Le député de la 15ème circonscription électorale du Bénin, Mohamed Atao Hinnouho s’est rendu chez le juge des libertés et de la détention du Tribunal de première instance de Cotonou dans le cadre de la procédure judiciaire de l’affaire dite de faux médicaments. C’était le vendredi 27 avril 2018.
Le député de la 15ème circonscription électorale en compagnie de l’un de ses avocats s’est rendu au tribunal ce vendredi pour être écouté par le juge d’instructions. Mais, il a été molesté par les officiers de police. « Après avoir été écouté par le juge d’instruction, nous avons été renvoyés devant le juge des libertés. Nous avons pris les escaliers pour nous rendre chez le juge des libertés quand des policiers en civil se sont jetés sur mon client Atao Hinnouho, ils l’ont molesté y compris moi-même. Il fallut l’intervention du juge et du procureur pour qu’ils se mettent à l’écart », a expliqué maître Alfred Bocovo, porte-parole du collectif des avocats du député. Il ajoute, ses agissements sont une fragrante violation de la Constitution béninoise en son article 90. « Quel que soit ce qu’on reproche au député, ils n’ont pas le droit de faire ça. C’est une violation de la Constitution » a-t-il confié.
Du Tribunal à l’hôpital
Acquitté par le juge, le député a été admis aux urgences au Centre national hospitalier et université Hubert K. Maga (CNHU-HKM) de Cotonou. « Mon client est dans un état déplorable. (…) Vu son état, le procureur a exigé qu’on l’amène par SAMU aux urgences au CNHU », a signifié l’avocat.
De son côté, le député dans son lit d’hôpital donne des détails de la situation. « Ils ont commencé par me brutalisé, ils m’ont molesté. Je n’ai jamais vu ça dans ma vie. Ils me donnaient des coups, ils me tabassaient. Ce que j’ai vécu!!! Non mais…. » a-t-il insisté.
Le Procureur s’explique
Pour sa part, le Procureur Gilbert Togbonon affirme que cette tentative d’arrestation se justifie par une ordonnance tendant au placement en détention préventive que le juge d’instruction aurait délivré à la suite de l’inculpation du député. « Ayant été informé de la présence de Monsieur Atao Hinnouho dans les locaux du tribunal de première instance de Cotonou, les officiers de police judiciaire ont mis en place un dispositif qui a permis de l’interpeller », a-t-il dit. Par rapport à l’état de santé du député, le procureur a notifié: « Devant le juge des libertés et de la détention, Monsieur Atao Hinnouho a fait savoir au ministère public qu’il aurait été brutalité et ressentait des malaises ».
…je suis devenu député… je me suis retiré de toute activité
Par ailleurs, Mohamed Atao Hinnouho a dévoilé son implication dans l’implantation du laboratoire New Césamex à ses collègues. « Je me suis investi pour que ce laboratoire accorde beaucoup de crédibilité au marché pharmaceutique béninois qui n’est même pas rentable vis-à-vis du marché des autres pays », a-t-il déclaré. « Le laboratoire opère sur le territoire béninois depuis plus de 10 ans mais depuis que moi je suis devenu député, (…) je me suis retiré de tout ce qui est pharmaceutique et de toute activité » a-t-il ajouté. Tout de même, il a gardé un droit de regard sur les opérations du laboratoire New Césamex au Bénin. « J’ai insisté pour que le laboratoire fasse les choses dans les règles de l’art. (…) Tous les produits du laboratoire reçoivent l’autorisation de mise sur le marché avant que je n’accepte qu’on les envoie sur le marché. Je veille toujours pour que la qualité des produits envoyés au Bénin soit irréprochable. (…) Le laboratoire travaille avec un indien ici (au Bénin – ndlr) qui a plein pouvoir de recruter qui il veut. Je n’ai aucun pouvoir dedans, je ne suis même pas actionnaire » a-t-il laissé entendre. En outre, le député se défend pour ce qui est des dépôts de produits pharmaceutique découverts à son domicile et dans certaines de ses propriétés. « C’est depuis 2002 que le sous-sol de ma maison a été loué pour être la représentation pharmaceutique de New Césamex (…) Je ne fais rien d’illégal » a-t-il exprimé.
Pour rappel, il est élu député de la 15ème circonscription électorale du Bénin pour la première fois en 2011 sur la liste du Parti du renouveau démocratique (PRD). Il a été réélu en 2015 sur la liste de sa propre formation politique, « le Réseau Atao », créée après sa démission du PRD en 2012.
Méchac J. AHODI