« Bonne gouvernance au Bénin et bilan des deux ans de la Rupture ». C’est sur cette thématique que le professeur Roger Gbégnonvi a fait son décryptage sur les deux années de gouvernance de Patrice Talon. C’était ce dimanche 29 avril 2018 sur l’émission 90 mn pour convaincre de l’Ortb.
La gestion du pays par le chef de l’Etat Patrice Talon est différemment appréciée par chaque acteur. Alors que certains estiment que la gestion du pouvoir est catastrophique, d’autres voient le contraire. Entre ces derniers, figure le professeur Roger Gbégnonvi qui dresse un bilan très satisfaisant après 24 mois de gestion du pouvoir par le chef de l’Etat, Patrice Talon. Opinant sur les détracteurs du chef de l’Etat, l’éminent professeur pense que certains doivent se ranger au lieu de continuer à emmerder le peuple avec des railleries. Le dernier regroupement de Djeffa en dit long puisque l’ancien ministre dira que tous ceux qui se sont regroupés ne sont pas des exemples. « J’ai connu le frère Melkior (Albert Tévoédjrè) en politique quand j’avais 12 ans. Aujourd’hui, lui il a 88 ans. Ne peut-il pas se retirer ? », se demande-t-il. « Il a voulu créer un centre où tous les religions vont se croiser pour discuter. Il peut déjà se consacrer à cela », propose-t-il à son aîné. Concernant le président Soglo, Roger Gbégnonvi dira : « je ne sais pas ce qu’il veut encore ». Mais, il ajoute néanmoins que M. Soglo pleure son fils à qui la mairie a été retirée pour mauvaise gestion. L’ancien ministre de Boni Yayi pense que ce qui intéresse le peuple ce sont les actions de Patrice Talon.
Le défi contre l’impunité
Statuant sur la question de la lutte contre la corruption, Roger Gbégnonvi souhaite que le chef de l’Etat aille jusqu’au bout. « J’ai vu le président Patrice Talon avec les pharmaciens qui sont allés presque se mettre à genoux. J’ai honte à leur place », confie-t-il. Il pense que le député Atao Hinnouho, que les gens nomment comme acteur principale de cette affaire aura de difficulté à s’en sortir. « Je ne sais pas comment il pourra s’en sortir. C’est un fragrant délit », évoque-t-il. Imaginez que « lorsque nous sommes malades et nous allons à la pharmacie, il faut que nous soyons sûr que ce que nous achetons va nous sauver mais malheureusement tel n’est pas le cas avec ces médicaments dont on ne connaît même pas l’origine », se désole le professeur. Pour ce qui est de la levée de l’immunité du député, le professeur pense que c’est un jeu déjà raté. « Vous croyez que cette Assemblée nationale va permettre à leur collègue d’aller se mette devant la justice ? », se demande-t-il. Pour le professeur Roger Gbégnonvi, « Il y a beaucoup d’hommes sales à l’Assemblée ». La question de la majorité que détient le chef de l’état n’est pas forcément un atout pour lui. « Vous pensez que c’est parce que Patrice Talon a la majorité à l’Assemblée que cette majorité est propre ?››, questionne-t-il. L’autre chose qui témoigne de la volonté du chef de l’Etat à lutter effectivement contre la corruption est la situation des cantines scolaires où des directeurs d’école ont truqué l’effectif des enfants pour soutirer quelques sas de riz. « On dit que 17 directeurs d’école ont volé le riz destiné aux enfants. Il y a un journal qui a dit que le conseil des ministres a épargné les amis du chef de l’État. Le journal n’a pas contredit les faits dénoncés », remarque-t-il. Pour Roger Gbégnonvi, « La lutte contre l’impunité ne doit pas être sélective. Si elle est sélective tant mieux. Le chef de l’État ne va pas s’éterniser au pouvoir. Un jour, si un autre vient au pouvoir, il va livrer ses amis qu’il protège ». L’ancien ministre soutient que Talon a du pain sur la planche. Il estime que si les présidents ont souvent de problèmes quand ils sont élus pour faire face à la corruption c’est parce que certains disent, « il y tel ami qui est ici, tel autre qui est là ». Il n’y a pas de hiérarchie dans la lutte contre la corruption selon le professeur. « Même s’il y aura hiérarchie, c’est d’abord les directeurs qui ont volé du riz. Ils sont des éducateurs », martèle-t-il.
L’autre vision
« Si j’ai un conseil à lui donner, je lui dirai de créer un haut-commissariat de la culture et de l’écriture », avance-t-il. Pour lui, il y a des choses sur lesquelles il ne faut pas défier l’homme qui dirige le pays. « Le chef de l’Etat a fait les mathématiques et il a voulu être pilote. Il est homme d’affaires. Je ne peux pas lui reprocher ça. Il a dit qu’il fera des chiffres et il le fait », parlant ainsi des performances en ce qui concerne le coton. « Depuis que Talon est arrivé au pouvoir, j’ai glissé dans quelques chroniques des conseils. Est-ce que le président a le temps de lire ? Je reproche à ce gouvernement d’être trop technique », avoue le chroniqueur. A en croire le professeur, « six mois après son investiture, Patrice Talon a commencé par prendre des décisions impopulaires. Personne ne s’attendait de lui, à faire la lutte contre la corruption par exemple ». Il confie que « le jour où il nous a reçus, les notables de Ouidah, il nous a dit que Ouidah n’est pas le chef du département et il n’en sera pas. J’attends des milliards pour la ville de Ouidah », ce qui nous a choqué et nous nous sommes même dit qu’en cinq ans ce n’est pas possible d’espérer quelque chose de lui ». Aujourd’hui, les choses se dessinent. « Je crois qu’en deux ans, il a mis beaucoup de choses en chantier. L’aéroport de Glo-Djigbé, la Route des pêches etc. S’il met la moitié de ce qu’il a voulu faire en chantier, il fera de grandes choses d’ici cinq ans ». Abordant la situation de la crise sociale, le professeur pense que « les syndicalistes sont des jusqu’au-boutistes ». « Pour que la démocratie marche, il faut qu’il y ait dans la démocratie des corps non démocrates », affirme-t-il. Pour lui, c’est parce les grèves étaient répétées qui perdurent que « le gouvernement Boni Yayi, fatigué était obligé de signer des arrêtés et dire qu’il sera appliqué dans un an alors qu’il ne sera plus là ». Il soutient que les syndicalistes ont perdu. « Ils ont échoué à ne pas avoir ce qu’ils ne peuvent pas avoir. Ils ont perdu 3 mois qui ne seront jamais rattrapés. Ce n’est pas la responsabilité du gouvernement », défend-t-il. « C’est en cela que le président ne doit pas s’entourer que des cadres technocratiques », martèle Roger Gbégnonvi. Il voit déjà une année bâclée qui ne peut être comblée. « Je considère que l’année est perdue. À défaut d’année blanche, on aura une année grise. Je proposerais qu’on parle aux élèves. Les trois mois ne pourront jamais être rattrapés », déplore-t-il.
Giscard AMOUSSOU