Major de sa promotion, avec une moyenne de 16,16, Christelle Lougbegnon, Miss Bénin 2018 est titulaire d’une licence en imagerie médicale, obtenue à l’Ecole polytechnique d’Abomey-Calavi. Membre de l’association des jeunes élites du Bénin, elle prépare actuellement son master 1 en microbiologie. Révélée à l’opinion suite à son élection le 9 décembre dernier, Christelle Lougbegnon expose ici sa part de vérité sur la polémique suscitée au lendemain de sa désignation en qualité de Miss Bénin 2018. Sans langue de bois, la plus belle fille du Bénin dit tout sur son élection et la situation inconfortable qui est la sienne et celle de ses dauphines depuis le retrait, par le ministre de la culture, de l’agrément à l’association culturelle Miss Bénin.
Une polémique s’est déclenchée le soir même de votre élection. De quoi s’agissait-il ?
Permettez-moi d’abord de vous dire un mot sur ce qui s’est passé avant cette soirée. J’ai participé au concours miss Bénin comme toute jeune fille béninoise. J’ai postulé pour le compte du département des Collines. Suite au dépôt de nos dossiers, on m’a fait appel pour un casting. C’est suite à cela que j’ai été retenue parmi les trois présélectionnées pour la phase départementale qui s’est tenue à Comè. A l’issue de cette phase, j’ai été élue miss Collines 2017. Je devais donc participer avec les autres miss départementales à la finale de miss Bénin édition 2017. Mais, selon les dires du comité, les moyens étaient insuffisants pour organiser l’élection cette année-là. Nous avons donc été reconduites pour la finale de l’élection miss Bénin 2018.
Dans la perspective de cet événement, les membres du comité d’organisation ont réuni toutes les candidates pour nous faire part du contrat qui nous liait à eux. Les clauses indiquaient les droits et devoirs de chaque partie. Le contrat a été signé par chacune de nous chez un notaire. Il était dit dans ce contrat que nous devrions nous soumettre ( ponctualité, régularité, assiduité...) au comité pour la réussite de l’événement. Le 9 décembre 2017 à Dream Beach s’est déroulée la soirée de l’élection de miss Bénin 2018. Nous autres candidates étions dans les coulisses. Nous n’apparaissions que lorsqu’on nous le demandait pour les différents passages. Mais il faut dire que la veille de cette soirée, nous avions eu une rencontre avec les membres du jury qui ont testé notre habileté à nous défendre sur différents sujets. Je tiens à préciser qu’en prélude à la grande soirée élective, le comité d’organisation nous a fait comprendre que ce n’est pas seulement la note du jury qui détermine l’élection de la miss. La note du comité compte également. Ils estiment qu’ils nous ont suivis tout au long du processus, qu’ils nous ont jaugés, apprécié nos comportements en public, la tenue à table, la ponctualité, la courtoisie…Mais d’après ce que j’ai appris plus tard, ils n’ont rien expliqué au public pour ce qui est des critères de sélection.
Le soir de l’élection, après les différents passages, 5 miss ont été sélectionnées sur les 12 pour la phase déterminante du speech. Je faisais partie de ces 5 finalistes. Au terme de cette ultime épreuve, en présence d’un huissier, le jury a déclaré la miss Atacora comme 4ème dauphine, miss Zou, 3ème dauphine, miss Plateau 2ème dauphine, miss Ouémé, 1ère dauphine et la miss Collines que je suis, Miss Bénin 2018. Il faut dire que tout au long de notre internement qui a duré cinq jours au Bénin royal hôtel, nous étions coupées du reste du monde. Aucune de nous n’était autorisée à avoir un portable sur elle. Je ne savais pas que juste après l’élection, une polémique a pris corps sur les réseaux sociaux.
Il semblerait que déjà dans la salle, il y a eu des contestations dès que le résultat final a été donné …
Je n’ai pas remarqué grand-chose. Vous imaginez bien que j’étais submergée par l’émotion. Ce que j’ai retenu, avant que le verdict final ne soit donné, c’est que la miss Ouémé et moi étions les deux à nous disputer le titre de miss Bénin. Dans la salle, on pouvait nettement distinguer les partisans de la miss Ouémé. Ils étaient d’ailleurs les plus nombreux. De mon côté, je n’avais que 5 parents dans la salle. Ceux qui n’étaient pas du côté de la miss Ouémé formaient avec mes parents le clan de mes supporters. Dès que mon élection a été rendue publique, les supporters de l’Ouémé qui constituaient la masse ont vidé la salle avec déception.
Dites-nous comment le comité d’organisation a justifié cette polémique ?
Ils ne nous ont rien dit au cours de la soirée. J’ai reçu ma couronne le soir-là même des mains de la tenante du titre, Larissa Agbadja, miss Bénin 2016.
Qu’en est-il de vos lots ?
Dans le contrat signé chez le notaire, les lots devraient être remis au lendemain de l’élection. Habituellement, c’est une semaine après que cette cérémonie a lieu. Nous avons contacté l’assistante du président du comité d’organisation qui nous faisait comprendre qu’ils sont en train de gérer une situation avec le ministère et que la remise des lots ne saurait tarder. Deux semaines après la soirée élective, soit le 27 décembre 2017, le courrier du ministre retirant l’agrément au comité d’organisation a fait la une des réseaux sociaux. Dès le lendemain, le comité nous a fait appel, les 12 miss départementales pour nous annoncer officiellement que le ministre leur a retiré le label « Miss Bénin ». Notre préoccupation était évidemment de rentrer en possession de nos lots, puisque toutes les miss départementales ont droit chacune à des lots. Nous avons estimé que la décision du ministre n’a pas contesté l’élection. Donc, il nous fallait recevoir nos lots. Le président du comité d’organisation nous a dit qu’il écrira au ministre pour lui faire part de nos préoccupations avant de décider de la conduite à tenir. Nous avons attendu un certain temps sans aucune réaction de sa part. Après l’avoir relancé, le président du comité d’organisation m’a fait comprendre qu’il est dans l’incapacité de nous remettre nos lots, parce que le ministre leur a interdit de ne plus se prévaloir du label miss Bénin. Suite à cette réponse, je me suis tue. Quelque temps après, les autres miss ont commencé par me relancer me disant qu’en tant que porte-parole, je devrais les défendre auprès du comité pour que chacune de nous rentre en possession de son lot, puisqu’à aucun moment, le ministre n’a contesté notre élection.
Suite à leur insistance, mes dauphines et moi avions adressé un courrier au président du comité d’organisation avec ampliation au ministre pour réclamer ce qui nous est dû. A la réception de ce courrier, le ministre a confié le dossier à son directeur adjoint de cabinet qui nous a fait appel, mes 4 dauphines et moi. Nous avons été reçues et avons expliqué nos griefs. Il nous a fait comprendre que le ministre ne nous a pas interdit, mes dauphines et moi, de nous prévaloir du label miss Bénin. Il a confirmé mon élection en qualité de miss Bénin 2018 et m’a demandé d’exercer pleinement mon mandat. Il a précisé à mes dauphines et moi que le courrier du ministre s’adressait uniquement au comité d’organisation et non à la miss et ses dauphines. Le but du courrier était l’interdiction à ce comité d’organiser à l’avenir une élection miss Bénin. Nous avons donc sollicité l’intervention du ministère pour que nous puissions récupérer nos lots. Notre demande est demeurée vaine. Quelques heures après cette rencontre, le comité d’organisation nous a adressé un courrier nous faisant comprendre que le retrait du label les empêche de nous remettre les lots auxquels nous avons droit. Le cabinet du ministre nous a fait appel une seconde fois. Là, c’est le directeur de cabinet qui nous a expliqué que le ministère ne peut prendre notre défense parce que le partenariat qui le liait au comité a été rompu. Il nous revenait selon ses dires de mettre la pression sur ceux qui détiennent nos lots. Il nous a réaffirmé que l’élection de la miss est valable parce que le courrier du ministre n’a pas remis en cause les délibérations du jury.
En termes de pression, qu’avez-vous fait vis-à-vis du comité d’organisation ?
Nous tentons d’abord le règlement à l’amiable.
Vous avez été accusée d’avoir comploté avec le comité pour arracher la couronne à la première dauphine
Je dirai simplement aux uns et aux autres de faire des enquêtes avant de se prononcer sur certains sujets. Nous avons tendance à juger et à jeter facilement la pierre aux autres. Pour votre information, j’ai été miss Epac (Ecole polytechnique d’Abomey-Calavi) en 2014. Deux ans après, j’ai été élue miss du festival africain de beauté qui regroupe plusieurs pays à savoir le Togo, le Nigéria, la Côte-d’Ivoire et le Bénin... Parmi toutes ces nationalités, c’est le Bénin à travers ma personne qui a été élu. Si ceux qui me vilipendent, avaient toutes ces informations, je pense qu’ils se seraient retenus.
Durant tout le processus ayant conduit à mon élection en qualité de Miss Bénin, je suis restée sereine, car je croyais en mes potentialités, comme toutes les autres candidates d’ailleurs.
Parlant de la première dauphine, quel type de relation entretenez-vous avec elle depuis votre élection ?
Nous avons de bons rapports. Lorsque nous entreprenons quelque chose, elle répond toujours présente. Je ne perçois aucune inimitié de sa part.
En termes clairs, vous gérez votre mandat seule, sans l’encadrement du comité. C’est bien cela ?
Je suis livrée à moi-même. Ce sont mes parents, la famille et quelques proches qui me conseillent et m’orientent.
Dans ces conditions, comment gérez-vous votre mandat ?
Ça va être très difficile. On dit souvent, une mission, des hommes, des moyens. Je n’ai pas de moyens. Pourtant, j’ai une mission. Pour la mener à bien, il me faut des moyens. A titre d’exemple, en tant que miss Bénin, mon déplacement est limité. Il me faut un véhicule. Je ne suis plus en mesure de prendre un taxi-moto. Je ne peux pas valablement aller frapper à la porte d’un sponsor en descendant d’une moto. Il faut un minimum de conditions pour que je puisse réaliser quelques actions. Au Bénin, l’apparence compte beaucoup.
En l’absence de ces moyens, comment comptez-vous, malgré tout, impacter positivement votre mandat ?
J’y réfléchis sérieusement, car sans moyens, ce sera difficile.
Quels sont vos projets ?
J’ai en vue de fournir gracieusement des kits aux hôpitaux afin de favoriser la prise en charge des femmes souffrant de fistules obstétricales. Cela demande évidemment des moyens. Je n’occulte pas des festivités ou des aides aux orphelinats afin d’apporter le sourire aux enfants en difficulté. La liste de mes projets est longue. Je ne cite que celles-là.
Avez-vous un appel à lancer à l’opinion ?
Je suis prête à mener à bien cette mission. Je demanderai aux sponsors de l’édition 2018 de Miss Bénin et autres de bien vouloir mettre à ma disposition les moyens promis pour l’atteinte des objectifs fixés.
Propos recueillis par Moïse DOSSOUMOU