Sous la Rupture, l’argent public, on ne l’utilise pas à sa guise. Les consignes, on ne les transgresse pas et les responsabilités sont véritablement pleines de sens. Alors, fautifs vous êtes ? Pas de pitié pour vous. Les directeurs d’écoles épinglés pour le détournement des vivres des cantines scolaires ne diront pas le contraire. Depuis hier, 27 ex policiers et gendarmes l’apprennent à leurs dépens. Pour mauvaise gestion des fonds additionnels alloués aux unités de sécurité publique, ils sont purement et simplement radiés.
Chefs d’unités qu’ils sont, ils sont accusés d’avoir détourné les fonds destinés pour le renforcement du dispositif sécurités à d’autres fins. Certains auraient à peine soutiré une centaine de mille. Mais, c’est largement suffisant pour qu’ils paient au prix fort leur cupidité. Surtout, vu leur qualité, le Conseil des ministres en vertu de son pouvoir règlementaire, a eu vraiment la main lourde.
De mémoire de Béninois, il faut remonter à la Révolution sous le Général Mathieu Kérékou pour se rappeler des radiations et des sanctions aussi exemplaires. Mieux, c’est en l’espace de quelques jours que 17 Directeurs d’écoles et 27 ex policiers et gendarmes passent à la trappe. Le signal est on ne peut plus clair. Au pays de Talon, la sanction est de retour.
A un rythme infernal, les temps ont changé, et désormais, à la moindre irrégularité dans leur gestion, les travailleurs des services publics peuvent s’attendre, non seulement à la radiation, mais aussi aux poursuites judiciaires. Déjà, au pays de l’interventionnisme et de l’impunité, on ne dira plus : « nous sommes entre nous ». Sous la Rupture, une chose est, à peu près, sûre : « tu gaffes, tu te fais prendre et, aussitôt, tu goûtes à la descente aux enfers.
En tout cas, ceux qui s’attendaient à avoir un président, un peu comme un prélat dans le confessionnal, qui vous accorde l’absolution quels que soient vos péchés, savent ce qui les attend. Si, entretemps, ils n’avaient pas bien compris les sermons du chantre du Nouveau départ, avec les cobayes qui tombent sous leurs yeux, ils n’en auront plus besoin. Pas la peine donc de faire constater que les actes parlent plus que les mots. Et que pour lutter contre la corruption et prévenir la prévarication, Talon a mis la barre très haut.
Dans un tel contexte, je suis bien curieux de voir si le Béninois est aussi téméraire. D’ailleurs, il faut vraiment être possédé pour prendre le risque de perdre son boulot pour des miettes. Plus grave, vous êtes exécutés pour vos péchés, et, il n’y a même pas de place pour vous au purgatoire.
Alors, quand l’épée de Damoclès plane, à quoi bon succomber à la tentation si, c’est pour être publiquement crucifié ? Des siècles avant Talon, l’évangéliste Saint Matthieu avait tout compris : « Si ton œil droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le et jette-le loin de toi. Car, il est avantageux pour toi qu’un seul de tes membres périsse, et que ton corps entier ne soit pas jeté dans la géhenne ». Comprendra qui veut comprendre. Et subira la foudre de la Rupture, qui jouera avec les fonds publics. A chacun son choix.
Angelo DOSSOUMOU