Critiqué et crucifié à Djeffa comme à Golgotha. Voué aux gémonies par un conglomérat hétéroclite d’opposants aux intérêts divergents, le chantre du Nouveau départ est désormais, et plus que jamais, condamné à réussir. A l’œuvre, et il fallait s’y attendre, le compétiteur né porte la croix d’un pays sans ressources minières et d’un peuple qui n’aime, en vérité, que la facilité.
Deux ans de gouvernance thérapeutique et les dinosaures qui n’aiment que leur confort sortent des bois. Ce week-end, avec comme maître de chœur, le roi de la volaille, les bourreaux de la Rupture ont clairement affiché leur hostilité à un système qui se passe de leur égo. Normal donc, qu’à la fin, la gouvernance Talon agace le quatuor Ajavon-Tévoèdjrè-Soglo-Yayi.
Mais qu’importe ! Seule la fin justifie les moyens. Et avant un vrai Nouveau départ, Talon n’a pas d’autre choix que de détruire jusqu’au tréfonds du Béninois, les mauvaises habitudes à travers les réformes. L’opération du chirurgien président est douloureuse et très risquée pour un patient inconscient de sa maladie. Surtout, si ses anciens collègues, au lieu de l’encourager à réussir, complotent sur le dos du peuple. Seulement, à Djeffa, ils auront beau clouer Talon sur la croix, l’essentiel est que d’ici trois ans, l’économie béninoise renaissance de ses cendres.
Et pour qu’il en soit ainsi, l’erreur à ne pas commettre par le chantre du Nouveau départ, c’est de céder à la panique politique. Sinon, et j’en suis sûr, ce serait un éternel recommencement. Ou, si vous voulez, une histoire de règlement de compte qui n’en finit pas de faire du bruit dans le landerneau politique béninois. Jadis, au début du renouveau, c’étaient les guéguerres Soglo-Tévoèdjrè. Ensuite, le changement et les passe d’armes Yayi-Soglo puis Yayi-Ajavon. Aujourd’hui, tout ce beau monde se ligue contre Talon. C’est de bonne guerre.
D’ailleurs, sur ce regroupement de Djeffa, personne ne devrait s’étonner. Car, la politique au Bénin, c’est d’abord la défense des intérêts particuliers. Celle du peuple n’a toujours été qu’un prétexte, une vraie farce. Alors, que Talon, de par sa vision et sa gouvernance, multiplie les mécontentements des dinosaures, c’est symptomatique d’un détachement.
Manifestement, pour qu’il soit porté en triomphe à la fin de son mandat, il sait ce qu’il a à faire. Convaincu par le Fmi qu’il est sur la bonne voie, il redouble d’ardeur afin que son peuple, longtemps pris en otage par les amis ou les ennemis de circonstance, ait mieux. Et s’il est dit, que pour une véritable Rupture, il devrait agir dans l’intérêt du peuple en dépit des piques de ses détracteurs, il est certain qu’il aura semé de bons grains avant de nous montrer son talon.
Après tout, les mérites des dirigeants visionnaires, on ne les reconnait que sur le tard. Que penser donc, si Talon, sur le périlleux chemin de la rédemption du Bénin est constamment cloué au pilori ? Avant lui, il y en a eu qui étaient prêts à verser leur sang pour le Bénin. Mais de lui, le peuple n’attend que la réussite malgré les grognes des dinosaures.
Angelo DOSSOUMOU