9ème chronique du psychologue Boris Sagbo sur l’école de la sexualité: Les comportements inadaptés, ces piments qui nous sautent à l’œil dans la société
Publié le mercredi 30 mai 2018 | L`événement Précis
Pour sa neuvième chronique, le psychologue Boris Sagbo se penche sur les comportements inadaptés d’enfants, d’adolescents et d’adultes. A en croire le spécialiste qui les qualifie de «piments », ces comportements ont un fondement sexuel infantile. Et dans son développement, Boris Sagbo démontre comment « ….tout ce que nous serons se met en place dans les premières années de vie ».
Nous avons souvent rencontré des parents, tuteurs ou éducateurs (enseignants, etc.) se plaindre incessamment des conduites inadaptées ou dérangeantes qu’adoptent leurs enfants. De nos jours, il y a de plus en plus d’enfants et adolescents qui indisposent les adultes et l’environnement vital. Surtout dans les milieux où se rassemblent beaucoup d’enfants (écoles, centre de protection d’enfants, foyers, etc.), on remarque qu’il y a la tendance à être indifférents ou balayer de revers les normes sociales, institutionnelles et familiales de base.
D’autres ont des conduites d’agressivité, de vol et d’intense déplacement. Que dira-t-on des enfants qui font de la rue et des marchés leur habitat ? Et les enfants-adolescents qui fuguent du cercle familial pour trouver refuge auprès d’un (e) quelconque ami (e) malgré le confort qu’offre la maison ! Face aux caractères récidivistes de ces comportements, que peuvent les parents ? Remplis souvent du sentiment d’impuissance, les parents, en vain, cherchent simultanément les causes de telles conduites et les portes de sortie. Certains, désespérés, abandonnent leurs devoirs vis-à-vis de ces enfants ou adolescents. D’autres usent de force, c’est-à-dire mettent en place une éducation répressive pour faire passer leurs messages. Une méthode qui renforce l’impasse dans laquelle ils se trouvent. Cependant, une minorité de parents parfois arrivent à s’orienter vers une tierce personne (une parenté, un ami ou un conseiller en éducation, parfois un psychologue). C’est l’idéal ! Mais un spécialiste comme un psychologue, un éducateur spécialisé est toujours préférable.
En outre, il y a une catégorie d’enfants qui ne sont aimés ni de leur père, ni de leur mère, encore moins de leur fratrie. Totalement rejetés par ceux qui devraient, en réalité, les aimer, ils rejettent à leur tour, ces derniers. Même leur environnement vital ne les accueille pas agréablement. Et tout cela pour une seule raison : « il ou elle n’a pas le langage ou il est très impoli, etc. », affirment en commun l’entourage et les parents. Mais du côté des victimes du rejet : « moi, je ne suis pas aimé ou ils ne veulent pas de moi, etc. »
On rencontre quelques fois des enfants jadis abandonnés dans la rue, qui reviennent à leur patrie précieuse. Cependant les parents ou la famille ne les accueillent pas. Des arguments pleuvent pour justifier cette position de rejet. Lorsque l’enfant ou l’adolescent s’attache à quelqu’un de famille comme pour l’aimer et se laisser aimer, il se heurte à un désintéressement total. Ce contact dont il est en quête est significatif et nécessaire pour son épanouissement mais pour l’entourage, il constitue une charge, un poids dont il faut se décharger.
Qu’allons-nous dire des enfants ou adolescents qui trouvent leur confort dans la prise ou consommation de produits addictifs comme la cigarette, le tabac, le cannabis et l’alcool ? Il s’agit d’une conduite révélatrice.
Par ailleurs, certains adultes racontent se sentir attachés, soit à leur époux ou épouse, soit à un objet ou une situation, etc. Et quand survient le bouleversement de cette relation, ils se plongent dans une souffrance de déréliction qui peut entraver leur vie. Combien de relations amoureuses, de couples et de familles en souffrance ? Combien de ruptures, de divorces et de dislocations de la structure familiale enregistrent nos quotidiens ?
Nous sommes en face de phénomènes qui nous dépassent et nous font croire que nous sommes innocents. Et pourtant, beaucoup parmi nous en sont responsables. Ce qu’est devenu et sera notre société, nous et nos prédécesseurs en sommes responsables. Une petite erreur peut nous coûter autant. Et si chacun faisait de petites erreurs, voyons de quels dommages seront les auteurs.
En définitive, nous devons comprendre que ces piments, c’est-à-dire ces comportements inadaptés d’enfants, d’adolescents et d’adultes, ont un fondement sexuel infantile. Car la fondation de tout ce que nous serons se met en place dans les premières années de vie. La suite n’est que le prolongement ou le développement.