Offensive diplomatique du Nonce apostolique, et Talon qui s’envole pour une visite officielle au Vatican. Ce vendredi, la diplomatie béninoise s’exporte, direction le Saint siège, avec dans ses valises ses atouts économiques, touristiques et surtout son identité cultuelle. Coïncidence peut-être, mais dix ans après que le Cardinal Gantin a rejoint le père céleste, Talon est l’invité d’honneur du Pape François. Certainement pour renforcer l’axe Vatican-Bénin mais, sans doute aussi, évoquer les questions religieuses.
Forcément, qui va à Rome, parle de croyance mais rêve aussi d’une Venise pour son pays. Et c’est un secret de Polichinelle qu’entre le Saint père et le président Patrice Talon, se dressera d’abord l’immense Eglise catholique romaine. Attentivement et jalousement, le Saint siège veille sur ses brebis. Au pays de Gantin, l’un de ses dignes et fidèles serviteurs, l’évangélisation et la croyance ne peuvent qu’être donc une légitime préoccupation. Alors, le Vatican ne se gênera pas de se donner tous les moyens de maintenir son influence politico-religieuse sur le Bénin.
D’ailleurs, pour le Clergé, l’Afrique est, de plus en plus, incontournable. Malgré la résistance des religions endogènes et d’autres importées ou qui naissent, la diplomatie papale se met en branle pour garder le maximum de ses millions de fidèles. En somme, ce vendredi, Patrice Talon sera l’hôte d’une Institution puissante. Mais, la religion est l’opium du peuple et, étant censé être au-dessus de la mêlée, il ne déshabillera certainement pas Pierre, pour habiller Paul.
Mieux, au Bénin, la diversité religieuse est une richesse et, jusqu’ici, la tolérance est, plus ou moins, de mise. Déjà, sur le plan touristique, le Vodoun est le plus grand visa cultuel. De leur côté, les Catholiques peuvent se vanter du monde que draine le pèlerinage au cours du mois marial à Dassa. Il en est de même de celui des fidèles du Christianisme céleste à la plage de Sèmè à la fin de chaque année. N’oublions pas aussi les multiples randonnées des Daagbovi à Banamè.
En un mot, berceau du Vodoun, du Christianisme céleste et pays du Dieu de Banamè, le Bénin au Vatican, ce n’est, ni plus ni moins, qu’une vitrine exotérique bien fournie. Maintenant que le tourisme est la clé de voûte du Pag, au lieu de craindre l’humeur du Vatican, il faut plutôt lui vendre une diversité religieuse agissante. Mais ça, c’est le travail des responsables en charge du tourisme.
Aussi, du Vatican à Rome et pourquoi pas à Venise, il n’y a qu’un pas, et j’imagine mal que la délégation présidentielle se contente juste de visiter des basiliques. En plus clair, à l’école de ce patrimoine culturel mondial, il n’y a pas meilleure occasion pour y aller et abondamment puiser des expériences, pour sauver la destination « Ganvié ». Mais avant, souhaitons bon vent à l’axe Bénin-Vatican et que toutes les offensives diplomatiques, à venir, de nos dignes ambassadeurs, avec la bénédiction du Saint père, soient fructueuses. Ainsi soit-il !
Angelo DOSSOUMOU