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Mort de poissons du Lac Toho : Des doutes sur la cause, une contre-expertise s’impose!

Publié le jeudi 31 mai 2018  |  Matin libre
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On est visiblement encore loin de connaître la vérité sur l’intoxication qui a décimé plusieurs tonnes de poissons du lac Toho dans la commune d’Athiémé. Alors que le Laboratoire central de contrôle de la sécurité sanitaire des aliments (Lccssa) révélait ce mardi, après des analyses biologiques sur des prélèvements effectués, que deux grandes catégories de médicaments vétérinaires seraient à l’origine du drame, le Prof Michel Boko n’exclut pas une probable manipulation des résultats et exige des contre-expertises avant de tirer des conclusions plausibles. Et au Dr Brice Sohou d’exclure la thèse d’une pollution souterraine…

« Pour moi, il y a probablement un truquage. Les associations de défense de l'environnement doivent commanditer leurs propres analyses et faire des comparaisons, si les responsables en ont le courage et les moyens » laisse entendre le Prof Michel Boko à propos des résultats du Laboratoire central de contrôle sanitaire des aliments. Une réaction qui vient remettre en doute la vérité sur la nature du poison ayant causé la mort des milliers de poissons dans le lac Toho. Commentant le rapport transmis au ministre de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche, le Directeur du Laboratoire, Kinnou Kisito Chabi Sika affirmait que « des résultats… il convient d’observer qu’aucune des matrices (eaux, poissons, sédiments) ne contient les quatre grandes familles des pesticides ; deux familles importantes de médicaments vétérinaires (Tétracyclines et sulfamides) ont été décelés dans la chair des poissons, mais non dans l’eau et dans les sédiments, présence probablement due à leur usage dans le bassin des alevins ; que le PH et l’alcalinité de l’eau sont neutres. » Des résultats résultant du screening (exploration) sur les grandes familles de pesticides et de médicaments vétérinaires à partir des prélèvements d’eau, de sédiments et de poissons. A l’en croire, l’hypothèse d’une contamination des eaux du lac par une quelconque famille de pesticide ou de médicaments vétérinaires est à exclure. Ce que le Prof Michel Boko refuse d’approuver tout en n’excluant pas une probable manipulation des résultats. « Au sujet de la mort massive de poissons dans le lac Toho, il y a deux choses à considérer, au regard des résultats du laboratoire central. Je me souviens de l'accident de Tchernobyl en mai 1986 : les résultats officiels ont indiqué que le territoire français avait été épargné par le nuage atomique. Ceux des laboratoires indépendants ont démontré le contraire. Il a fallu des confrontations à partir des mêmes échantillons pour que l'on se rende compte de la manipulation des résultats. Il faudra donc des contre-expertises avant de tirer des conclusions plausibles. Deuxième chose, une eutrophisation voire une dystrophisation est une hypothèse, mais il aussi vérifier cette hypothèse par l'analyse de l'eau (la DBO et la DCO) avant de tirer une conclusion. Le fait que cet accident survient au début de la saison des pluies est très révélateur d'un probable lessivage des pesticides, herbicides et autres insecticides jetés dans les champs périphériques. Or, le code de l'eau impose des règles en la matière » a-t-il martelé. L’hypothèse selon laquelle le lac Toho n’est pas contaminé est également loin d’être vérifiée, selon Dr Brice Enagnon Sohou, chercheur en sciences environnementales, Géo-physicien, Bio-pétrochimiste, Biotechnicien. « Nous sommes en face d'une intoxication aiguë probablement commanditée. Je suis contre l'hypothèse d'une pollution souterraine » soutient-il. Pour lui, les deux substances retrouvées dans ces poissons ne peuvent être à la base d'une intoxication aiguë. « Elles protègent plutôt ces poissons des microorganismes qui menacent leur survie. C'est des antibiotiques » renseigne-t-il avant de déplorer qu’aucune menace n’ait toujours été détectée jusqu’à présent. « Il faudra se concentrer sur des types d'insecticides dangereux pour la vie aquatique. Savez-vous que les petits poissons frits à l'huile rouge et vendus dans nos marchés sont pour la plupart tués à l'aide d'insecticides par des pêcheurs au niveau de la rivière zou par exemple ? » Poursuit-il. Ces différentes réactions remettant en cause les résultats du Laboratoire ne manquent de pertinence. D’abord, au regard du commentaire des résultats, tout porte à croire qu’un objectif était visé : exclure l’hypothèse des pesticides comme origine du drame. « L’hypothèse d’une contamination des eaux du lac par une quelconque famille de pesticide ou de médicaments vétérinaires est à exclure ». Ce commentaire particulier en dit long. Toute porte à croire que les intrants agricoles notamment ceux servant à la production cotonnière, tant décriés par des Osc pour leur menace sanitaire, doivent être protégés. Tant, on tient à l’or blanc ! De sources concordantes, plus de cinq millions de franc Cfa auraient été injectés pour déterminer la nature du poison. Mais finalement, est-on tenté déjà de parler du gâchis ? Pendant ce temps, le Togo a fermé ses portes aux poissons provenant du Bénin. Difficile pour l’heure de découvrir la vérité sur cette hécatombe. Affaire à suivre !!!

Aziz BADAROU
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