Elle s’est achevée, la première phase du Recensement administratif initial à vocation d’identification de la population (Ravip). Démarrée le 1er novembre 2017, elle a pris fin le lundi 30 avril dernier. Six mois durant, les populations ont été conviées à se faire enrôler dans le cadre de cette opération. Hésitantes et timorées au départ, elles se sont laissé convaincre et y ont pris goût. C’est ainsi qu’au fil des jours, des semaines et des mois, de longues files d’attente ont été notées au niveau des points d’enrôlement un peu partout sur l’ensemble du territoire national. Faisant preuve d’une patience à rude épreuve, les Béninois ont accompli leur devoir. Pour eux, le jeu était fort simple. Il fallait juste fournir des renseignements sur son identité, se laisser prendre ensuite en photo et enfin apposer ses empreintes digitales sur le support retenu à cet effet. Une fois ce processus achevé, ils pouvaient vaquer à leurs occupations.
L’intérêt pour le Ravip était si manifeste que des dizaines de milliers de citoyens ont bravé tous les obstacles pour se faire enrôler. Des difficultés matérielles de plusieurs ordres ont entamé le moral et l’enthousiasme des Béninois, mais la plupart ont tenu bon, car ils étaient déterminés à accomplir leur part du devoir. Passer une nuit entière au poste d’enrôlement dans l’espoir de trouver une place sur la liste d’inscription, ou quitter son lit au milieu de la nuit pour faire le guet jusqu’au lever du jour ont été le lot des populations qui n’ont pu bénéficier de facilités dans le cadre de cette opération. Ceux qui commettaient « l’erreur » de se présenter dans les centres d’enrôlement au lever du jour ou au milieu de la journée se sont vus purement et simplement congédier. C’est dans cette ambiance pesante où il fallait faire des sacrifices héroïques que les citoyens lambda ont passé ces six mois. Les derniers jours ont été pénibles pour ceux qui n’ont pu se faire enregistrer plus tôt.
Comme dans toute opération de recensement de la population, il y a des personnes qui sont laissées en rade. En attendant que les voix les plus autorisées situent ceux qui n’ont pu se faire enrôler sur leur sort, l’immense majorité des Béninois qui ont adhéré à cette opération sont en droit d’espérer jouir à présent des avantages qui leur ont été miroités. Les populations seront impatientes maintenant de bénéficier des monts et merveilles qui leur ont été promis. C’est en cela qu’il est capital que le reste du calendrier soit rendu public. Après la phase de traitement des données recueillies sur le terrain, qu’est-ce qui suivra ? Compte tenu de la polémique et de la grande réticence notée quant à ce recensement, les cadres chargés de son opérationnalisation sont appelés à jouer la carte de la transparence et de la crédibilité.
Découlant de la loi portant identification des personnes physiques entrée en vigueur en République du Bénin le 19 juin 2017, le Ravip servira à l’élaboration du registre national de la population. Tous ceux qui se sont fait enrôler, nationaux ou non, disposeront à terme d’un numéro personnel d’identification et d’une carte nationale électronique. Cette carte aux multiples fonctions servira de base à tous les actes administratifs. C’est dire que l’enjeu est de taille et la moindre erreur est susceptible de compromettre la suite du processus. Ce n’était pas gagné d’avance que les populations se mobilisent autour du Ravip. Il faudra, maintenant que la première phase est achevée, leur renvoyer l’ascenseur. Cela passe par la confection et la distribution de la carte nationale électronique. Le comité technique de pilotage sait ce qui lui reste à faire.
Moïse DOSSOUMOU