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Editorial : Les coupables à la barre
Publié le lundi 7 mai 2018  |  Fraternité
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© Autre presse par DR
Le palais de justice Béninois




C’est une plénière très attendue. Elle est présentée comme celle de toutes les révélations. L’ordre du jour intéresse tout particulièrement les députés. La sulfureuse affaire de construction du nouveau siège de l’Assemblée nationale ne finit pas de défrayer la chronique. Le 11 novembre 2008, Boni Yayi posait la première pierre de ce qui devrait être un édifice ultramoderne. Par ce geste, l’ex chef d’Etat a voulu faire d’une pierre deux coups. Non seulement, il concrétisait ainsi sa volonté d’œuvrer à la réhabilitation de la capitale administrative du Bénin, mais il offrait par la même occasion aux élus du peuple la possibilité d’exécuter leur mission dans de bonnes conditions de travail. Les premiers coups de pioche ont été donnés en février 2009 et rendez-vous avait été pris pour l’inauguration 24 mois plus tard. Une décennie après, les travaux piétinent toujours en dépit de plusieurs relances. Les députés, excédés par leurs conditions de travail récemment allégées par l’édification d’un nouveau bloc administratif sur le site du palais des gouverneurs, rongent leur frein.
Depuis dix ans, ce chantier occupe les esprits. Situé juste à l’entrée de la ville de Porto-Novo près de la lagune, il s’offre à la vue des milliers de personnes qui s’aventurent dans la capitale ou qui y transitent au quotidien. Un sentiment de désolation, d’impuissance ou de révolte anime toujours les Béninois face à ce gâchis qui tarde à être réparé. Sous le précédent régime, des audits, des descentes inopinées et répétées des autorités ministérielles n’ont pu faire bouger les choses. La dure loi des maîtres de la corruption et des malversations a toujours pris le dessus. Aux premières heures de l’éclatement de ce scandale, dans la quête de la manifestation de la vérité, la justice a mis sous mandat de dépôt des cadres de l’administration et l’entrepreneur principal en charge du gros œuvre. Mais ce séjour carcéral n’a pas servi à grand-chose. A ce jour, ils ont tous été libérés sans que le chantier ne soit achevé.
La 7ème législature démarre en fanfare cette nouvelle semaine. Une fois de plus, cette affaire fera grand bruit. Sur la base des nouveaux éléments qui leur seront communiqués aujourd’hui par le gouvernement, les députés ne se feront pas prier pour monter sur leurs grands chevaux. Point besoin d’être un devin pour connaître à l’avance le plat de résistance des discussions. Des dénonciations, des accusations et des appels à la sanction vont meubler l’essentiel des échanges. Directement concernés par l’affaire, les élus du peuple voudront taper du poing sur la table pour décourager ces pratiques qui retardent le développement du pays. Ils voudront sans doute passer à la vitesse supérieure en invitant le gouvernement à prendre ses responsabilités. En termes clairs, il s’agira de faire rendre gorge à ceux et celles qui ont usé de leurs titres et positionnements dans l’appareil d’Etat pour hypothéquer la concrétisation de ce projet.
S’il est souhaitable que toute la lumière soit faite sur ce dossier afin que le chantier soit relancé et conduit à son terme dans des délais raisonnables, il est encore plus urgent, au nom de l’assainissement des mœurs publiques, que les coupables reconnus comme tels, subissent la rigueur de la loi. 14 milliards de nos francs ont été impunément engloutis dans cette nébuleuse et les ouvrages physiques réalisés dans ce cadre sont loin de valoir ce montant. Toutes les fois que ce dossier est agité, il n’aboutit à rien si ce ne sont des déclarations tapageuses en trompe l’œil. Cette fois-ci, la justice devra agir dans l’intérêt supérieur de la nation. Aujourd’hui plus qu’hier, le droit doit être dit et les coupables sanctionnés. Tout comme les menus fretins, les délinquants à col blanc qui dilapident les sous du contribuable pour de vils desseins, sont aussi des clients privilégiés des sessions des cours d’assises. Dans le cas d’espèce, la rupture avec les décisions de non-lieu qui sanctionnent souvent la comparution des « intouchables » s’impose.
Moïse DOSSOUMOU
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