La Diaspora historique devrait être dispensée de payer quoi que se soit pour avoir accès à sa propre histoire dont elle a été dépossédée. Accorder une attention particulière à ses projets structurants, ne serait que justice et témoignerait du respect pour les Ancêtres déportés et esclavagés... Les uns et les autres se sont suffisamment enrichis de leurs malheurs. Et nous espérons enfin un changement.
Dans la concurrence qui se joue entre plusieurs pays d’Afrique autour de la Mémoire de nos Ancêtres déportés et esclavagés, il ne faudrait pas oublier d’intégrer dans vos programmes la Diaspora historique dès le départ, car seule la Diaspora historique sait ce qu’elle cherche en venant sur les traces de ses Ancêtres. Nous sommes les seuls à pouvoir faire sens de cette question mémorielle que vous le vouliez ou non.
Que ces pays soient dans la réalité historique de même, car on ne s’enrichit pas sur des systèmes qui ne sont pas basés sur la réalité historique à l’image de Gorée qui n’est qu’une forme d’escroquerie intellectuelle au fond, sans que cela n’ait à terme des conséquences. Livrez-nous la véritable Histoire, car nous la connaissons, nous savons la raconter à nos sœurs et nos frères restés sur l’autre bord encore, et nous rejetterons avec force les autres Gorée, nous méritons mieux que cela.
La Diaspora historique d’ailleurs devrait être dispensée de payer quoi que se soit pour avoir accès à sa propre histoire dont elle a été dépossédée (en dehors des frais de voyage bien entendu), les uns et les autres se sont suffisamment enrichis de leurs malheurs. Ayez un peu de respect pour les Ancêtres en honorant leurs enfants qui reviennent et celles et ceux qui sont revenus définitivement déjà, car nous sommes les grands témoins de cette histoire.
Nous n’enrichirons pas non plus des programmes dont seuls les Occidentaux ont accès en termes de financement (Fmi entre autres) et marchés publics (hôtels, festivals, musées, etc.) alors que ces marchés pourraient être endogènes et servir cette économie en grande partie. Et puis quoi encore ? Ne nous prenez pas pour des moutons et ne vous trompez pas une fois de plus.
Le tourisme mémoriel ne peut s’adresser à la Diaspora historique, car nous ne sommes pas des touristes. Nous sommes les enfants d’Afrique qui revenons d’un long voyage seulement. C’est une grâce qui est faite à notre Terre Mère, certains le comprennent… Intégrez bien cela.
Prenez exemple sur le Ghana, entre autres, car c’est le minimum que nous puissions accepter. Il y a près ou plus de 5000 membres de la Diaspora historique vivant là-bas. On leur donne des terres, on leur attribue la nationalité, on facilite leur intégration, ils participent activement à la question mémorielle en étant au cœur du système et ainsi ça fonctionne. Ils sont des acteurs culturels et économiques importants, les interfaces les plus importants avec la Diaspora historique qui voyage au Ghana. Le retour a donc un sens là-bas car la volonté politique s’est ainsi manifestée en regardant au-delà de l’immédiateté de ce que nous pouvions amener. Ils sont reconnus comme enfants du pays et ne sont pas considérés comme des portefeuilles convoités ou des réseaux à exploiter uniquement.
Si vous n’intégrez pas dès le départ les enfants des déportés, esclavagés, dont les connaissances culturelles et historiques sont confirmées, dans tous vos projets mémoriels, voire au-delà, ils vont échouer. Si vous nous utilisez uniquement pour atteindre vos objectifs économiques, vos programmes échoueront. Si vous ne soutenez pas activement les projets porteurs venant de la Diaspora historique, vous allez échouer dans toute votre démarche de toute façon. Car il est hors de question que des pays s’enrichissent sur notre mémoire et celle de nos Ancêtres au mépris de notre intégration réelle. Ô, vous aurez peut-être un certain type de touristes mais pas les enfants des Ancêtres et là on peut parler de véritable échec.
L’histoire ne se répètera pas.
On ne s’enrichit pas sur la mémoire de nos Ancêtres et sur leurs descendances.... Ces Ancêtres déportés par millions sont de notre côté, ne l’oubliez pas...
C’est dit...
Par Mylène POLOMACK *
*Présidente de l’Institut De Co Création Afrique Caraïbe (ICCAC)