La célébration, le 1er juin de la Journée Nationale de l’Arbre (Jna) suscite de moins en moins d’engouements dans le rang des populations, malgré les nombreuses campagnes pour un reboisement intensif. A travers cette interview, le Chef d’Inspection Forestière de l’Atlantique Littoral, Colonel Isidore Koty explique le thème de la Jna 2018, et appelle à une prise de conscience collective.
Sous quel thème se déroulera la 34e édition de la Journée nationale de l’arbre ? Et quelle est son importance ?
Le thème est : « Arbre, Economie verte et ville durable ». En réalité, les arbres aujourd’hui, constituent une richesse tant pour les populations des villes que celles des campagnes. L’économie verte est essentiellement importante pour nous qui nous occupons des forêts. Pour avoir l’arbre, il faut nécessairement partir de la pépinière qui permet de reproduire toutes les espèces désirées. Quand je plante des arbres, si c’est pour produire du bois de feu ou de service, déjà quatre à cinq ans, je peux l’avoir sous forme de perche, de poteaux. C’est donc une source de revenus. Nous savons aujourd’hui combien l’arbre est important pour nous dans le cadre de l’économie, depuis la pépinière jusqu’au niveau de la plantation.
En réalité, quand on parle d’économie verte, beaucoup pensent à l’exportation du bois. N’est-il pas judicieux de transformer les bois sur place ?
Au Bénin, la réglementation est bien claire. Quand vous exportez du bois sous forme brute, la taxe que vous payez est grande, si bien qu’on oblige les commerçants à procéder à la transformation primaire voire secondaire avant l’exportation. La transformation primaire, c’est quand vous coupez le bois en billes ou en grumes pour exporter. Quand vous fendillez sous forme de chevrons ou de planches, etc., vous ne payez pas la même taxe à l’exportation.
Pendant ce temps, il y a les populations qui se plaignent de la rareté du bois
Ça, c’est avant le régime du Président Patrice Talon. Depuis que le Gouvernement de la rupture est en place, les mesures sont suivies de très près par les autorités à un très haut niveau. On n’exporte plus le bois n’importe comment aujourd’hui.
Déjà 34 ans que nous essayons de reboiser le Bénin. Mais les villes sont toujours pauvres en arbres et en forêts Qu’est-ce qui justifie cet état de chose ?
On ne peut pas dire que le reboisement n’a pas marché. Il y a des villes ou des endroits précis dans certaines villes où vous pouvez vous réjouir de la verdure. Mais, il y a des quartiers où on a l’impression que rien ne se fait. C’est parce que quand on plante l’arbre, il faut lui donner le temps de se développer. Maintenant, s’il y a des gens qui viennent après tout arracher, ça donne l’impression que rien ne se fait, alors que beaucoup d’efforts se font. Il se pose un problème d’entretien. L’entretien est à la charge des maires, mais ils ne le font pas. Quand nous mettons en terre les plants, il faut que les mairies interviennent pour la protection. Il faut de temps en temps arroser les plants. C’est comme un enfant qu’on met monde, il faut l’entretenir.
Col. Koty, s’il faut réinventer la journée de l’arbre, quelle stratégie faut-il mettre en place ?
Il faut qu’on mette un accent particulier sur la sensibilisation des Béninois pour une prise en compte réelle et effective de la dimension verdure dans leur projet de vie. Ce n’est pas une question de loi. Nous avons les textes de lois les plus parfaits. Mais c’est la mise en œuvre qui pose problème. C’est pourquoi, il faut qu’on continue à sensibiliser pour toucher les consciences.
Pour finir, quelles espèces choisir pour la Journée de l’arbre en fonction du milieu ?
Quand vous voulez planter à la maison, il y a des espèces que vous pouvez choisir facilement. C’est généralement conseillé de mettre en place des fruitiers, des orangers, des papayers, des manguiers, etc. Pour les champs, et vos parcelles vides, il est recommandé par exemple les tecks, l’acacia, l’eucalyptus, et d’autres espèces à croissance rapide.
Propos recueillis par Fulbert ADJIMEHOSSOU