Les centrales et confédérations syndicales habituent de plus en plus l’opinion à une tradition qui est respectée depuis quelques années. Les motions de grèves sont toujours prises à l’unanimité mais levées en lambeaux.
Un virus tout aussi pernicieux est en train de ronger doucement mais assurément la cohésion des centrales et confédérations depuis quelques années. Certains observateurs avertis l’assimilent à la politisation, d’autre y lisent une absence de coordination, mais la fréquence de ce ‘’phénomène syndical’’ mérite qu’on s’y penche. Le scénario est de loin complexe à cerner. Au début de tout mouvement syndical, il y a toujours cette atmosphère de solidarité générale qui se note à chaque fois au niveau de ces responsables syndicaux. Chacun y va de sa verve mais aussi de son fiel pour brandir des revendications qui se recoupent et expriment de loin une volonté d’ensemble de lutte. Ces fameuses motions de grève signées par toutes les centrales et confédérations font généralement réfléchir les dirigeants et donnent du poids à leur engagement. Les débuts sont toujours fiévreux et passionnants car les mouvements pour la plupart sont à l’unanimité respectés même par les ‘’amis syndicaux’’ habitués des grèves de solidarité. Mais à mesure que la paralysie s’accentue et que la braise militante s’éveille, des voix dissonantes se font entendre dans le rang des mêmes syndicats. Certains commencent par se regrouper pour tenter la marche contraire favorable au régime en place.
On se rappelle des syndicats patriotes sous le régime de Yayi Boni et de plusieurs ramifications syndicales inféodées qui se sont constituées spontanément pour tuer la fibre militante. Mais au-delà de ces petits mouvements de déstabilisation, il y a le grand débat de la désolidarisation qui gagne les grands syndicats toujours par rapport à la levée ou non des motions de grève. On a toujours du mal à comprendre les motifs souterrains de ces mouvements brusques de désolidarisation mais le peu qu’on sait généralement de ces disputes entre grands leaders syndicaux c’est la question de l’opportunité de la levée de la motion. A la suite de la levée de la motion de grève par la Csa, la Cgtb et quelques syndicats, on a assisté à cette levée de bouclier de la Cosi et même d’un membre du Front de l’éducation pourtant proche de la Cgtb. Tous ceux-ci ont semblé condamner la démarche des autres syndicats appelant à la poursuite de la paralysie. Tout ceci laisse pensif sur les vrais contours des décisions de levées de motions de grève. Qu’est-ce qu’il y a de si sensible et si sérieux pour que les acteurs n’arrivent presque jamais à s’entendre. Ces conflits souvent latents empiètent généralement sur les rapports mutuels entre ces acteurs. L’histoire aussi porte les traces de ces fissures qui affectent le mur syndical.
De vieilles querelles toujours actuelles
On se souvient comme si c’était hier de la grande guéguerre entre le camp Paul Issè Oko Laurent Mètongnon et celui de Noel Chadaré, Pascal Todjinou, Dieudonnée Lokossou aux lendemains de la grève historique ayant succédé à la répression sanglante du 27 décembre 2013 à la Bourse du Travail. Dans le temps, la Cstb et la Fesyntra-finances étaient non favorables à la suspension de la motion de grève décidée par les autres centrales et confédérations. Cette incompréhension a conduit par la suite à des attaques par presse interposée avec des propos assez durs de pat et d’autres. Depuis, lors, la scission est toujours restées.
La Cstb et la Fésyntra-Finance avaient toujours évolué dans un bloc et les autres dans un autre bloc. On se rappelle de la guerre qui a suivi au sujet de l’envoi du représentant de la Cstb au Conseil économique et social (Ces) ainsi que des échanges virils par presse interposés qui avaient eu cours dans le temps. Ce conflit s’est quelque peu estompé avec le départ ces trois de la tête des syndicats mais la question de l’opportunité de la suspension est une fois revenu comme l’historique gangrène pour tuer une fois encore l’envie d’ensemble de ces acteurs syndicaux. Le mal syndical est enfin découvert. Y réfléchir afin de l’éradiquer reste le seul et unique défi.
AT