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En vérité : Corrompus sur le qui-vive !
Publié le mercredi 16 mai 2018  |  Fraternité
Police
© Autre presse par DR
Police béninoise




Chat échaudé craint l’eau froide ou, si vous voulez, un homme prévenu en vaut deux. Je ne vous le fais pas dire. Depuis que l’épée de la radiation plane au-dessus des têtes des agents indélicats, l’intégrité est subitement devenue chez eux tous, sans exception, la chose la mieux partagée. Tellement, la peur a eu son effet dissuasif qu’il faut désormais réfléchir par trois fois avant de tendre un billet à un policier ou de déposer un caillou sur son dossier.
Sinon, sous la Rupture, le risque est grand que votre geste, entretemps anodin, vous coûte tout bêtement une condamnation. Pour s’être essayé à ce jeu avec un policier, un Indopakistanais voulant un petit arrangement pour retirer une moto arrêtée, en a fait les frais. Un billet de 5000 FCFA pour arranger l’affaire avec l’agent de sécurité et le voilà qui écope de 12 mois d’emprisonnement avec sursis pour flagrant délit de corruption.
Pour qui connaît le contexte de méfiance générale, suite aux signaux marquant l’engagement du régime en place à lutter contre la corruption, dira que le policier, aujourd’hui héros, n’a juste fait qu’éloigner un danger qui pouvait, à tout moment, se retourner contre lui. Qu’on le veuille ou non, le mérite revient surtout à cette gouvernance de Rupture qui fait changer les mauvaises habitudes.
D’ailleurs, quand des agents en viennent à décliner des pots-de-vin, et, plus loin, dénoncent les corrupteurs, manifestement, au pays de Talon, la peur a changé de camp. Alors, conseil d’ami aux usagers de la route, ne faites pas l’erreur de ne pas être en règle. Et si, par mégarde, cela vous arrivait, ne comptez pas sur des interventions et faites ce qui vous sera exigé. A propos, des opérations policières sont actuellement en cours, et par ces temps où les poches saignent sérieusement, malheur à qui se fera prendre.
Tout au moins, quand on sait sur quel pied danser, on devrait appréhender jusqu’où ne pas aller. Du moins, le mal s’évite de loin. Et puisqu’en matière de lutte contre la corruption, l’heure n’est pas à la plaisanterie mais plutôt à des sanctions dissuasives, chacun cherche à sauver sa tête. Eh oui, d’un scepticisme longtemps ambiant, ressort un policier exemplaire qui nous prouve qu’avec un peu plus de fermeté, la sagesse gagnera davantage les rangs.
Disons-le tout de suite, le Béninois est tout aussi perméable à la vertu que le Coréen, le Danois, le Canadien ou le Botswanais. En définitive, après les années de laisser-aller, il fallait juste une thérapie de choc pour remettre les choses à l’endroit. Manifestement, le signal est bien compris et l’éthique peut, si le régime en place maintient le cap, avoir de beaux jours devant elle. Mais encore, faudra-t-il que l’élan reste tel et qu’avec le temps, la politique ne vienne pas s’y mêler. Pour le moment, Saint Thomas sait qu’au Bénin, un policier a résisté à l’argent. Mais, ce qu’il devrait apprendre et garder définitivement pour lui, c’est comme le dit un proverbe chinois, qu’ « il suffit d’un morceau de viande corrompu pour gâter le bouillon de toute la marmite ». Vérité amère mais, sous la Rupture, vérité absolue !
Angelo DOSSOUMOU
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