Les dés sont jetés. Ils sont maintenant connus, les futurs membres de la Cour constitutionnelle. Dans quelques jours, les sept nouveaux sages qui auront la délicate mais exaltante mission de juger de la constitutionnalité de la loi, de garantir les droits fondamentaux de la personne humaine de même que les libertés publiques et de réguler le fonctionnement des institutions et l’activité des pouvoirs publics seront installés dans leurs fonctions. L’équipe actuellement dirigée par le Professeur Théodore Holo s’en ira de l’autre côté de la scène, après avoir rendu de bons et loyaux services à la République. Dans quelques semaines, ce sera la 5ème fois que ce passage de témoin rythme la vie de cette prestigieuse institution depuis 1993 où la première mandature a été installée. L’histoire retiendra pour le compte de cette nouvelle équipe le nom d’une seule femme sur les sept membres qui la composent.
Conformément à leurs prérogatives constitutionnelles, le bureau de l’Assemblée nationale et le président de la République ont accompli leur devoir. En effet, selon l’article 115 de la Constitution, « la Cour constitutionnelle est composée de sept membres dont quatre sont nommés par le bureau de l’Assemblée nationale et trois par le président de la République pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois ». C’est ainsi que sous la houlette de Adrien Houngbédji, le bureau du parlement a procédé à la désignation de quatre personnalités. Hier mercredi, le chef de l’Etat a complété la liste en nommant à son tour trois autres personnalités. Une seule femme a réussi à obtenir la confiance de Patrice Talon. Du côté de la Représentation nationale, aucune place n’a été accordée à la gent féminine. Or, ce ne sont pas des femmes de grande réputation professionnelle qui manquent à l’appel.
Curieusement, l’Assemblée nationale qui est l’émanation même des populations n’a pas jugé utile de faire recours à tout au moins une femme sur les quatre personnalités qu’il lui revient de désigner. Et c’est le président de la République qui avait déjà affirmé qu’il ne fera pas de la promotion de la femme une obsession qui est venue sauver les meubles. Le comble aurait été qu’aucune femme n’ait été désignée pour siéger à la Cour constitutionnelle pour les cinq années à venir. Dans un passé récent, deux femmes et pas des moindres ont eu l’insigne honneur de prendre la direction de cette juridiction constitutionnelle naissante. Elisabeth Pognon et feu Conceptia Ouinsou ont prouvé qu’en faisant confiance à des femmes capables, elles sont à même de relever de grands défis. Ce sont ces deux dames de fer qui ont posé, tour à tour, les solides fondations de la Cour constitutionnelle quinze années durant. Leurs successeurs Robert Dossou et Théodore Holo leur ont emboîté le pas.
Cécile Marie-Josée de Dravo épouse Zinzindohoué a réussi à tirer son épingle du jeu. Elle représentera seule la gent féminine au sein de ce cénacle considéré comme la clé de voûte du système institutionnel béninois. C’est un coup de massue que reçoivent ainsi ceux et celles qui s’investissent sans relâche pour la valorisation de la femme béninoise. Que les femmes soient mieux représentées dans les instances de prises de décisions, c’est le combat de plusieurs d’entre elles. Mais il y a encore du chemin à faire pour que les résistances s’effritent pour laisser place à une saine promotion du genre. C’est aux femmes de redoubler d’ardeur partout où elles se trouvent, sur les bancs, dans les ateliers, dans les bureaux, dans l’entreprise privée ou le secteur libéral ou encore dans l’administration pour faire valoir leurs mérites. Les discours ne représenteront pas grand-chose dans cette quête pour l’épanouissement de la femme. Il leur faut mouiller le maillot sans désemparer. Aujourd’hui plus qu’hier, la balle est dans leur camp.
Moïse DOSSOUMOU