Après vingt-sept ans d’application, l’ancien règlement intérieur en vigueur dans les établissements maternels et primaires au Bénin est remplacé par un nouveau. Il a été révélé par la Coalition béninoise des organisations pour l’éducation pour tous (Cbo-Ept) au cours d’une conférence de presse, vendredi 4 mai dernier à Cotonou et à laquelle ont pris part des représentants du ministère des Enseignements maternel et primaire.
Les faits et gestes au sein des écoles maternelles et primaires publiques et privées du Bénin sont régis depuis le 26 mars 2018 par un nouveau règlement intérieur. Pour vulgariser ce texte réglementaire, la Coalition béninoise des organisations pour l’éducation pour tous (Cbo-Ept) a organisé la présente conférence de presse.
Il s’agit de l’arrêté N° 034/Memp/Dc/Sgm/Ctj/Dep/Sp/Sa 025Sgg18 du 26 mars 2018 portant modification du Règlement intérieur des écoles maternelles et primaires publiques et privées en République du Bénin et signé du ministre Salimane Karimou. Contrairement à l’ancien texte de 10 chapitres, celui-ci en compte 19 avec 63 articles. Son champ d’application concerne non seulement les élèves mais aussi s’étend aux autres usagers de l’école. Insistant sur les modifications apportées, Berthe Tèhou, représentant pays de l’Ong Aide et action internationale, membre de la Cbo-Ept, indique que le nouveau texte a 9 chapitres de plus que l’ancien. Ces derniers, explique-t-elle, traitent de la protection des écoliers handicapés, de la protection contre les atteintes sexuelles, du décrochage et de l’orientation professionnelle, de l’interdiction des châtiments corporels et traitements inhumains et dégradants. Les questions des vendeuses dans l’école, de l’utilisation des latrines, de la solidarité et l’esprit de groupe, du gardien de l’école et d’autres personnels de soutien et de l’utilisation des langues maternelles font chacune également l’objet d’un chapitre. Ainsi par exemple, il n’est plus question de renvoyer un écolier pour insuffisance de travail mais de procéder plutôt à une orientation professionnelle. De même, le fait pour un élève de parler sa langue maternelle à l’école ne constitue plus une faute punissable, note Berthe Tèhou. Aussi obligation est-elle faite à l’école « d’assurer la promotion et l’utilisation de nos langues nationales, de la langue des signes et de l’écriture braille ».
Les failles de l’ancien règlement
Evoquant la caducité de l’ancien texte, Mohamadou Yarou, représentant de Plan international Bénin, expose les motifs de sa révision. Selon lui, les dispositions de ce règlement intérieur avaient seulement ciblé les apprenants et étaient totalement muettes sur les comportements attendus des autres usagers de l’école dont en première ligne les enseignants. Dans ces conditions, les enfants sont victimes, entre autres, de châtiments corporels. Pour souligner l’ampleur du phénomène, MohamadouYarou a cité des enquêtes réalisées par sa structure en collaboration avec d’autres Organisations de la Société civile sur la question entre 2015 et 2018 dans l’Atacora. Il rapporte que 86 % des apprenants filles et garçons sont victimes de châtiments corporels en 2015. La situation s’est aggravée en 2016 où 89 % des enfants en sont victimes alors qu’en mars 2018, le phénomène a considérablement régressé avec 52 % touchés par le mal toujours dans ce département du septentrion. « Ce qui constitue un frein pour la réussite scolaire des enfants », souligne Mohamadou Yarou ajoutant que les auteurs de ces actes et ceux des abus sexuels ne sont pas toujours inquiétés. « Avec l’avènement du nouveau règlement, plus rien ne sera comme avant », avertit-il. Car ses dispositions prennent en compte celles de la Loi n°2015-08 du 8 décembre 2015 portant Code de l’enfant en République du Bénin, explique-t-il.
Le processus d’élaboration du nouveau règlement intérieur, dévoile Thomas Kossi Kakpo, président de la Cbo-Ept, s’est déroulé suivant la démarche participative. Il a impliqué toutes les catégories d’acteurs de l’école avec plusieurs étapes, assure-t-il.
Se félicitant de l’élaboration du nouveau texte, le représentant du ministre des Enseignements maternel et primaire, Roch Ahokpossi, assure que l’arrêté ne sera pas jeté dans les tiroirs. Selon lui, le ministre a déjà pris les dispositions pour sa vulgarisation qui sera suivie de l’élaboration d’une charte par chaque établissement pour une meilleure application.
Alain ALLABI