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Charlatanisme et incendie du palais de Péhunco : Sabi Yoro Barthélémy et 7 autres accusés acquittés

Publié le samedi 26 mai 2018  |  Matin libre
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© Autre presse par DR
Le symbole de la justice
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Le tout premier dossier examiné par la cour est le dossier N°022//PG-17 qui oppose le ministère public à Bagoudou Bio Adam alias « Alpha crédit», Zakari Amidou et six autres. Ils sont poursuivis pour pratique de charlatanisme, incendie volontaire, vol avec violence, coups et blessures volontaires dans la commune de Péhunco. A l’issue des débats qui ont duré 48 heures, la cour de céans présidée par Edouard Ignace Gangny, après en avoir délibéré conformément à la loi, a déclaré les accusés non coupables des faits de pratique de charlatanisme, incendie volontaire, vol avec violence, coups et blessures volontaires, a acquitté purement et simplement l’accusé principal Bagoudou Bio Adam alias « Alpha crédit» et acquitté au bénéfice du doute les 7 autres co-accusés, il s’agit de Adam Mohamed, Andémi Mora Issiaka, Zakari Amidou, Djido Orodji, Imorou Aboubacar, Sabi Yoro Barthélémy et Bio Moussa. La cour a également ordonné leur mise en liberté immédiate.

Résumé des faits

En 2014, Bagoudou Bio Adam alias « Alpha crédit» aurait réussi à convaincre une frange de la population de Ouassa-Péhunco de ses compétences à exorciser des personnes souffrantes et dénoncer les sorciers ainsi livrés à la vindicte populaire. Au fur et à mesure que le cercle des personnes dénoncées comme étant des sorcières s’élargissait, les remous augmentaient ainsi que la tension au niveau des deux camps à savoir, ceux qui soutenaient la manœuvre et ceux qui émettaient des objections viscérales contre les pratiques prestidigitatrices de « Alpha crédit ». Celui-ci encouragé par certaines personnes dont le maire de la commune poursuivit ses exercices. Les représailles des personnes surexcitées sur les prétendussorciers prirent l’allure de règlement de compte et toutes sortes de violences sur les personnes, soustractions frauduleuses, incendies des biens meubles et immeubles dont le palais royal, furent commises.

Les débats

A la barre, les accusés Bagoudou Bio Adam alias « Alpha crédit»,Adam Mohamed, Andémi Mora Issiaka, Zakari Amidou, Djido Orodji, Imorou Aboubacar, Sabi Yoro Barthélémy et Bio Moussa n’ont pas reconnus les faits mis à leur charge. Ils ont clamé leur innocence. Chacun d’eux a essayé de relater un peu ce qu’il en sait des évènements malheureux qui se sont passés les 11 et 14 Octobre 2014 dans la commune de Péhunco. Pour les avocats de la partie civile Ninko Nestor ; Tékounti Claude et Mehoué Emmanuel A. Pierre, les accusés déférés devant la cour, sont coupables des faits de pratique de charlatanisme, incendie volontaire, vol avec violence, coups et blessures volontaires. Car, chacun d’eux a commis des faits répréhensibles et doivent être punir afin de donner une leçon pour que des actes de ce genre ne se reproduisent plus jamais. Unanimement, ils ont dénoncé les vices du dossier. Tout en rappelant les faits de la cause, ils ont fait observer que Bagoudou Bio Adam alias « Alpha crédit» est le cerveau du dossier, l’acteur principal. Dans leur conclusion, les avocats de la partie civile, ont demandé à la cour de recevoir, la constitution en partie civile des victimes notamment le roi de Péhunco dont le domicile et les biens ont été incendiés. Le ministère public représenté par Alexis A. Métahou et Azalou Tokpassi Jacques Fiacre dit tenir à une application rigoureuse de la loi en sa qualité de garant de la société tout en veillant à ce que les vrais coupables soient punis. Les faits de la cause renvoient au procès de la sorcellerie et ses conséquences. Il a essayé une définition de la sorcellerie qui est prévue et punie par le droit positif béninois avant de relever que les accusés ont porté une atteinte grave à l’ordre public et doivent être punis. Pour le ministère public, tous les éléments constitutifs des différents chefs d’accusation sont réunis, par conséquent, les infractions de pratique de charlatanisme, incendie volontaire, vol avec violence, coups et blessures volontaires sont constituées à leur égard et ces derniers sont accessibles à la sanction pénale. C’est au regard de ce qui précède que le ministère public a requis 20 ans de réclusion criminelle pour Bagoudou Bio Adam alias « Alpha crédit», 15 ans pour Andémi Mora Issiaka, Adam Mohamed, Zakari Amidou et 10 ans pour Sabi Yoro Barthélémy, Bio Moussa, Imorou Aboubakari et Orodji Djida. Les avocats de la défense Hounyemè Claude Olivier ; Aïkpon Montand,Koutinhoun-Zanou Théodore ; Kounou Wilfried ; Dossou Romain ; Toko Mohamed et Démangnitché Rosaline disent ne pas avoir l’impression d’être dans le même dossier que le ministère public. Ils ont tous plaidé au principal, l’acquittement pur et simple de tous les accusés sans exception et subsidiairement l’acquittement au bénéfice du doute pour tous les accusés. Ils ont soutenu leur requête par le fait que le dossier est vide, même si on a tenté de présenter les accusés comme des diables qu’il faut condamner à tout prix. On ne saurait condamner des personnes sans aucun élément de preuves. Car, la victime principale notamment le roi de Péhunco n’a pu reconnaitre et désigner de façon formelle, aucun des accusés comme auteur, coauteur ou complice des faits de la cause. Me Kounou Wilfried aux intérêts du maire Sabi Yoro Barthélémy et de Adam Mohamed a pris le contre-pied des observations du ministère public et de Me Tékounti Claude pour relever que son client Sabi Yoro Barthélémy a accompli les diligences et actes nécessaires dans cette affaire et qu’il n’était pas juste de l’accabler tel que cela a été le cas. Pour lui, la place de son client ne se trouve pas en prison mais plutôt dans sa famille.

Albérique HOUNDJO (BrBorgou-Alibori)
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