Grève d’humeur des magistrats pour défalcations sur salaires et quatre longs mois de gâchis. A l’évidence, tout ce temps perdu ne sera jamais rattrapé. Et les préjudices aux justiciables et à l’Etat, comme d’habitude, on s’en moquera, et sans que cela ne gêne personne, la vie continuera. Tranquillement, elle reprendra son cours, avec à l’horizon, de nouvelles grèves précipitées puis des suspensions tout aussi drôles et curieuses. Avant d’y arriver, en fin de semaine dernière, l’Unamab a mis toute une éternité à tourner en rond et à perdre des plumes.
Et pour cause, si le syndicat des magistrats a été obligé de suspendre son mouvement de débrayage, c’est parce qu’à 70%, le mot d’ordre n’était plus suivi. Las de poireauter à la maison, la plupart des syndiqués de l’Unamab avaient, en leur âme et conscience, décidé d’être présents au poste. Evidemment, la désobéissance au mot d’ordre des responsables syndicaux témoigne de ce que la grève n’était plus pertinente.
Alors, pour les prochaines fois, grandes leçons à retenir par l’Unamab et au-delà par tous les syndicalistes : le recours à la grève ne doit plus être un réflexe pavlovien. Avant l’ultime grève, toutes les voies de négociations doivent être essayées. Et donc, avec une main tremblante faudra-t-il désormais que les syndicalistes utilisent l’arme la plus dangereuse contre la paix sociale.
Autrement, ils auront toujours tout faux, et au lieu d’être une force et la demeurer, à l’allure où vont les choses, ils deviendront l’ombre d’eux-mêmes. La preuve, les syndiqués restent, de moins en moins longtemps, sur la même longueur d’onde que les responsables syndicaux. Pourtant, tout part d’une adhésion massive aux motions de grève. Mais, quand l’exagération s’en mêle, très souvent, le mouvement s’essouffle et la pertinence des causes défendues s’effondre.
Sinon, que l’Unamab réclame des droits pour ses syndiqués, use de tous les moyens pour se faire entendre, c’est dans l’ordre normal des choses. Mais, qu’elle menace contre d’éventuelles défalcations, déclenche une grève à la va-vite et mette quatre mois avant de revenir à la raison, cela se comprend difficilement. Déjà, que leur grève soit illégale ou pas, c’est au juge administratif de nous le dire. Que l’Etat se fonde là-dessus pour aller à la défalcation, c’est surtout à eux, hommes de droit, d’enclencher une procédure pour démontrer leur bonne foi.
Mais, quand d’un côté, des magistrats s’empressent de se donner raison et bandent les muscles et que de l’autre, l’Exécutif ne veut pas perdre la face et brandit l’autorité de l’Etat, ce sont les populations qui, malheureusement, ramassent les pots cassés. Raison pour laquelle, en dépit de la suspension de la grève de l’Unamab qui n’a fait que trop durer, j’ai du mal à décerner un satisfecit. Une fois encore, j’emprunterai à Steve Lambert sa clairvoyance pour dire aux uns et aux autres, « qui pense avoir raison se trompe souvent ».
De même, à l’école de Patrick Louis Richard je les invite pour qu’ils apprennent que « progresser, c’est savoir s’arrêter pour mieux avancer… ». En définitive, qu’elle ait raison ou pas, l’Unamab n’a pas joué toutes ses cartes avant le recours à la grève. Aujourd’hui et quatre mois après, j’exagère peut-être mais, il est clair qu’elle sort par la petite porte. C’est dommage et à l’avenir, avec moins de grèves et beaucoup plus de concessions dans l’intérêt du peuple, ils seront applaudis ! Et très applaudis.
Angelo DOSSOUMOU