Les comptes sont bons. Pour le bonheur des locataires et des propriétaires, la loi sur le bail est votée. Encore deux petites étapes et un véritable pas sera franchi. Non seulement, pour un secteur immobilier plus professionnel mais aussi des relations sans équivoque entre bailleurs et preneurs. Dans un contexte où, malgré les contrats synallagmatiques, les abus régnaient en maître, le duo Aké-Idji et leurs collègues peuvent être portés en triomphe. D’ailleurs, première et très pertinente remarque, nous avons à faire à une proposition de loi.
Déjà sur la forme, les représentants du peuple nous donnent la preuve que ce n’est qu’ensemble qu’on peut impacter positivement les conditions de vie des populations. Et quand on a le privilège de défendre les intérêts du peuple, il est préférable d’être toujours proche de ses préoccupations. Cela dit, cette loi aurait été l’émanation d’un député de l’opposition que j’aurais été plus dithyrambique.
Pour le moment, accrochons-nous à l’essentiel. Avec la loi sur le bail, tous les Béninois savent désormais que n’est pas agent immobilier qui veut mais qui peut. Et que les cautions exigibles aux locataires ne devront plus excéder trois mois. Aussi, avec la loi Aké Natondé, disons-nous adieu aux augmentations farfelues. Quant aux propriétaires, n’allez plus leur devoir plus de deux mois d’arriérés de loyer. Sans préavis, ils seront fondés à vous demander d’aller voir ailleurs.
En définitive, théoriquement, tout le monde est quitte. Seulement, dans la pratique, n’allons pas vite en besogne. Sinon, c’est bien beau d’avoir un cadre juridique, pour réguler les baux à usage d’habitation domestique au Bénin. Mais, c’est toujours mieux d’avoir, dès sa promulgation, des mécanismes pour faciliter sa mise en application.
Autrement, malgré Aké, le risque que la loi fraichement votée soit une de plus est grand. Puisque dans un secteur où généralement la demande dépasse l’offre, très vite, et pour un oui ou un non, le diable s’invite dans les détails. Ce n’est donc pas par hasard, que pour calmer les velléités des uns et des autres, les députés ont tenu à jouer leur partition.
L’autre chose est qu’au Bénin, le « chez moi » est une règle d’or. Malheureusement, pour un fonctionnaire, débourser en moyenne entre 20 et 80 mille le mois pour avoir un toit pour dormir, ce n’est pas gagné d’avance. Avoir son domicile à soi, c’est carrément une lutte sans merci. Pourtant, dans le secteur immobilier, les investissements lourds sont plutôt rares.
Alors, ce ne serait pas mal que les gouvernants fassent véritablement de la politique de l’habitat une priorité. Bien vrai, le Pag annonce environ 600 logements sociaux. Toutefois, pas sûr, même si c’est le cas, qu’avec la démographie galopante et des prix souvent hors de portée, le besoin d’avoir sa propre maison ne soit toujours très élevé.
Raison de plus, pour multiplier à cette fin, les banques de l’habitat. Ou, j’exagère à peine, avoir un regard bienveillant sur les prix des matériaux de construction. Sans quoi, attendons-nous à subir le diktat de la loi Aké ou, continuellement, avoir des remords. Car, on ne le dira jamais assez, le Béninois a une brique dans le ventre et sans son « Chez » ou ses maisons à louer, pas la peine d’imaginer qu’il est heureux. Et surtout pas besoin de lui dire qu’il est protégé et qu’il peut être fier de lui-même. Bref, au-delà de la loi sur le bail, donnons une réponse à une obsession béninoise. C’est plus sûr et c’est sans rancune !
Angelo DOSSOUMOU