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Evènements tragiques de Ouassa-Péhunco en 2014 (Cour d’assises de Parakou /1er dossier): Toutes les huit personnes inculpées acquittées

Publié le vendredi 25 mai 2018  |  La Nation
Le
© Autre presse par DR
Le palais de justice Béninois
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Ouvert mardi 22 mai dernier, le premier dossier inscrit au rôle de la première session 2018 de la cour d’assises de la Cour d’appel de Parakou a connu son dénouement, ce jeudi 24 mai, vers 2 h 30. Appelées à répondre des évènements tragiques survenus à Ouassa-Péhunco les 11 et 14 octobre 2014, les huit personnes inculpées, présentes à la barre, ont toutes été acquittées. Elles sont désormais libres de leurs mouvements.

Bio Adam Bagoudou alias ‘’Alpha crédit’’ acquitté purement et simplement ; Amidou Zakari, Barthélémy Sabi Yoro (ancien maire de Ouassa-Péhunco), Bio Moussa, Mohamed Adam, Aboubakar Imorou, Andémi Mora Issiaka et Guida Orogui acquittés au bénéfice du doute. Tel est le verdict de la cour d’assises de la cour d’appel de Parakou présidée par Edouard Ignace Gangny, ayant examiné le premier dossier inscrit au rôle de sa première session au titre de l’année 2018, du 22 au 24 mai dernier.
Les huit étaient dans le box des accusés pour répondre des infractions de pratique de charlatanisme, d’incendie volontaire, de vol avec violence, puis de coups et blessures volontaires dans une affaire qui, courant octobre 2014, a mis à feu et à sang la commune de Ouassa-Péhunco.
Auditionnés, tous n’ont pas reconnu les faits mis à leur charge. Ce qui n’a pas empêché le président de la cour ainsi que le représentant du ministère public, Alexis A. Mètahou, et le collège des trois avocats de la partie civile de les assommer de questions sans discontinuer, afin de situer les responsabilités de chacun d’eux. Mais ils n’ont pas varié dans leurs déclarations, expliquant les conditions dans lesquelles ils ont été arrêtés.

Les vrais auteurs absents

Entendu comme témoin, le jeune frère du roi de Péhunco, Mamoudou Sinandourigui, n’a pas fait avancer la cour. Il a, toutefois, reconnu avoir vu Yacoubou Soro mettre le feu à la chambre du roi et aux véhicules de son fils, avec les 2 litres d’essence qu’il avait en main. Rappelant les circonstances dans lesquelles le palais royal a été saccagé et incendié, sa Majesté, Kora Zaki Lafia, roi de Péhunco, et son fils Kora Zaki Nouhoum n’ont pu identifier leurs assaillants, parmi les inculpés présents à la barre.
Les victimes des différentes casses, pour avoir été soupçonnées de sorcellerie, ont également été écoutées. Elles souhaitent être dédommagées pour les dégâts qu’on leur a fait subir, ainsi que les humiliations endurées par leurs personnes.
Comme leçon qu’ils tirent de ce procès, Emmanuel A. Pierre, Claude Tékounti et Nestor Ninko, les trois avocats de la partie civile, retiennent le ‘’savoir raison garder’’.
Selon eux, les faits de ce dossier ont commencé à Ouassa-Péhunco par une épidémie de diarrhée au cours de laquelle il s’est trouvé certains esprits malins comme ‘’Alpha crédit’’ pour profiter de la situation. Il a réussi à convaincre une frange de la population de ses compétences à exorciser les malades et à détecter les sorciers, à partir de la lecture des versets du Coran. Par la suite, ils ont voulu faire venir du Nigeria, un certain Alpha Illiassou pour confirmer ou infirmer les soupçons portés par ‘’Alpha crédit’’. Malheureusement, poursuivent-ils, le roi s’y est opposé.
A l’ancien maire, Barthélemy Sabi Yoro, ils ont reproché son mutisme face à la situation. Selon eux, il aurait pu faire arrêter ‘’Alpha crédit’’. Ils ont également trouvé suspectés, ses absences le 11 octobre 2014, alors que les maisons des personnes soupçonnées d’être des sorciers ont été incendiées ; et le 14 octobre 2014, jour où le palais royal est parti en fumée. Son souci, ont-ils fait remarquer, c’était de ne pas se mettre à dos son électorat. Estimant qu’il s’agit d’un conflit qui met aux prises le droit de la force à la force du droit, ils ont invité la cour à recevoir le roi et toutes les autres victimes en leur constitution de partie civile. « Quant au volet pénal, vous appliquerez la loi ainsi qu’il plaira au ministère public de le décider », ont-ils insisté.

A bras raccourcis

Dans ses réquisitions, Alexis A. Mètahou a fait constater que les éléments constitutifs du crime de pratique de charlatanisme sont réunis contre Bio Adam Bagoudou alias ‘’Alpha crédit’’. Il demande à la cour de le retenir dans les liens de l’accusation et de le condamner à 20 ans de réclusion criminelle. Contre les accusés Amidou Zakari, Andémi Mora Issiaka, Adam Mohamed, Guida Orogui, Aboubakar Imorou et Bio Moussa, il retient les crimes d’incendie volontaire, de vol avec violence, de coups et blessures volontaires, des faits prévus et punis par les articles 311 alinéa 1, 382 et 434 alinéa 1 du Code pénal. Contre les trois premiers, il requiert 15 ans de réclusion criminelle. Il propose 10 ans de réclusion pour les autres, comme à l’ancien maire Barthélemy Sabi Yoro à qui il reproche une complicité pour les infractions de pratique de charlatanisme, d’incendie volontaire, de vol avec violence et de coups et blessures volontaires.
Mais, c’est à bras raccourcis que les conseils des accusés fonceront sur lui. Claude Olivier Hounyèmè, Montand Aïkpon, Théodore Koutinhouin-Zanou, Diane Aïkpon, Wilfried Kounou, Romain Dossou, Mohamed Toko et Rosalie Démangnitché Houngbo déploreront ses réquisitions faites au forceps. Qualifiant de « biaisée » la définition que le ministère public a donnée de la pratique du charlatanisme, ils ont indiqué qu’aucun des patients traités par ‘’Alpha crédit’’ n’est venu se plaindre de ses prestations. « Les témoins qui ont circulé devant la cour n’ont identifié aucun de leurs assaillants parmi nos huit clients et on vous demande de les tuer. Vous n’allez pas suivre le ministère public », ont-ils indiqué, s’adressant aux membres de la cour. Tous ont plaidé l’acquittement pur ou simple et à défaut, l’acquittement au bénéfice du doute pour les huit inculpés. Au subsidiaire, ils demandent à la cour de les condamner au temps déjà passé en prison.
Me Rosalie Démangnitché Houngbo souhaite que l’on mette les considérations politiques à Ouassa-Péhunco de côté et que l’on ne perde pas du temps à défoncer une porte qui est déjà ouverte. Son confrère Me Wilfried Kounou invitera à ne pas faire de ce procès un procès pour l’exemple, mais un exemple de procès. Evoquant le non-lieu dont six avaient bénéficié, il estimera qu’ils n’ont plus rien à faire en prison.
La cour chargée d'examiner le dossier était présidée par Edouard Ignace Gangny. Le président avait comme assesseurs Adamou Moussa et Geneviève Sohou. Le fauteuil du ministère public était occupé par Alexis A. Mètahou et le greffier, Me Brice Dossou-Yovo?

Les faits

Courant octobre 2014, Bio Adam Bagoudou alias ‘’Alpha crédit’’ a entrepris d’exorciser des personnes souffrantes à Ouassa-Péhunco et à dénoncer des sorciers. L’effectif de ces derniers ne cessant pas de croître, les remous augmentaient ainsi que la tension entre ceux qui soutenaient l’exorciseur et ceux qui émettaient des objections contre ses pratiques. Mais encouragé par certaines autorités dont l’ancien maire de la commune, l’exorciseur va poursuivre ses activités, malgré les rappels à l’ordre du roi et du chef de la brigade de gendarmerie. Les représailles engagées contre les prétendus sorciers prendront alors l’allure de règlements de compte, avec toutes sortes de violences caractérisées par des soustractions frauduleuses de biens, des incendies de biens meubles et immeubles, y compris le palais royal.

Maurille GNASSOUNOU A/R Borgou-Alibori
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