Ils ont décidé de se parler à nouveau. Le gouvernement et les partenaires sociaux semblent disposés à fumer le calumet de la paix. Finie la période de crispation et de cristallisation des positions. En quelques semaines, de l’eau a coulé sous le pont. Aujourd’hui plus qu’hier, les décideurs et les travailleurs sont prêts à transcender leurs divergences au nom de la cause commune. L’ambiance de travail qui a prévalu vendredi dernier entre les deux parties permet d’entretenir l’espoir. La reprise des travaux de la première session ordinaire de la commission nationale permanente de concertation et de négociations collectives au titre de l’année 2018 s’est déroulée sous de bons auspices. Décontractés, enjoués, les représentants de chaque partie ont mis un point d’honneur à répondre présents à ce rendez-vous qui se présente comme celui du renouveau. Il était temps que les rapports souvent tendus entre gouvernants et syndicats perdent en virulence et gagnent en maturité.
Le contexte particulier dans lequel se tient cette séance de concertation et de négociations ne peut être passé sous silence. En effet, les syndicats, les plus coriaces, viennent tout juste de ranger leurs armes. Il y a encore quelques semaines, la crise sociale était à son paroxysme. Si l’administration dans son ensemble n’était pas entièrement paralysée, des secteurs sensibles ont connu des débrayages, trois mois durant. La justice à travers les magistrats, la santé par le biais du personnel soignant et l’enseignement notamment les précepteurs de la maternelle, du primaire et du secondaire ont tourné au ralenti. Les incessants appels à la reprise du travail n’ont pas trouvé un écho favorable auprès des différents syndicats qui tenaient mordicus à obtenir gain de cause. L’implication du chef de l’Etat aux premières heures de cette fronde sociale n’a pas non plus porté ses fruits. Mais, de fil en aiguille, les résistances sont tombées une à une et tous les syndicats ont fini par lever leurs motions de grève.
La plupart des travailleurs qui ont décidé en assemblée générale d’aller en grève sous la bannière de leurs syndicats respectifs n’ont pas obtenu satisfaction quant à leurs revendications. L’argument massue, celui de l’indisponibilité des ressources financières a été constamment brandi par le gouvernement qui n’a pas démordu. Le comble, c’est qu’au lieu de glaner des avantages, les agents en grève n’ont récolté que des défalcations sur salaires. Il aurait suffi, aux temps forts de la crise, que chaque partie prenne de la hauteur pour qu’elle soit conjuguée au passé beaucoup plus vite qu’elle ne l’a été. Dans les écoles, les enseignants s’attelent à pas de charges, sur la base du calendrier scolaire réaménagé, à sauver les meubles. Pour ce qui est des hôpitaux et des cours et tribunaux, les justiciables, tout en poussant un ouf de soulagement, espèrent ne plus avoir à subir les effets collatéraux des bras de fer répétitifs entre le gouvernement et l’Union nationale des magistrats du Bénin (Unamab).
« Après la pluie, c’est le beau temps », enseigne une sagesse populaire. Maintenant que tout est remis à plat, le gouvernement et les partenaires sociaux peuvent échanger en toute sérénité. En tirant leçon des récents désaccords qui les ont opposés, ils sont appelés à faire preuve de plus de responsabilité dans leurs prises de positions, de part et d’autre. Le dialogue social est la solution aux incompréhensions, c’est l’instrument par excellence qui aplanit les divergences et favorise le consensus entre acteurs. La meilleure option, c’est de prévenir les crises au lieu de chercher à les résoudre. Puisque la balle est désormais à terre, le gouvernement et les centrales et confédérations syndicales gagneraient à assainir leurs relations en vue d’un nouveau départ. En scellant un nouveau pacte, celui du patriotisme et de l’engagement citoyen, les deux camps s’investiront, chacun dans son couloir, à l’avènement d’un dialogue social fructueux.
Moïse DOSSOUMOU