bénin. Nous avons la capacité d’aller au crédit à des taux beaucoup plus intéressants. Il nous revient de profiter des bienfaits de la crédibilité gagnée par le Bénin. Vous venez d’entendre le fonds Monétaire International qui a dit que nous avons un programme pour lequel nous respectons les engagements. De la même manière, dans le marché financier aujourd’hui, le Bénin revient comme un pays crédible. Donc, nous souhaitons profiter de cette crédibilité non pas pour augmenter le niveau d’endettement, mais pour faire appui au reprofilage de levée de la dette et rembourser la dette intérieure. Si vous avez une dette d’un taux de remboursement de plus de 8%, et que vous arrivez à une autre de 4%, vous économisez de moitié vos champs d’intérêt. Donc, c’est cet exercice que nous sommes en train de faire comme solution conjoncturelle à la baisse des ressources disponibles dans la zone Uemoa.
Patrice SOKEGBE