Courbe ascendante de la suspension des mouvements de grèves et dégel en puissance. Si l’intersyndicale des enseignements maternel et primaire a, le premier, signé le cessez-le-feu avec l’Exécutif, ils ne se comptent plus les syndicats à fumer le calumet de la paix. Refusant de se laisser entraîner sur une piste politiquement très glissante, la Cspib, l’intersyndicale de l’enseignement supérieur, les vacataires et depuis hier, la Csub, la Cgtb et la Csa-Bénin ont décidé d’un repli tactique et donc, d’une reprise du travail dans l’intérêt supérieur de la nation.
Désormais, sur l’autre plateau de la balance, il ne reste, entre autres, que la Cosi, la Cstb, le Front et l’Unamab qui, à défaut de parler d’une suspension, passe officiellement de la démesure des 96h à 72h de grève. N’empêche, après moult tergiversations et négociations, le rapport de force est, à présent, nettement en faveur du dégel. Mais, la satisfaction d’avoir vaincu la fatalité est encore loin d’être totale. Ce qui importe et qui surtout aurait permis d’évacuer les appréhensions sur le syndicalisme au Bénin, c’est une suspension unanime et générale.
Dommage ! A la lecture de la déclaration de suspension de la motion de grève par les Secrétaires généraux Anselme Amoussou, Moudachirou Bachabi et Christophe Houessionon, nos doutes sur des grèves pour servir des intérêts politiques ne sont que renforcés.
Tenez ! Il est dit qu’avec la malheureuse complicité de certains acteurs syndicaux, la récupération de la grève par l’opposition ou la mouvance n’est pas à exclure. Alors, c’est désormais clair qu’au-delà des revendications corporatistes, le mobile politique peut donner une toute autre tournure à la grève. Et si les syndicalistes, eux-mêmes, en viennent à se faire la leçon de morale et écrire qu’il est temps d’assainir le milieu syndical, ce n’est pas à nous de les contredire.
Sinon, je suis parfaitement d’avis avec les syndicalistes, auteurs du pamphlet contre leurs camarades d’en face, qu’en temps de combat, la culture du droit à la différence, des possibilités d’accords ou de désaccord doivent entrer dans les mœurs des partenaires sociaux. En plus, si enfin, il sonne l’heure de tirer leçons de ce premier round de contestations ouvertes contre la gouvernance Talon et d’explorer les perspectives, à travers l’usage d’autres moyens de règlement de conflit, tant mieux.
Sans quoi au Bénin, tant qu’il existera des syndicalistes peu vertueux, la politique politicienne et la défense des intérêts particuliers se mêleront de tout. Et comme ceux de la Cgtb, de la Csa-Bénin et de la Csub n’entendent pas verser dans la surenchère, pour le moment, ils peuvent bien se contenter des maigres satisfactions. La plus importante, c’est l’effectivité de la rétrocession des défalcations du mois de mars pour fait de grève.
Mais surtout, la résurrection du dialogue social et la reconnaissance de ses vertus par tous. Du moins, par ceux qui ont compris qu’à trop tirer sur la corde de grève, elle se casse. Malheureusement, dans le monde syndical, chacun prêche pour sa paroisse. Et c’est dommage !
Angelo DOSSOUMOU