Considéré comme le ‘’poumon de l’économie nationale’’ du fait de son rôle névralgique, le port de Cotonou fait l’objet d’une attention particulière du gouvernement du Nouveau départ.
Grâce aux réformes engagées sous l’égide de l’ancienne directrice, Huguette Amoussou, le port a renoué progressivement avec la compétitivité, ce qui lui a valu la certification Iso 14001 version 2015 depuis le vendredi 12 mai 2017 dernier, avec une bonne organisation et une répartition intelligente des tâches aux travailleurs. Il regagne peu à peu la confiance des usagers, notamment ceux de l’hinterland qui l’avaient entretemps déserté au profit d’autres de la sous-région du fait des goulots d’étranglement. Les indicateurs de compétitivité que sont la sûreté et la sécurité, le temps et le coût de passage des navires sont arrimés aux normes réglementaires en vigueur.
La politique d’assainissement a permis de sécuriser les ressources financières et le démarrage du remboursement à hauteur de 5 milliards F Cfa, de l’emprunt contracté auprès de la Banque ouest-africaine de développement (Boad), pour la réalisation des travaux confortatifs, apprend-on de sources autorisées. Aussi, le Port autonome de Cotonou (Pac) a-t-il répondu favorablement à la requête du gouvernement de contribuer au financement du Pag en allouant la somme de 1 milliard F Cfa.
Malgré ces prouesses, le gouvernement attendant encore plus de la plateforme portuaire, a décidé de la concéder à la Société « Port of Antwerp international Sa » (PAI), pour une durée de dix ans. La signature de la convention de partenariat est intervenue le lundi 8 janvier 2018, non sans remous notamment des partenaires sociaux qui jugent cette réforme contraire aux approches de gestion des ports. Pour eux, elle ne respecte pas les dispositions de l’article 485 de l’Acte uniforme du Traité de l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires.
Mais à la faveur d’une séance de travail avec les acteurs portuaires, vendredi 24 novembre 2017 au Palais de la Marina, le chef de l’Etat essayera de dissiper les craintes des uns et des autres relatives à la sauvegarde des emplois, la rentabilité de la plateforme, en expliquant le bien-fondé et l’importance de la délégation de gestion. Le choix du port d’Anvers ne serait pas le fruit d’un hasard. La procédure de sélection a été « régulière et rigoureuse », selon le président Patrice Talon.
Cette mesure vise, selon le gouvernement, à moderniser l’espace portuaire et à optimiser la rentabilité des ressources portuaires, selon le gouvernement. Kristof Waterschoot, administrateur délégué du port international d’Anvers, souligne à cet effet que l’idée qui sous-tend ce contrat, c’est de mettre au profit du port de Cotonou, l’expertise du port d’Anvers pour en faire le port le plus performant de la sous-région ouest-africaine. Ce projet prévoit la modernisation des infrastructures du port, l’organisation de l’enceinte portuaire, le renforcement des capacités de l’équipe locale et surtout l’informatisation du système des données.
Le mandataire est appelé à relever un défi bien plus grand dès le début de sa mission : celui de ramener les opérateurs économiques des pays de l’hinterland qui avaient abandonné le port pour cause de mauvaise gestion.
Claude Urbain PLAGBETO