Dépassé par les redressements fiscaux et les actes que pose le gouvernement béninois à l’endroit de ses entreprises, l’homme d’affaire béninois ayant occupé la 3ème place lors de la présidentielle de mars 2016, Sébastien Ajavon a dû former une plainte près la Cour africaine des droits de l’homme. Lors d’une audience publique opposant l’Etat béninois à l’opérateur économique à Arusha (Tanzanie), ce mercredi, les avocats de Sébastien Ajavon ont demandé la « protection » de la Cour africaine des droits de l’homme et réclament plus de 800 millions d’euros de dommages et intérêts à l’Etat béninois. En effet, pour atteinte à « son droit à la liberté, à son droit à la propriété, à son droit à un procès équitable, ainsi qu’à son droit à la présomption d’innocence », Sébastien Ajavon demande à être dédommagé. « Notre client, Sébastien Ajavon, demande la protection de sa personne et de ses droits devant votre juridiction, la juridiction béninoise n’étant pas en mesure de le faire », a expliqué à la Cour Me Julien Bensimhon, l’un des quatre avocats présents au premier jour d’audience publique à Arusha, retransmise en direct sur les réseaux sociaux. Lors du réquisitoire, l’accusation demande à l’Etat béninois de payer des préjudices moraux et commerciaux et des dommages et intérêts à hauteur 830 millions d’euros. Tour à tour, les avocats de Sébastien Ajavon sont revenus sur les affaires qu’ils qualifient « d’acharnement » et de « complot ourdi » contre leur client depuis fin 2016.Ils ont notamment évoqué la saisie de 18 kg de cocaïne dans un conteneur de sa société d’importation — affaire pour laquelle il a été relaxé–, mais aussi la suspension pendant plusieurs mois de deux médias dont il est le propriétaire, et plus récemment un redressement fiscal contre sa société d’importation à hauteur de 254 millions d’euros. Selon l’Agence France Presse, deux des trois témoins qui devaient se présenter à la barre, mercredi, n’ont pas fait le voyage jusqu’en Tanzanie, déclarant avoir reçu des menaces, dans un procès-verbal.
L’Etat béninois clame l’irrecevabilité de la requête
De leur côté, les avocats de la défense mettent en cause le principe même de saisine de la Cour africaine, affirmant que « tous les recours judiciaires internes n’ont pas été épuisés ». « La requête du requérant est irrecevable devant votre juridiction », a affirmé Me Elie Kponou, avocat pour l’Etat béninois, dénonçant également des « termes outrageants » de la part de l’accusation.D’autre part, « vous n’êtes pas là pour réparer des manques à gagner commerciaux », a-t-il déclaré aux juges, faisant référence aux pertes du chiffre d’affaires des compagnies de Sébastien Ajavon. L’homme d’affaires Sébastien Ajavon, arrivé troisième à la présidentielle 2016, avec 23% des voix, a été un soutien de taille pour l’actuel chef d’Etat Patrice Talon au second tour de la présidentielle. Sébastien Ajavon, comme il faut s’en douter, a lancé, fin mars dernier, son parti, l’Union sociale Libérale (USL), et a fait connaître ses ambitions pour le prochain scrutin présidentiel, prévu pour 2021.