Politique africaine de Cuba à l’ère post Castro et relation avec le Bénin: Les réflexions de l’Ambassadeur Jean-Pierre A. EDON, Spécialiste des questions internationalistes
Publié le mercredi 30 mai 2018 | L`événement Précis
Une révolution interne et tranquille est en cours à Cuba, l’ile la plus grande des Caraïbes depuis le 19 Avril 2018 dernier.Il s’agit de la fin de l’ère des Castro qui ont dirigé le pays pendant environ 60 ans dans des conditions difficiles avec cependant des succès certains. En ce mois d’Avril 2018, les rênes du pouvoir sont transférées à Monsieur Miguel Diaz-Canel, nouveau Président de la République. Il est de la jeune génération qui n’a pas connu le maquis mais maitrise bien l’histoire de la révolution cubaine. On se souvient que cette révolution a été l’œuvre de Fidel Castro qui, à la tête d’un groupe de militants, a pris le pouvoir en Janvier 1959, à la suite du renversement du Président Batista.
Pendant le règne du commandant en chef, Fidel Castro et de son frère Raoul Castro devenu chef de l’état et du parti en 2006, à la suite de la maladie de son frère ainé rendu indisponible, Cuba, pays en voie de développement, a entretenu des relations intenses et multiformes en faveur du continent africain. Leschangements en cours à la direction du pays, nous amènent à s’interroger sur ce que seront désormais la Politique Africaine de La Havane, ses rapports avec nos pays et singulièrement le Benin.
On ne saurait analyser la coopération afro-cubaine sans rapidement rappeler le contexte dans lequel s’est développée la révolution cubaine ayant opté pour le socialisme à côté de la première puissance mondiale, les Etats-Unis. Situé au sud des USA, Cuba n’est qu’à 90 miles, soit environ 144 km de Miami, capitale de l’Etat américain de Floride. Comme manifestation de la désapprobation de la nouvelle idéologie et politique des révolutionnaires au pouvoir, et à la suite de l’expropriation des compagnies américaines exerçant à Cuba, les relations bilatérales se sont rapidement dégradées à partir de 1960. Dès lors s’est imposé à Cuba le refus américain d’acheter son sucre, première ressource du pays et pourvoyeur de devises étrangères. La tension était devenue si forte que le Président argentin Monsieur Arturo Frondizi a entrepris à l’époque, des tentatives de médiation ayant malheureusement échoué.
En 1961, Washington organise le débarquement des troupes militaires à la Baie des Cochons à Cuba visant à mettre en difficulté et à renverser le régime révolutionnaire. Cette opération fut un fiasco. Le 7 Février 1962, l’embargo américain a été mis en place contre le pays de José Marti, auteur intellectuel de la révolution cubaine. Ce blocus économique difficile à gérer a amené les Autorités de La Havane à regardervers l’Union Soviétique et les pays européens ainsi que l’Afrique. Les rapports avec les pays occidentaux ont été difficiles à cause de leur solidarité manifestée à l’égard des Etats-Unis. Pendant la période dure, seule l’Espagne a maintenu de bons rapports avec Cuba, son ancienne colonie. Depuis cette époque les relations américano-cubaines alternent entre période de réchauffement et d’adoucissement. En 1973, les deux Etats signent un pacte sur les détournements d’avion, ce qui leur a permis d’échanger un certain nombre de pirates de l’air.
Il est particulièrement intéressant de souligner que malgré les complications diplomatiques et la tension persistante entre les deux pays, les Etats-Unis ont toujours été officieusement présents à Cuba à travers l’entretien, non pas d’une Ambassade, mais plutôt de ce qu’on appelle communément Bureau des Intérêts Américains, dirigé par un diplomate américain, membre du corps diplomatique. Officiellement, l’Ambassade de la Suisse à Cuba représentait les intérêts américains. Mieux, tous les pays occidentaux y disposent d’une Ambassade depuis les années 70 à nos jours. Ce fut la première chose qui nous avaitimpressionné à notre arrivée à La Havane en Août 1978 dans le cadre de l’ouverture de l’Ambassade du Benin.
Avec l’administration Obama, est intervenu en 2015 un dégel des relations américano-cubaines par la levée des restrictions sur les voyages et l’envoi de l’argent à Cuba par les immigrants cubains aux Etats-Unis. Dans le même ordre d’idées, Washington a retiré son veto mis depuis 1962 à l’intégration de Cuba à l’Organisation des Etats Américains(OEA) une institution régionale. C’est là le sens de la poignée de main qu’Obama a accordée à Raoul Castro à Johannesburg au cours des obsèques de l’icône Nelson Mandela. Il faut craindre que ce dégel ne connaisse un ralentissement après le départ de son initiateur.
Voilà succinctement présenté l’environnement dans lequel a évolué la révolution cubaine. Sans l’aide massive de l’Union Soviétique pendant cette période de guerre froide où les deux grandes puissances ont failli s’affronter sur le sol cubain, il serait difficile à Cuba d’enregistrer les succès qu’on lui reconnait aujourd’hui dans les domaines de l’éducation, de la santé, des sports, de la culture et de la sécurité.Mais les secteurs dans lesquels la réussite est éloquente, réussite reconnue par les organisations internationales du système des Nations-Unies, sont ceux de l’éducation et de la santé.
Ainsi, dans le domaine de l’éducation les dirigeants ont vite compris que l’homme doit être placé au centre du projet de société. Cuba dispose d’un système éducatif performant alimenté par 10% du budget national. Il passe ainsi avant les Etats-Unis qui n’allouent que 2% de son budget à l’éducation, le Royaume Uni 6,2%, la France 5,9%. D’après la Banque Mondiale, Cuba est le pays au monde qui investit le plus dans l’éducation. Elle a toujours fait dans plusieurs de ses rapports, l’éloge de Cuba qui où l’éducation est entièrement gratuite.
Le système éducatif comprend plusieurs dizaines d’institutions supérieures, des centaines de collèges dont la plupart s’occupent de la formation technique et professionnelle. En l’espace de quelques années, le nombre d’enseignants a été multiplié par 9, des enseignants bien formés dans toutes les disciplines. Les statistiques de 2015 indiquent que le taux d’alphabétisation est de 99,8% pour les hommes et 99,9% pour les femmes. L’éducation est obligatoire jusqu’à l’âge de 16 ans correspondant à la fin du secondaire. Des étudiants bien formés sortent par milliers par an des différentes institutions de formation dans toutes les spécialités, notamment celles relatives à la santé.
En outre,en ce qui concerne la santé, Cuba utilise les meilleurs équipements au monde. Nombreuses sont les facultés de médecine qui forment des milliers d’étudiants cubains et étrangers. Il compte aujourd’hui sur son territoire 90.000 médecins soit environ 8,2 médecins pour 1000 habitants, et 50.000 autres travaillent dans 63 pays à travers le monde. Il accueille par an 9. 000 étudiants étrangers qui s’ajoutent aux 50. 000 cubains en formation médicale.
Ce pays est producteur de plus de 60% de ses médicaments dont les antirétroviraux, le vaccin anti hépatite B et beaucoup de produits relevant des biotechnologies. Il dispose d’une industrie pharmaceutique performante, notamment dans le domaine de l’immunologie moléculaire. La communauté scientifique internationale s’intéresse aujourd’hui avec enthousiasme au CimaVax, un vaccin 100% cubain qui est très efficace pour la protection, voire la guérison des patients atteints d’un cancer de poumon. Il pourrait même servir pour d’autres pathologies cancéreuses et chaque dose revient à environ 1 US dollar.
Comme quelques résultats de la performance médicale, on peut retenir que l’espérance de vie est en moyenne de 79 ans et le taux de mortalité infantile 4%o, Chiffres de 2014. Il ‘existe un médecin de famille pour 148 habitants. La santé représente aussi un enjeu économique vital pour les milliers de professionnels du secteur qui travaillent dans 63 pays et rapportent 80% du revenu national. Selon Africa News du 03 Mars 2008, les antirétroviraux et le secteur des biotechnologies rapportent 400 millions de dollars à Cuba.
Cette contribution appréciable au budget national, vient s’ajouter à l’apport considérable du secteur du tourisme, l’une des principales sources de revenus, les autres étant le sucre et le tabac. En effet cette île dispose de sept sites culturels et de deux sites naturels classés au patrimoine mondial. Elle compte un important réseau de villes balnéaires avec des plages spectaculaires et naturellement attrayantes. C’est le cas de la station de Varadero abritant plusieurs complexes hôteliers et offrant des services tout compris. La plage de cette ville balnéaire est spéciale de par son sable fin et blanc. Doté d’atouts touristiques attirant de nombreux visiteurs étrangers, Cuba a reçu 4 millions de touristes en 2016.
En ce moment où le monde entier se bouscule pour accéder au marché de l’Île, il est opportun de s’interroger sur les relations ancienne, actuelle et future de l’Afrique avec ce pays.
Cuba, du Commandant en Chef, Fidel Castro,a toujours soutenu les révolutionnaires africains tels qu’Amilcar Cabral, Patrice Lumumba, Agostinho Neto, Nelson Mandela. Les militaires cubains encore appelés les internationalistes ont véritablement combattu aux côtés de leurs frères d’armes africains.Des 60 000 soldats cubains engagés,environ 2106 ont trouvé la mort sur le terrain de bataille en Angola sans compter ceux qui ont combattu au Mozambique. Ces soldats ont été présents aux côtés de l’ANC contre le régime de l’apartheid, de Sam Nujoma en Namibie et de Robert Mugabe pendant leurs luttes de libération. Ont aussi bénéficié de l’aide militaire cubaine et de l’expertise des cadres cubains, le président congolais Alphonse Massamba (1963-1968), Mengistu Hailé Mariam en Ethiopie aux prises avec les populations de la région de l’Ogaden et du président algérien Ahmed Ben Bella dans la guerre des sables de 1963, guerre opposant l’Algérie au Maroc par rapport au Sahara Occidental. Ce pays des Caraïbes en voie de développement est toujours solidaire des pays dévastés par des guerres civiles et dépourvus d’infrastructures sanitaires solides.
De 1970 à nos jours, cet Etat insulaire entretient des relations de coopération économique et culturelle avec beaucoup de pays africains parmi lesquels on peut citer à titre d’illustration ceux qui suivent :
Au Mozambique, 3700 cadres sont formés à Cuba, les premiers sont arrivés en 1977 à la suite du départ massif des portugais après la libération du pays. Il en est de même des élèves et étudiants angolais bien encadrés à qui l’Île de la jeunesse à Cuba était réservée.
Aujourd’hui encore, 35 ingénieurs cubains travaillent comme assistants techniques au Ministère Sud-africain de l’eau et 45 autres sont en place au département de l’habitat. Chaque année, 80 sud-africains obtiennent des bourses pour étudier la médecine à Cuba.
Avec l’Algérie, un projet d’usine de production de vaccin anti hépatite B a été conclu en 2009.
D’après le journal Miami Herald du 02 Juillet 2012, le Ghana a, de son côté, commandé pour 74 millions de dollars de vaccins anti malaria en 2012 à la société cubaine Labiofam qui travaille également en Angola, Gambie, Tanzanie, Nigéria, Burkana-Faso, Guinée Equatoriale et Zambie.
Fasciné par le modèle de la fonction publique cubaine, le Président nigérian Muhammadu Buhari a envoyé son Ministre des affaires étrangères à La Havane du 5 au7 Octobre 2016 pour intensifier les relations dans différents domaines dont celui de la santé. Aussi le Gouvernement nigérian a-t-il décidé d’envoyer désormais des étudiants à Cuba pour des étudesmédicales.
Avec le Gabon, la coopération s’est intensifiéedans le domaine de la santé par la signature le 9 Juillet 2017 d’un nouvel accord et d’un avenant à l’accord conclu en 2004, dont l’objectif est de permettre à ce pays de bénéficier d’un appui renforcé du corps médical cubain et de l’expertise de l’industrie médico-sanitaire. Ces accords prévoient aussi le doublement de 30 à 60 avec un objectif de 100, des effectifs de la brigade médicale cubaine au Gabon, l’envoi de 50 étudiants boursiers à Cuba pour étudier la médecine ainsi qu’un projet d’hôpitalcubano-gabonais assorti d’un programme de formation aux métiers de la santé. A cela s’ajoutent un projet de convention sur les évacuations sanitaires et l’apport de l’expertise industrielle cubaine pour la production de médicaments génériques.
En ce qui concerne notre pays le Benin, les relations diplomatiques avec Cuba remontent à 1974.Elles se sont concrétisées, à titre de réciprocité, par l’ouverture de l’Ambassade du Benin à La Havane en Août 1978. Nous avions eu l’honneur d’être à cette époque le diplomate béninois pionnier à fouler le sol cubain avec pour mission l’ouverture de notre représentation diplomatique.
Depuis lors une dizaine d’accords de coopération a été conclue entre nos deux pays dans différents domaines dont ceux de la santé,de l’éducation, de la sécurité. En 1979 les premiers étudiants béninois bénéficiaires de bourses cubaines sont arrivés à Cuba pour étudier dans les disciplines suivantes : la médecine, la science de l’éducation,l’agriculture, la science vétérinaire et la sécurité.Nombreux sont les médecins béninois formés à Cuba et qui jouissent de la réputation d’être compétents. Certains d’entre eux travaillent à l’extérieur et sont bien appréciés. Entre 1980 et 1990 le Benin a bénéficié des services d’une brigade médicale composée de médecins généralistes et spécialistes ainsi que d’infirmiers et infirmières qui ont servi au CNHU à Cotonou et dans d’autres centres médicaux à la satisfaction des patients et des praticiens de la santé. A ce jour huit sessions de la grande commission mixte ont eu lieu. La dernière session s’est tenue à Cotonou du 19 au 21 mai 2008 et a enregistré comme résultat, l’adoption d’un programme de coopération économique, scientifique et technique pour la période de 2008 à 2010 dans les secteurs de la santé, de l’éducation, de la culture, de la jeunesse, des sports, des loisirs, du tourisme, de l’énergie et du commerce. Il y avait aussi pendant la période révolutionnaire au Bénin un programme d’alphabétisation ayant fait l’objet d’un accord.
Cette coopération qui était au beau fixe a connu un ralentissement depuis la conférence nationale en 1990 et surtout à partir de 1991, année de la dislocation de l’Union Soviétique qui a dû arrêter son aide de l’ordre de plusieurs milliards de dollars par an à Cuba. A partir de cette période, les bourses cubaines se sont réduites et l’effort consenti par le Benin en octroyant des compléments de bourses à ses étudiants s’est vite essoufflé. Mais si notre pays le voulait, il pouvait toujours avoir ces bourses en nombre réduit comme c’est le cas d’autres pays africains en ce moment.
Des formules existent pour relancer cette coopération sud-sud dans le domaine de la santé comme le font actuellement le Gabon, le Ghana, le Nigéria etc… La recherche de solutions au problème de financement des différents projets retenus pourrait passer par une coopération tripartite incluant des institutions comme l’UEMOA, la CEDEAO, l’OMS, l’UNICEF ainsi que certains pays européens et latino-américains.Une formule du genre,expérimentée avec succès ailleurs, a été envisagée pour le Benin vers les années 90 mais n’a pas été mise en pratique. Ce n’est pas tard de le faire encore aujourd’hui. Dans cet ordre d’idées, la décision que vient de prendre le Gouvernement béninois relative à la réouverture de son Ambassade à La Havane, est bonne, et opportune. Il était incompréhensible qu’au moment où les pays développés se bousculent pour aller prendre une part du marché à Cuba, du fait du dégel des relations américano-cubaines, un pays pauvre comme le Benin, présent à La Havane depuis 1978, se retire, alors qu’il n’a pas suffisamment tiré profit des opportunités de coopération bilatérale disponibles.
La présence diplomatique dans un pays donné ne saurait être évaluée uniquement en termes financiers et d’échanges économiques. Les retombées peuvent être immédiates ou à court, moyen et long termes. Cela dépend de plusieurs facteurs spécifiques à chaque pays. Cette présence peut aussi se justifier par des considérations non chiffrables mais de grande valeur, d’ordre idéologique, politique, stratégique et culturel. C’est le cas de certaines Ambassades en Afrique ou ailleurs. Par exemple, l’ouverture de l’Ambassade du Benin à Abidjan et à Libreville en son temps, était plus politique que consulaire. Elle est intervenue après l’agression de mercenaires dont le Benin a été victime en 1977.
L’Afrique a toujours été une préoccupation pour les Autorités cubaines durant les 60 ans de règne des Castro. Avec la fin en cours de cette ère, les nouveaux dirigeants vont-ils maintenir la même politique africaine ? La réponse à cette question doit prendre en considération quelques paramètres. La communauté de destin entre Cuba et l’Afrique relève aussi de ce que des 12 millions d’habitants que compte l’Ile, environ 02 millions représentant une partie significative de la population, sont des descendants des ancêtres venus du continent africain avec l’arrivée massive d’esclaves sur l’ile au 19ème siècle. Mieux, l’imposition du blocus américain depuis 1962 a fortement influencé la politique étrangère de Cuba, structuré son économie et contribué au renforcement de ses relations avec l’Afrique. A cela s’ajoute l’idéologie de la révolution qui met l’accent sur la solidarité et la nécessité de porter secours à un frère brimé, en danger et ployant sous le poids de la domination et de l’exploitation étrangère.
Le dernier paramètre est que malgré sa jeunesse par rapport à la génération des anciens maquisards de la Sierra Maestra (lieu d’où sont partis Fidel Castro et ses compagnons pour prendre le pouvoir à la Havane en 1959), le nouveau Président de la République Miguel Diaz-Canel est un pur produit de la révolution cubaine. Compte tenu de son goût pour la modernité et son ouverture d’esprit, beaucoup de choses pourraient changer après la période transitoire à partir de 2021, année à laquelle Raoul Castro lui passera la direction du parti, mais les fondamentaux demeureront certainement, car le Parti Communiste de Cuba (PCC) continuera à jouer son rôle de contrôle sur l’exécutif à qui il définira toujours les grandes orientations pour la gestion du pays.
De ce point de vue et en considération de tout ce qui précède, la Politique Africaine de Cuba sera maintenue encore pour un certain temps, avec quelques retouches liées aux difficultés économiques et financières de l’Ile. La formation des cadres étrangers se poursuivra de même que le transfert de technologies sanitaire et pharmaceutique, mais les pays bénéficiaires vont pouvoir y mettre du prix plus que par le passé. Désormais, le caractère de source de revenu que revêt le secteur de la santé sera d’avantage accentué, sans que les pays africains n’en soient certainement paspénalisés, car ce qui compte pour Cuba, c’est moins la recherche du profit que la satisfaction d’avoir rendu un service utile, contribuant ainsi à l’épanouissement social des peuples.
Les rapports entre Cuba et l’Afrique sont anciens. Ils ont évolué assez bien malgré les difficultés rencontrées par la révolution. En dépit de la réduction brutale à partir des années 90 de son rôle en Afrique, du fait de la crise économique violente due à l’arrêt de l’aide soviétique pendant que le blocus se poursuivait, cette petite Île aux moyens limités, a toutefois sauvegardé ses relations avec les pays africains. II est souhaitable qu’elles soient maintenues voire renforcées malgré le changement intervenu à la direction de l’exécutif. Il revient alors à nos pays de tout mettre en œuvre pour tirer réellement profit des domaines d’expertise cubaine. Il y a aussi un secteur dont on ne parle pas beaucoup et où Cuba excelle : Il s’agit de la sécurité. Il est l’un des rares pays au monde où la sécurité a atteint ce niveau et tous les habitants y compris les étrangers en sont fiers.
Les rapports qu’entretient Cuba avec les pays africains sont un bel exemple de la coopération Sud-Sud. Notre souhait est que cela se poursuive en se renforçant, et soit une source d’inspiration pour d’autres pays, en mesure de le faire. Cette solidarité qui a toujours été l’œuvre des pays industrialisés, à titre d’aide au développement, doit être aussi désormais la préoccupation des Nations en voie de développement. Les Etats émergents qui le font déjà, gagneront à l’intensifier en faveur des Etats africains.
Jean-Pierre A. EDON
Ambassadeur à la retraite,
Spécialiste des questions internationalistes.