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Diplomatie : Côte d’Ivoire-ONU, Bernard Boutchoué s’abstient dans le verre !
Publié le jeudi 3 mai 2018  |  Matin libre




Le mardi 10 avril 2018, le Conseil de sécurité n’a adopté aucun des trois projets résolution sur l'utilisation d'armes chimiques en Syrie. La Russie a mis son veto au premier projet de résolution déposé par les Etats-Unis et qui prévoyait la création d’un nouveau mécanisme d’enquête indépendant des Nations Unies sur le recours aux armes chimiques en Syrie. C’est notamment sur le projet russe qui prévoyait la création d’un organe d’experts tout en donnant au Conseil de sécurité la responsabilité de désigner les responsables que la Côte d’Ivoire s’est illustrée en sa qualité de membre non permanent du Conseil de sécurité. Elle est y est pour avoir été élue en juin 2017. Le projet russe n’a pas été adopté car il n’a obtenu que six (06) voix en sa faveur (Bolivie, Chine, Ethiopie, Guinée équatoriale, Kazakhstan et Russie). Sept pays ont voté contre (France, Pays-Bas, Pérou, Pologne, Suède, Royaume-Uni et Etats-Unis) et deux se sont abstenus (Côte d’Ivoire et Koweït). L’abstention de la Côte d’Ivoire représentée par l’ambassadeur Bernard Tanoh-Boutché n’a pas été du goût de Paris qui s’est plaint auprès du Ministre ivoirien de la Défense, Mohamed Bakayoko. Aussitôt, l’ambassadeur a été rappelé pour consultation (I) afin de participer à une réunion de haut pour dissiper le malentendu supposé entre le vote de la France et de la Côte d’Ivoire (II).

I. Le Rappel pour consultation de l’ambassadeur Boutché

Les circonstances du rappel pour consultation de l’ambassadeur Bernard Tanoh-Boutché sont tout aussi étrangères qu’étranges à la règle diplomatique. Et pour cause.

La Russie exerçant son droit de veto sur la situation en Syrie relative à l’usage plausible d’armes chimiques a introduit un projet qui n’a pas été adopté. Le vote a été défavorable. Sept (07) pays ont voté à l’instar de la France tandis que la Côte d’Ivoire s’est abstenue. Le diplomate Bernard Boutché n’a pas émis un vote au hasard. Il a suivi les instructions du Ministre des Affaires Etrangères de la Côte d’Ivoire. Ce qui est la règle. Le Ministre des Affaires Etrangères étant membre d’un gouvernement dont le Chef et le Président de la République ont des compétences partagées en matière de diplomatie et de relations internationales. Autrement dit, l’ambassadeur Bernard Tanoh-Boutché ne s’est pas écarté de la ligne diplomatique de l’Etat de Côte d’Ivoire.

Le vote de la Côte d’Ivoire a mis mal à l’aise la France qui s’est étonnée de l’émancipation de ce géant de l’Uemoa ; comme un enfant placé qui n’a de voix que celle de son maître. Les temps ont changé, les hommes aussi, les méthodes plus encore et les enjeux plus certains. En se plaignant au Ministre de la Défense de la Côte d’Ivoire, l’ambassadeur de la France à l’ONU est dans l’informel. Il est entré dans les échanges bilatéraux franco-ivoiriens par les volets alors que par la grande porte, son entrée aurait pu être salutaire. L’effet escompté est obtenu : le rappel pour consultation. Ce qui du coup montre que la configuration du gouvernement ivoirien est complexe et met de facto en courroux le Chef de la diplomatie ivoirienne. Peut-on à partir de ce fait en déduire qu’il y a conflit entre la France et la Côte d’Ivoire ? C’est là le vrai problème. Il ne s’agit pas d’un vote en bande organisée. Il s’agit de négociations. La position de la Côte d’Ivoire ne saurait être dogmatique. Loin de la théorie, il semble bien que la France est bien dans la posture de la tutelle car le rappel temporaire de l'ambassadeur BOUTCHE par son gouvernement pour « consultation » montre qu’on voudrait rassurer un partenaire menaçant.

II. Le malentendu dissipé !?

Une réunion d’explication a eu lieu à Abidjan pour tenter d’aplanir les divergences. C’était au Ministère des Affaires Etrangères de la Côte d’Ivoire en présence de diplomates français, britanniques et américains. Si l’enjeu en Syrie est de taille, il nécessite bel et bien qu’il soit compris. La Côte d’Ivoire est certes redevable à la France pour son élection en juin 2017 mais ce n’est pas assez pour être entraînée dans des aventures ambigües. Il s’agit d’une question de diplomatie, de géostratégie, de relations internationales. Tout se discute et se négocie. Il n’y a pas de petit Etat ou d’Etat godillot.

Il convient de rappeler qu’il s’agissait de mettre en place un mécanisme qui aura pour but de prendre la place laissée vacante par le Mécanisme d’enquête conjoint de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) et de l’ONU dont le mandat est arrivé à échéance.

En conclusion, l’Ambassadeur Bernard Tanoh-Boutché , ambassadeur de la Côte d’Ivoire auprès des Nations-Unies n’a commis aucune faute diplomatique. Au contraire, il mérite bien des lauriers.

TAUYE DE SAINT HERBERT HOUNGNIBO
EDITORIALISTE
DROIT INTERNATIONAL ET INSTITUTIONS DIPLOMATIQUES
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