Ils paient le prix de leurs compromissions. Les membres des brigades civiles de sécurité sont renvoyés à d’autres occupations. Interdits d’activités, ils sont désormais appelés à dormir du sommeil du juste au lieu de « sacrifier » leurs nuits pour la quiétude de leur entourage. Ainsi en a décidé Nazaire Hounnonkpè, directeur général de la police républicaine. Les barricades de fortune érigées à partir d’une certaine heure de la nuit et ce jusqu’à l’aube dans plusieurs ruelles ne seront plus d’actualité. Dépités par l’attitude peu recommandable de ces jeunes apparemment désœuvrés qui s’illustrent par certains actes répréhensibles, le numéro 1 des forces de sécurité publique a jugé utile de mettre un terme à leurs agissements. Les rançonnements et les vols dont on accuse les membres de ces brigades sont à la base de leur disgrâce. Au comble de l’exaspération, Nazaire Hounnonkpè n’a pas trouvé mieux que de mettre un terme à l’existence de ces brigades.
En lieu et place de ces hommes dont la présence suffit souvent à dissuader souvent les hors-la-loi à la quête des victimes à agresser et à dévaliser, c’est un grand vide qui sera dorénavant observé. Les localités ou quartiers jadis sécurisés par les brigades civiles sont maintenant à la merci des citoyens qui choisissent de dépouiller les autres de leurs biens. C’est un boulevard qui est ouvert aux malfrats qui peuvent décider de frapper sans ménagement sans crainte d’être inquiétés dans la commission de leurs forfaits. Même si l’action des brigades civiles de sécurité n’est pas vraiment étendue, les populations vivant tout au moins à proximité ont l’habitude de dormir tranquille. Avec la nouvelle donne, elles sont livrées à elles-mêmes. Le hic, c’est que la plupart des ruelles sont mal éclairées ou plongées dans l’obscurité. A partir d’une certaine heure, ce sont les ténèbres qui règnent en maître. Cette simple défaillance fait davantage le lit de l’insécurité.
De grands efforts ont été accomplis depuis le 6 avril 2016 pour renforcer la sécurité des personnes et des biens. La fusion de la police et de la gendarmerie, la dotation en matériels roulants conséquents de la nouvelle force de sécurité publique ainsi créée et la mise à disposition du public d’un numéro vert (166) fonctionnel 24h/24h témoignent de la volonté du gouvernement de sécuriser les personnes et les biens sur toute l’étendue du territoire national. Mais, cela ne suffit pas toujours pour apporter la paix du cœur aux populations. Ces dernières ont besoin d’être activement impliquées dans la détermination de leurs besoins en termes de sécurité mais aussi et surtout dans les solutions à appliquer pour parvenir à cette fin. Certes, les raisons évoquées par la hiérarchie policière pour motiver la décision sont pertinentes, mais il aurait fallu procéder à un encadrement responsable desdites brigades au lieu de leur suppression pure et simple.
Bien qu’étant une compétence régalienne de l’Etat central, la sécurité est aussi l’affaire des populations. Dans un Etat unitaire décentralisé comme le nôtre, les cellules communales et infra communales sont censées jouer un rôle clé dans la recherche de la quiétude pour chacun et pour tous. La hiérarchie policière aurait pu, avec le concours des maires, des chefs d’arrondissements, des chefs de villages et de quartiers de ville, recenser les membres de ces brigades par aire géographique et les mettre sous la responsabilité de leurs élus appelés à répondre des éventuelles dérives. Ce serait un mécanisme pour imputer aux élus locaux la charge d’œuvrer activement pour la sécurisation de leurs territoires respectifs. Cela aurait le mérite de les inciter à agir et d’être plus utiles à leurs communautés au lieu de se contenter de délivrer à longueur de journée des certificats de résidence. En définitive, la suppression des brigades civiles de sécurité génère plus de problèmes que de solutions.
Moïse DOSSOUMOU